Gavroche est non seulement lu. Gavroche est mis dans la confidence. Notre récente rencontre avec un ancien ministre thaïlandais nous a permis (peut-être) d’y voir plus clair dans les manœuvres politiques en cours depuis les législatives du 14 mai.
Sous couvert d’anonymat, voici ce que cet ancien ministre nous a confié.
Cher Gavroche. Vous m’avez demandé de vous donner mon point de vue sur l’arrivée de Srettha Thavisin au poste de premier ministre. Voici ce que j’en pense :
1. Depuis 1932 et le putsch qui a abouti à la monarchie constitutionnelle, la politique sous-jacente est de redonner au palais royal le pouvoir suprême. C’est enfin chose faite.
2. Pendant 17 ans, l’objectif unique du pouvoir a été d’éliminer Thaksin, mais sans succès. Avant les élections du 14 mai, l’establishment a compris que le Pheu Thai obtiendrait une victoire écrasante. Ils ont donc élaboré un plan pour perturber la popularité de ce parti
3. L’ennemi de mon ennemi est mon ami. Le plan intelligent du pouvoir a été d’utiliser Le Move Forward pour arrêter le PT. Les chemises jaunes, les dénonciateurs, tous ceux qui détestent Thaksin ont donc voté pour le MFP. Même les soldats dans les camps ont voté pour Pita. Tous les districts de Bangkok, sauf un, ont fait de même.
4. Le plan s’est bien déroulé et vous avez vu ce qui s’en est suivi.
5. La conséquence a été que le Pheu Thai, qui n’a jamais été un parti idéologique et qui ne s’est jamais soucié de la démocratie, a été poussé dans ses retranchements lorsque son tour est venu de former le gouvernement. Le Pheu Thai se préoccupe davantage des sièges ministériels qui lui apporteront d’énormes avantages. Il s’est facilement compromis et a intégré les partis formés par les militaires.
6. Thaksin, qui voulait revenir, s’est offert en otage et a été autorisé à prendre l’avion pour rentrer. Le Pheu Thai sera si docile et se pliera aux souhaits de l’UTN et du PCP, qui est le véritable front du pouvoir monarchique.
7. Ils utilisent le nouveau premier ministre Srettha pour relancer l’économie comme ils l’ont fait auparavant avec Thaksin.
C’est du déjà vu ! Il s’agit peut-être d’une trêve pour l’instant, mais les protagonistes du nouveau gouvernement de coalition manqueront pas, bientôt, de s’écharper.
Gardez mes commentaires anonymes. Mais ouvrir le débat est indispensable !
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Faut -il suivre les injonctions de cet ancien ministre ? Que risquent les commentateurs ? L’ invitation à ouvrir le débat n’est pas très engageante. Débattre mais ne pas “trop” commenter. Commenter mais en veillant bien à observer une médiane entre la langue de bois et la langue de buis ? “Que cent fleurs s’épanouissent ” déclarait naguère le grand timonnier et dont semble se souvenir le commentateur anonyme ; il connait la suite ….