64ème sur 88 pays. C’est la place qu’occupe la Thaïlande dans le dernier rapport EPI pour « English Proficiency Index». Plusieurs médias thaïlandais se sont très vite émus de ce mauvais score. Gavroche a enquêté sur les pas de Shakespeare dans l’ex Royaume de Siam…alors que le gouvernement multiplie les efforts pour ouvrir des classes anglophones.
Le classement EPI ou English Proficiency Index opère un classement des pays selon leur niveau d’anglais.
Il est établi, par l’école internationale de langue Education First, à partir des données de 1,3 million d’adultes qui ont passé le test standard d’anglais en 2017 (EF SET).
Au sein du Royaume, le meilleur niveau d’anglais est observé à Bangkok et Chiang Mai.
Avec un indice de 50.93 et de 49.63, les deux grandes cités permettent à la Thaïlande (créditée de 48.54) de grignoter des points au classement général.
Le fait que la Thaïlande soit classée dans les « mauvais élèves » en Asie n’est pas une surprise en soi. Depuis 2011, le pays a toujours été en bas de tableau.
Mais ce dernier classement confirme que le Royaume ne progresse toujours pas. Il était 53e sur 80 pays, l’an dernier.
En cause ?
La qualité générale de l’enseignement scolaire qui s’avère trop faible.
Toutes les études et autres classements dédiés, l’attestent. Le Human Capital Index de la Banque mondiale indique, par exemple, que si les jeunes thaïlandais passent en moyenne 12,4 ans à l’école, la qualité de l’apprentissage n’équivaut qu’à 8,6 ans.
À titre de comparaison, c’est 10,2 ans au Vietnam pour une scolarité moyenne d’une durée identique.
Les critiques émises sur l’éducation thaïlandaise portent notamment sur la pédagogie qui n’accorde guère de place aux échanges, à la critique, à la créativité ou à l’autonomie.
Les cours magistraux et le « par cœur » sont privilégiés.
C’est encore plus vrai pour l’enseignement de l’anglais puisque les professeurs qui l’enseignent, n’ont pas les moyens de faire autrement compte tenu de leurs compétences linguistiques.
Une majorité d’entre eux, exercent dans le primaire et le secondaire, avec un niveau d’anglais A2 (soit « intermédiaire », selon le référentiel européen), indique le British Council.
Autrement dit, les bases sont acquises mais insuffisantes pour converser.
Difficile, dès lors, de miser sur l’expression orale et la pratique qui participent à conforter la confiance en soi des élèves et avivent l’envie d’en apprendre un peu plus.
L’anglais, indispensable pour le tourisme
Le gouvernement est bien conscient de la situation, d’autant plus réceptif que la mauvaise maîtrise de la langue anglaise (et ce que cela génère en termes d’ouverture sur le monde) est préjudiciable sur le plan économique à l’heure où le pays affiche des ambitions en matière de tourisme ou d’innovation technologique.
Des mesures ont déjà été prises en faveur de l’anglais.
En 2015, le British Council Thailand et le ministère de l’Education ont initié le projet Regional English Training Centres Project (RETC Project) afin de hisser le niveau des professeurs d’anglais du pays et de les initier à de nouvelles méthodes d’enseignement.
Près de 17.000 des 40.000 des enseignants concernés en ont bénéficié, rapportait le Bangkok Post, en septembre dernier.
Ce programme a également favorisé la création d’une équipe d’une trentaine de « formateurs » en charge d’assurer du mentoring et du transfert de connaissances au sein des réseaux scolaires et universitaires.
En 2016, le ministère de l’Éducation a également lancé une application mobile gratuite «Echo English» qui encourage à pratiquer l’anglais conversationnel de manière ludique.
Un petit pas de plus dans le bon sens.
Dans le même temps, les écoles (de langue) privées fleurissent, des bonnes comme des mauvaises, il est vrai.
Mais cela participe aussi à enrichir « l’écosystème anglophone » tout en s’adressant à un public adulte.
Reste à attirer des professeurs américains, anglais ou australiens, à la fois diplômés et expérimentés.
Cela implique de soigner « les packages » tant ces profils ont l’embarras du choix, tous les pays d’Asie les accueillant à bras ouverts.
Le prochain index EPI en 2019 dira si les efforts commencent à porter leurs fruits.
Pour l’heure, en Asie du Sud Est, seuls le Myanmar et le Cambodge sont moins bien classés que la Thaïlande, ce qui est une surprise dans le cas de la Birmanie,ancienne colonie britannique.
La tête du classement EF EPI, pour cette partie du monde, est occupée par Singapour (3e du classement général), les Philippines (14e) et la Malaisie (22e). Le Vietnam se classe 41e. La France est 35ème, en queue de peloton à l’échelon européen.
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Fabrice Barbian
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