Cette fois, c’est auprès des éléphants de Thaïlande, dans la province de Lampang, que nous accompagne notre chroniqueur Patrick Chesneau. A lire et à méditer.
Lundi 13 mars, c’était la journée nationale de l’éléphant en Thaïlande.
Et voilà qu’un homme a, ce jour-là, murmuré à l’oreille des pachydermes.
C’est sans doute lui le berger des doux géants. Les stentors de jungle ont beau le toiser, lui veille sur eux. Hiératique au côté de ses amis colosses. Son bâton est le sceptre qui lui tient lieu de vigie. Sur la berge, les pachydermes triturent d’abord l’herbe verte de leurs pieds calleux. Silhouettes massives, ils marquent le pas et s’emplissent de la beauté du lieu. Leur front cabossé atteste de leur rugosité. Pour autant, rien ne peut effacer leur sensibilité à fleur de peau. Surgis des épaisses frondaisons, ils pactisent avec l’homme et signifient leur empathie par le battement ininterrompu de leurs oreilles déployées comme des battoirs.
Chasse-mouches et fonction de thermorégulation. Véritables paraboles profilées pour capter les ultrasons. Laboratoires ambulants haute fréquence. Dans cette région boisée de la province de Lampang, le murmure de la forêt les réjouit. En Thaïlande, le fleuve est le lieu de villégiature des mastodontes. Placides, débonnaires mais inflexibles dans leur volonté de faire trompette. De leur organe préhensible, ils caressent la surface de l’eau. Étonnante ductilité avant le plongeon.
Invariablement, le moment du bain ponctué d’ablutions facétieuses est une bénédiction rafraîchissante. Très vite, la horde dans son entier s’adonnera en barrissant à d’ineffables plaisirs lacustres.
Patrick Chesneau