Une chronique de Patrick Chesneau
Des trésors insoupçonnés surgis d’horizons méconnus. Pour les peuples épars d’une Asie du Sud-Est pétrie de mystères, l’isolement fut longtemps un bienfait, puisqu’ils ont ainsi été préservés des miasmes extérieurs synonymes de prédation. Surtout ceux de condition montagnarde. Puisés dans l’enfilade des rencontres avec les minorités ethniques de Thaïlande, Laos, Cambodge, Vietnam, ces clichés sont une précieuse transmission de mémoire. Certains d’entre eux remontent à 30 ans. Hommage rendu, au passage, à celui qui maniait alors l’objectif, Marc Lasnier, un passionné de photographie installé à Phuket Thaïlande depuis des lustres. Insatiable bourlingueur.
Ses œuvres sauvent de l’oubli un chapelet de portraits témoignant de cultures énigmatiques au voyageur profane. A la vérité, ces visages de femmes laissent transparaitre une infinie tendresse. On s’attarde avec bonheur sur ces traits creusés par la rudesse des jours au cœur d’une nature brute. Parfois brutale. Malgré tout, ces belles personnes portent en elles des émotions anoblies par la patine du temps. Elles parviennent à faire briller toute la bonté des mondes premiers dans leur regard. Prunelles rieuses pour interroger chaque visiteur. Qui est-il ? D’où vient-il ? Qu’espère t’il d’un moment nécessairement fugace ? Une curiosité altruiste les animent. Regardez bien. La vie, captée sur ces photos en noir et blanc, burine les âmes mais dans chaque ridule, sur chaque visage émacié, affleure l’essentiel de notre humanité commune. Comme des pépites extraites d’une période enfouie. Ces portraits surgissent dans notre géologie mentale et nous réchauffent le cœur.
Patrick Chesneau
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Crédit photo : Marc Lasnier (Vieillir en noir et blanc)