En France, il y a des moulins industriels pour le blé. En Thaïlande, il y a les usines de décorticage de riz, dont on aperçoit les cheminées dans les campagnes. Tout est maintenant automatisé. Le principe est partout le même : séparer l’enveloppe (glumes et glumelles) appelée aussi « balle » des grains de riz paddy après séchage.

En Thaïlande, c’est la décortiqueuse « Engelberg », utilisant deux rouleaux d’acier, qui est la plus utilisée. Les procédés : abrasion, lavage, polissage, étuvage, etc., diffèrent selon les variétés de riz à produire.

Les petites unités se contentent d’un simple décorticage pour obtenir un riz naturel, dit « cargo », ou riz complet (plus long à cuire). Jusqu’il y a peu, il existait en Thaïlande de nombreuses usines traditionnelles de décorticage, en bois de teck, où de grandes roues entraînées par un piston à vapeur, -comme dans les anciennes locomotives du même nom-, actionnaient ,via des courroies, les palans, élévateurs, broyeurs, trieuses, tamiseuse, calibreuse, etc.

A Ban Suan, proche de Sukhothai, une vieille usine a été remplacée, il y a quelques années, par une unité moderne. La propriétaire l’a transformée en musée gratuit. Cela méritait une Petite Chronique. Bonne lecture donc.

Il n’est pas loin le temps
Où j’amenais amis,
Touristes et enfants
Dans ce fanum du riz,
Désormais hors du temps…

Immense grange en bois
De teck, sombre et figée,
Où broyeurs et courroies,
Observent, pétrifiés,
L’immense grange en bois.

Des toiles d’araignées
Et quelques nids d’oiseaux
Pavoisent ce musée,
Poussiéreux vaisseau,
Repère d’araignées.

Chaudières et pistons
Qui actionnaient les roues,
S’exhibent, moribonds,
Comme de vieux joujoux
Usés, pauvres pistons…

Sacs de riz qui trainent,
Vieux tuyaux oubliés
Et rigoles, surprennent
Le visiteur distrait
Par ces sacs qui trainent.

Il n’y a plus la poussière,
La chaleur de vulcain,
L’odeur des rizières,
Autour, le bruit enfin ;
Il n’y a plus de poussière…

Les deux rouleaux d’acier,
Qui retiraient la « balle »,
Trônent là-haut, princiers,
Immobiles et martial ;
Nobles rouleaux d’acier…

Fantôme d’ouvriers
Qui s’usaient à la tâche
Dans la chaleur mouillée,
Besognant sans relâche ;
Fantôme d’ouvriers…

Une usine neuve
A surgit à côté,
Sans plus de main-d’œuvre,
Tout automatisée,
Belle usine neuve…

Je regrette l’ancienne
Transformée en musée.
Son âme de doyenne
A disparu à jamais,
Je regrette l’ancienne…

Michel Hermann