Nous reproduisons ici la présentation d’un podcast de France Culture, disponible à écouter ici.
C’est l’histoire d’un couple de voyageurs passant Noël sur la côte Sud de Sri Lanka et ayant survécu au tsunami du 26 décembre 2004.
Noël avait, cette année-là, revêtu un parfum d’exotisme. Ce 26 décembre 2004, nous prenions notre thé matinal de Ceylan dans ce paysage féerique qu’avant nous, Nicolas Bouvier avait sillonné en 1956. C’est ce roman, le Poisson Scorpion dans lequel l’écrivain voyageur porte un regard désabusé sur la réalité d’un voyage tournant à l’enfer, que je lisais lorsque tout allait basculer.
9h15 am : La côte sud et sud-ouest, à Polhena, entre les villes de Galle et Matara où nous avions posé nos sacs à dos la veille, reçoit la première vague du Tsunami provoquée par un séisme sous-marin d’une amplitude de 9,3 sur l’échelle de Richter (le maximum observé).
Cette secousse qui perturba jusqu’à la rotation de la planète avait eu lieu une heure trente plus tôt au large de Sumatra, dans la ville de Banda Aceh en Indonésie. L’énergie totale mise en jeu par le séisme est équivalente à l’explosion de plus de 30 000 bombes de Hiroshima.
Quelques gouttes éclaboussent alors les pages du troisième chapitre du récit tragique de Bouvier. Le serveur nous apporte les œufs brouillés, puis s’enfuit en regardant l’océan charrier la vague monstrueuse, et en s’écriant “the water is coming” ! Son visage s’était transformé en masque grimaçant comme ceux du folklore traditionnel cinghalais : « Go out ! » hurla t-il.
20 ans plus tard, ce cri résonne encore à notre mémoire, mon ancienne compagne et moi. Il est le symbole contenant l’essence du drame vécu par toutes les victimes de ce qui fut l’une des plus meurtrières catastrophe naturelle de l’histoire de l’humanité (236 000 morts et disparus). L’ampleur de cette catastrophe et son impact international en font l’un des évènements les plus tragiques, de mémoire récente. Un événement dont nous nous souviendrons à jamais et que nous avons décidé de raconter.
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