En Thaïlande, quelle que soit la saison, les petits et grands travaux sont partout : autoroutes, routes, ponts, chemins de fer, irrigation, immeubles d’habitations et de bureaux, constructions diverses ; d’interminables chantiers envahissent les territoires urbains et ruraux.
Sukhothai n’échappe pas à la règle, qui a vu naître à ses portes un immense lac artificiel (16 km de circonférence), où une partie de l’administration s’installe peu à peu. Le Conseil départemental (ici Administration provinciale), y a vu le jour, ainsi qu’un stade de 10 000 places, divers organismes d’état, un parc de loisir et sportif et, bien sûr, dominant le tout, un temple dédié avec son très beau bouddha marchant.
Vous en saurez plus en lisant cette chronique en vers : Sukhothai : au fil de l’eau. Bonne lecture !
La justice, à l’étroit dans la cité, choisit
Un lac pour théâtre de son palais exquis.
L’imposante bâtisse rassure ou fait peur,
Que l’on soit malséant, honorable ou voleur.
Lac en forme de cœur, Talay Luang, recèle
Quelques curiosités, policières et nouvelles.
Proche de Sukhothaï, ce lieu est magique.
Des cols blancs y travaillent, justes ou tyranniques.
En saison des pluies, des canaux alimentent
Les cinq mille hectares de ses eaux dormantes.
Au centre, une presqu’île avec son temple,
Où un bouddha marchant en bronze contemple
L’infini à l’Est, est la surface de jeux
Des joggers, familles, sportifs et amoureux.
Pour les fans de football, Sukhothaï, en première
Division, y a son stade et ses bannières.
Entre eaux et rizières, dix mille spectateurs
S’entassent, hurlent, et soutiennent leurs joueurs
Dans des matchs nocturnes, où la fraîcheur s’invite.
Les paris vont bon train, les flambeurs en profitent…
Le Conseil départemental, riche et puissant,
Lui fait face. Siège d’un pouvoir influent,
Il est l’objet de toutes les attentions,
Intrigues, louanges, pour quelques subventions…
Entre lac, routes, et projets majestueux,
L’administration s’y installe peu à peu.
La police, aussi, qui a suivi la justice,
Y compte quelques modestes édifices.
La médecine légale et ses mystères,
Campe le long de la route circulaire.
Le Service de l’immigration, redouté,
Niche tristement au bord du lac, isolé.
L’Office contre la corruption, c’est sérieux,
Bâti le long du lac, semble bien silencieux,
Nul mouvement suggérant une vie de bureau.
N’y a-t-il ici que vertus et gens loyaux ?
Le soir, roues dans roues, de fiers cyclistes sportifs
Foncent, têtes baissées, besogneux et pensifs,
Sur l’asphalte bouillant de la voie circulaire,
Brûlant leurs calories dans cette galère…
Des buffles nettoyeurs, surgissent çà et là,
Indifférents aux inévitables fatras
Des travaux et constructions ; infini chantier
Où se mêlent État et intérêts privés…
Parfois j’y musarde, au coucher du soleil,
Quand la chaleur tropicale se met en sommeil.
La Palais de justice se distingue au loin,
Arbitre de la vie et de tant de destins …
Michel Hermann
