Dans la Province de Nan (Nord-Est du pays), frontalière du Laos, Bo Kluea est réputée pour sa production de sel, qui remonte à plus de huit siècles. Cette Province isolée, qui fut un royaume, riche grâce au commerce du sel, connut une histoire mouvementée avant d’être rattachée au Siam en 1916.
L’extraction du sel gemme se perpétue à Bo Kluea (située à 1 024 mètres d’altitude) et dans les villages de la région selon des méthodes traditionnelles qui n’ont pas varié depuis des siècles. La saumure est extraite d’un puits à l’aide d’un palan manuel, puis bouillie dans une cuvette au-dessus d’un feu de bois jusqu’à évaporation. Le produit restant est ensuite séché dans des paniers en osier suspendus au-dessus d’un four à bois pendant six ou sept heures. Le sel de roche est d’une pureté cristalline.
Il y une vingtaine de producteurs à Bo Kluea. Il faut 62 litres d’eau salée pour obtenir 15 kg de sel pur après séchage. La production est en continue 240 jours par an, et ne s’arrête que pendant la saison des pluies. Chaque artisan produit 30 kg de sel quotidiennement. Le prix est de 20 BAHT (environ cinquante centimes d’euros) le kg sur le marché local.
Pour en savoir plus, je vous invite à lire le poème ci-dessous : Bo Kluea, la cité du sel. Bonne lecture.
Montées et descentes se disputaient les virages ;
Dans cette jungle, la route se frayait un chemin.
Depuis quelques trouées, on percevait enfin
Le massif montagneux, ténébreux et sauvage.
Cette route du sel, celle des convois d’antan,
Dans ces montagnes impénétrables du Nord,
Passait par Bo Kluea, où le sel valait de l’or.
Aujourd’hui, elle jouit de sa gloire d’avant.
Pendant des siècles, le sel gemme prit la route
De la Chine, Birmanie, Laos, faisant de Nan,
Capitale de la Province, au fil des ans,
Un Royaume indépendant, jusqu’à sa déroute…
Les faibles quantités produites, dans ces lieux
Isolés et difficiles d’accès, ont fait
Que l’exploitation resta toujours limitée.
Ce savoir-faire, est un héritage précieux.
Car dans le village, qui vit sur son passé,
Quelques puits d’eau salée, dont on extrait le sel,
Subsistent encore : métier aux gestes naturels
Traversant le temps et mille fois répétés…
Une jarre est envoyée au fonds d’un puits,
Grâce à un palan actionné manuellement.
La saumure est ensuite séchée lentement
Sur un vieux four à bois, jusqu’au produit fini.
Le sel obtenu est vendu en vrac, sachets,
Ou bien transformé en produits cosmétiques,
Savons, sels de bain pour SPA. Vendu en boutiques,
Ce sel gemme est reconnu pour sa pureté.
D’autres villages fleuris, dans cette vallée
D’altitude, jalonnent cette route du sel,
Jouxtant le Laos. Ici, les vielles ruelles,
Les maisons en bois, nous plongent dans le passé…
Michel Hermann
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Bonjour,
Vous écrivez :
« Il faut 62 litres d’eau salée pour obtenir 15 kg de sel pur après séchage. »
Cela ne fait il pas beaucoup de sel pour si peu d’eau ?
Merci
Une belle découverte, d’un lieu et d’une activité. Poème en prime.
MERCI. Eric
Merci pour ce voyage et ce partage culturel.