Une chronique siamoise issue de nos archives
Il n’est pas facile de retracer l’origine et l’évolution du drapeau national thaïlandais. Lors du sac d’Ayutthaya par les Birmans en 1767, la ville entière fut incendiée et quatre siècles de civilisation siamoise furent réduits en cendres, d’où certaines pièces manquantes dans le puzzle historique.
Plusieurs chroniques relatent une anecdote selon laquelle, sous le règne du roi Narai (1656-1688), un navire français s’étant présenté à l’embouchure du Chao Praya, les autorités militaires de Samut Prakan durent improviser et, afin de saluer les émissaires de Louis XIV, hissèrent donc une pièce d’étoffe rouge. A l’époque, cette couleur était l’apanage de l’aristocratie et ce pavillon de fortune fut rapidement promu au rang de drapeau national (le premier connu des historiens).
En 1802, Rama Il jugea bon d’y ajouter un éléphant blanc (emblème de la monarchie absolue depuis le règne du roi Ramkhamhaeng au XIIIe siècle) entouré d’une roue dont les éléments symbolisaient la proue de ses navires. Puis, en 1851, le roi Mongkout (Rama IV) fit retirer la roue pour des raisons de visibilité.
Nouveau changement en 1917 : toujours par souci de simplification, le Roi Vajiravudh (Rama VI) fit enlever l’éléphant et opta pour des bandes horizontales rouges et blanches. La même année, une bande bleue fut rajoutée au centre. C’est le drapeau actuel.
Appelé trairaung (tricolore, en sanskrit), il exprime la nature complémentaire des trois piliers du royaume (nation, bouddhisme et royauté). Accompagné par l’hymne national, il est hissé avec cérémonie tous les jours à 8 heures et descendu à 18 heures dans chaque ville et village.
Il est donc composé de cinq bandes horizontales : deux rouge vif, deux blanches et une bleu marine. Explication a posteriori : les bandes rouges, une en haut, une en bas, qui représentent la nation (et le sang des héros), englobent les bandes blanches (de même largeur) évoquant la pureté de la foi bouddhique (et l’unité du peuple). Au milieu, la bande bleue, qui occupe le tiers de la surface totale, symbolise la monarchie, élément toujours vital après des siècles d’existence.
Et en fait, l’idée de cette « reconfiguration » est venue de ce que, déjà au début du XXe siècle pour la plupart, les drapeaux des puissances européennes étaient constitués de bandes (horizontales ou verticales) exhibant les couleurs nationales. N’oublions pas que ce nouvel emblème a servi d’étendard aux contingents thaïlandais qui participèrent à la Première guerre mondiale aux côtés des alliés.
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