La ville de Mae Sot se préparait à un grand avenir. Située sur la route « Indochine », corridor Est-Ouest reliant le Vietnam à la Birmanie en passant par le Laos et la Thaïlande, elle envisageait le futur avec confiance. Usines de vêtements et de chaussures de grandes marques internationales, commerce avec la Birmanie, tourisme, marché agricole régional, la ville prospérait lentement et sûrement. Un nouveau « Pont de l’Amitié » avait été inauguré, avec son immense parking à camions, ses entrepôts, sa douane, son service de l’Immigration, etc. La ville était vivante.
Puis vint la COVID et la guerre civile en Birmanie. En trois ans, la cité a vu ses activités commerciales et touristiques décliner : frontières et ponts fermés, touristes, essentiellement thaïlandais, absents, marchés réduits à une peau de chagrin. Les nombreux contrôles de police et de l’armée sur les routes à l’entour n’arrangent rien. Cela valait une Petite Chronique en vers : Mae Sot, le rêve brisé ». Bonne lecture donc.
Cette route cachée,
Tortueuse et sale
Autrefois animée,
Était la voie normale
Pour les trafics cachés…
D’entrepôts japonais
Aux casinos birmans,
Un monde affairé
Se croisait, inquiétant,
Près des docks japonais.
Au Myanmar, en face,
C’est la guerre civile,
Les hommes en vert, la poisse,
Ont gâché l’idylle
Avec les Thaïs, d’en face…
La frontière est fermée,
Casinos à la casse,
Entrepôts délaissés :
Enfin, de guerre lasse,
Les commerces ont fermé.
Moei, l’étrange rivière
Si vivante autrefois,
Qui sert de frontière,
A perdu âme et voix,
Moei, triste rivière…
On ne voit plus d’enfants
Et d’adultes en haillon,
Traverser en riant
Dans des pneus de camions
La rivière aux enfants…
Le célèbre marché,
Où les produits chinois
Se mêlent aux antiquités,
Se désole et larmoie,
C’est la mort du marché…
Les boutiques éclairées
De pierres précieuses,
Ne brillent plus, fermées ;
Mises en veilleuse
Les boutiques éclairées !
Les ponts « de l’Amitié »
Bloqués, inutiles,
Sont vides et pétrifiés.
Désormais immobiles,
Oublié « l’Amitié » !
L’avenir est brisé,
Tchao projets grandioses,
La guerre a tranché,
L’avenir est morose ;
Mae Sot, le rêve brisé…
Michel Hermann
Le poème nous permet fort bien d’imaginer l’atmosphère ,il est plein de réalisme et de tristesse