Les électeurs de l’île État de Singapour se rendent aux urnes pour élire leurs députés ce vendredi 10 juillet. Le Parti d’action populaire, au pouvoir depuis l’indépendance, espère maintenir sa férule sur le territoire. Et ce, malgré les 45 000 personnes contaminées par le coronavirus, l’économie en perte de vitesse et de sérieuses discordances au sein de la famille du Premier ministre Lee Hsien Loong, héritier du père de l’indépendance Lee Kuan Yew.
Les électeurs Singapouriens doivent se rendre aux urnes vendredi 10 juillet – en personne, et non par voie électronique pour se protéger au milieu d’une pandémie de Coronavirus qui a rendu 45 000 personnes malades – avec une économie en perte de vitesse et des discordances publiques au sein de la famille du Premier ministre Lee Hsien Loong.
Néanmoins, aux yeux de la plupart des observateurs, malgré le fait que les campagnes ont vu une utilisation intensive des médias sociaux, y compris Facebook, la seule question est de savoir quelle sera la marge de victoire du Parti d’action populaire, qui a été fondé par le défunt patriarche Lee Kuan Yew et qui dirige la république insulaire depuis 1959.
2,65 millions de personnes devraient se rendre aux urnes
Au cas où la démocratie deviendrait trop excitante pour les nerfs fragiles des 2,65 millions de personnes qui devraient se rendre aux urnes, les pouvoirs en place ont fait de leur mieux pour limiter les «excès» démocratiques. La campagne a été limitée à neuf jours seulement. Aucun sondage n’est autorisé pour donner une idée de la situation de l’opposition. Le porte-à-porte est autorisé, mais avec un maximum de cinq personnes par groupe. Le temps d’antenne est limité à trois minutes pour les candidats d’une seule circonscription et doit être diffusé sur la chaîne 5 de MediaCorp. Les candidats ne peuvent pas prendre la parole, ni diffuser en direct ou en différé de la musique ou des vidéos.
En outre, l’année dernière, le gouvernement a fait adopter une loi draconienne sur les “fausses nouvelles” qui, selon les détracteurs du pouvoir, a été utilisée comme un moyen de pression contre les opposants politiques des partis d’opposition du pays. Cela s’ajoute à la propension des personnalités du gouvernement à intenter des poursuites pour diffamation ou outrage au moindre adjectif mal placé.
Néanmoins, un certain changement se profile à l’horizon. Goh Chok Tong, l’un des trois seuls premiers ministres depuis l’indépendance qui lui a succédé de 1990 à 2004, va abandonner son siège et quitter la scène. Lee Hsien Loong lui-même prévoit de se retirer également au cours des deux prochaines années après «avoir battu le virus», peut-être pour devenir un “ministre mentor”, comme l’était son père. Singapour entrera donc ce vendredi dans une nouvelle ère avec un nouveau leadership dans l’une des périodes les plus difficiles de l’histoire économique du pays.
Si tout se passe comme prévu – en des temps certes spectaculairement troublés – le successeur éventuel de Hsien Loong devrait être Heng Swee Keat, 58 ans, le premier secrétaire général adjoint du PAP et l’homme nommé pour diriger le groupe de travail chargé de la lutte contre la Covid-19. Le groupe de travail a fait un sérieux faux pas en avril, négligeant de tester des centaines de milliers de travailleurs étrangers, parmi lesquels le virus a explosé. Afin d’apporter du sang neuf, le PAP présente 27 nouveaux candidats. Ils reflètent, selon le premier ministre, l’évolution de la société».
Trois grands partis d’opposition
La croissance de Singapour a été révisée à la baisse en mai par le ministère du commerce et de l’industrie à une fourchette de moins 4 % à moins 7 %, après la faible croissance de 1 % du quatrième trimestre de 2019, la plus forte baisse de l’histoire moderne. Bien que le chômage se situe actuellement à environ 3,5 %, le gouvernement a soutenu les industries en payant entre 25 % et 75 % des salaires.
Trois grands partis d’opposition contestent le PAP : le Parti des travailleurs, qui détient les deux seuls sièges d’opposition au Parlement, le Parti social-démocrate et le nouveau et intrigant Parti progressiste de Singapour, dirigé par le chirurgien octogénaire et ancien membre du PAP Tan Cheng Bock. Trois membres très expérimentés du Parti des travailleurs, Low Thia Kiang, Chen Show Mao et Png Eng Huat, se sont retirés, suscitant des inquiétudes quant au poids parlementaire du parti.
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