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THAÏLANDE – CHRONIQUE : « Mae Sot : le grand sommeil »

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 13/09/2020
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Avec la pandémie de Covid-19, les frontières entre le Myanmar et la Thaïlande sont fermées. Cette fermeture affecte particulièrement les villes frontières du royaume qui voient leurs activités commerciales et sociales terriblement réduites. Interdits en Thaïlande, les nombreux casinos qui ont poussé comme des champignons de l’autre côté de la frontière, sont au chômage. Michel Hermann, qui vient de séjourner à Mae Sot décrit, dans cette chronique, une ville touchée par cette crise. Bonne lecture donc.

 

Les jeunes birmanes à la face talquée,
S’affairent en silence dans le vaste entrepôt,
Jaugeant d’un œil expert, la valeur estimée
Du contenu chinois, gadgets et bibelots.

 

La zone franche, autrefois si animée
Est maintenant déserte. Bâtiments et hangars,
Où s’égayaient marchands et fouineurs indiscrets,
N’offrent plus qu’un visage triste et hagard.

 

Dans ce désert marchand, quelques rares dépôts
Survivent en vendant vélos japonais, vaisselle,
Et verroterie, entre boue et flaques d’eau,
Au bout d’un chemin perdu et d’une venelle.

 

La rivière Moei, frontière naturelle
Entre le Myanmar et la Thaïlande,
Coule à quelques mètres en contrebas. Passerelle
Entre deux mondes, elle se traîne, exsangue.

 

Mae Sot, Myawaddy, deux villes se font face
Sans pouvoir se parler, la frontière est fermée.
La faute au Covid, qui se joue des espaces,
De la vie, des gens et du trafic frontalier.

 

A part quelques camions, sortis d’on ne sait où,
La vie s’est arrêtée. Pire, les casinos
Sur l’autre rive, ne voient plus les joueurs fous,
Qui perdaient âmes et chemises dans ces tripots.

 

Le « Pont de l’Amitié », abandonné et nu,
N’est plus qu’une carcasse de béton vide,
Qui abrite entre deux piles, quelques exclus,
Familles et enfants, dans un décor sordide.

 

Même le marché Rim Moei vit au ralentie
Les boutiques de bric-à-brac sont toujours là,
Avec leur brocante birmane défraichie,
Leurs plafonniers et leurs horloges falbalas.

 

Vieux phonos et téléphones d’un autre temps,
Poignées et gonds de portes, se mêlent aux statues
En bois de teck, dans un désordre déroutant
Qui attire le regard du musard perdu.

 

Le commerce des pierres semi-précieuses,
Réputé à Mae Sot, attend des jours meilleurs.
Boutiques fermées, les gracieuses vendeuses
En sarong birman, sont allées voir ailleurs.

 

Mae Sot même vidée, garde ses mystères
Et son charme de ville frontière du bout,
Où le temps s’arrête. Mais la ville charnière,
Plusieurs fois à terre, reste toujours debout

Michel Hermann

 

 

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