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THAÏLANDE – CHRONIQUE : A Phuket, les aléas d’un diner aérien

Date de publication : 05/08/2023
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Dinner in the Sky Thailand

 

Notre chroniqueur Patrick Chesneau ne se contente pas d’aimer la Thaïlande. Il apprécie les défis Thaïlandais. Comme celui de diner dans les airs à Phuket…

 

Par Patrick Chesneau

Quand on mange en altitude, impossible d’avoir l’estomac dans les talons. La formule signifie qu’un projet décoiffant est en passe de voir le jour en pleine nuit à Phuket, l’ile tant prisée des expatriés amateurs de farniente dans le sud de la Thaïlande. Farang et détente. Hédonisme et volupté tropicale. La proposition : Diner dans les airs. Un repas plus près des étoiles. Opération concoctée par la société Dinner in the Sky Thailand. Encore plus fort qu’un buffet juché sur le toit d’une tour. Mieux que les fameux rooftops de Bangkok. Là, il s’agit carrément d’être suspendu. A plus de cinquante mètres du sol. Avec élévation graduelle si l’on a affaire à des tablées d’alpinistes et de grimpeurs. Équipement requis : une grue télescopique, un filin et une nacelle qui oscille au gré des alizés. On peut même parler de terrasse recouverte lorsque la surface envisagée est suffisamment vaste.

 

Sachez qu’au moment de réserver, il vous sera certainement demandé votre poids. Règle absolue : Ne pas dépasser collectivement un certain nombre de quintaux par rotation. En moyenne, 22 clients seront admis pour un plateau (-repas comme de juste). Et si vous n’en savez rien, vraisemblablement pesée obligatoire avant d’embarquer. Obèses, dodus et bedonnants recalés, à moins de louer tout l’échafaudage pour soi, à titre privé. Tout embonpoint est un possible casus belli. Quant au personnel de bord, il devra satisfaire à des critères de légèreté et d’aptitude à l’équilibre en milieu instable. Avantage aux cuistots filiformes, aux sommeliers fluets, aux serveuses poids plume et au personnel de ” salle ” (si l’on ose dire ) maigrichon.

 

Préparez-vous mentalement à quelques émotions fortes en cas de bourrasques impromptues. Toujours veiller aux embardées de la plateforme si elle devait se transformer subitement en balançoire. Risque évident : des gestes heurtés, saccadés, mauvaises manipulations en série et au bout du compte, embrocher votre partenaire de ces agapes aériennes au bout de la lame à découper le gigot. Ou lui planter malencontreusement une fourchette dans l’œil, par maladresse ou inadvertance. Bien sûr à l’insu de votre plein gré. Gare aux soubresauts intempestifs. Ne prendre aucune anicroche éventuelle avec le dos de la cuiller. Sécurité d’abord, voilà le leitmotiv.

 

A cette fin, prière de consulter le bulletin météo bien avant d’éplucher le menu. En cas d’intempérie, surseoir à la sauterie est d’une indispensable sagesse. Judicieuse recommandation : se munir d’une petite laine pour résister à la fraîcheur ambiante. Ce plan osé vise avant tout certains profils. Des personnalités adaptées à des conditions plutôt hors normes. Ne pas être sujet au vertige. Tourner de l’œil dans le vide occasionne de nombreux désagréments: nausée, haut-le-cœur, ballonnements et flatulences incongrues. D’autres exigences sont également pré-mâchées. Être d’un naturel doux et pacifique s’impose. Ne surtout pas péter un câble entre la poire et le fromage. Ne pas se bagarrer avec les convives de la nappe d’à côté pour s’emparer du dernier quignon de pain. La dégustation en hauteur deviendrait instantanément une mastication façon bungee jumping. Visualisez la scène :


Les rouleaux de printemps qui tressautent dans l’assiette et d’un bond s’engouffrent dans la première paire de lèvres venue. De quoi en rester littéralement bouche bée. Avoir l’œsophage et le reste de l’appareil digestif solidement accroché est un principe minimal de précaution. Amarré, conviendrait tout autant. Sinon gare aux remontées de flux gastrique. Ne pas se pencher par dessus la balustrade pour favoriser la digestion. Ne pas jouer les équilibristes de circonstance ou mimer le dernier funambule vu à la télé.

 

A ces objections près, le lieu sera idoine pour explorer de nouveaux romantismes culinaires. De là haut, vue imprenable. L’appétit forcément aiguisé par un panorama à perte de vue. Beauté du décor naturel et poésie alimentaire. Après Phuket, ce genre de diner stratosphérique devrait être accessible, à horizon rapproché, dans plusieurs stations balnéaires du Royaume de Siam. Et dans la capitale. Logique! La Cité des Anges est l’écrin de toutes les fascinations. Idéal pour les rencontres au sommet entre hauts dirigeants de ce monde. Pour le vulgum pecus, d’ores et déjà, le concept semble plaire aux amateurs de sensations inédites, aux casse-cou, et à tous ceux dont le cœur balance. Gastronomie et folie des grandeurs. La formule va décoller au hit parade des engouements de fins gourmets. Attention toutefois…si vous avez la bourse modeste: l’addition risque de s’envoler. Au moins 5 000 bahts par tête de pipe.

 

Patrick Chesneau

 

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