Sukhumvit Soï 38, 500 mètres de pad-thai légendaires, de délicieux curries et jus de fruits frais, de stands encombrés de nourriture, de tabourets en plastique et de tables en fer : un joyeux bazar qui semble être condamné à la fermeture.
Le soï 38, ouvert seulement en soirée jusqu’à très tard dans la nuit, a toujours été réputé pour sa nourriture excellente et bon marché. Nourriture traditionnelle thaïlandaise et rares stands de cuisine occidentale se partagent les trottoirs tous les soirs de la semaine depuis 40 ans. Le célèbre « food truck » de Daniel Thaiger, par exemple, annonçait sa venue sur sa page Facebook et à peine une heure plus tard, ses hamburgers moelleux et fondants à souhait étaient en rupture de stock. Mais suite au décès l’an dernier du propriétaire des shops houses, ses héritiers ont décidé de les vendre à un promoteur immobilier qui prévoit d’y construire des tours d’appartements luxueux. Ce dernier a donné neuf mois aux vendeurs pour évacuer les lieux. Mais les autorités avaient eux donné jusqu’au 21 juin aux commerçants vendant leurs produits à même le trottoir et ne pouvant pas être relocalisés dans des espaces loués, pour déguerpir. Selon une vendeuse de « kao niao mamuang » (mangue et riz gluant au lait de noix de coco, le plus célèbre des desserts thaïs) qui sévit dans le soï depuis une vingtaine d’années, tous les stands stationnant à même le trottoir de gauche ont finalement bougé sur le trottoir d’en face, dans l’un des espaces où s’entassent déjà de nombreuses échoppes…
Si les commerçants comprennent la décision de la famille du propriétaire – qui n’a jamais augmenté le montant des loyers depuis 40 ans – ils se disent déçus et contrariés par les descentes de police. Cette dernière poursuit le nettoyage de la ville imposé parle gouvernement de Prayuth et on assiste progressivement à la fermeture de nombreux stands de rue, particulièrement sur Sukhumvit. Une initiative qui vise à «moderniser » Bangkok mais qui pourrait bien lui faire perdre son âme… Les commerçants envisagent néanmoins de se « regrouper dans le quartier d’Ekamai », explique un vendeur de padthai, espérant ainsi recréer l’ambiance inimitable du soï 38.