Au Pays du Sourire, on garde les « Anciens » à la maison, ou, au pire, au sein de la communauté. Traditions confucéennes et bouddhistes obligent, non seulement ils sont respectés, mais on les maintient en bonne santé, physique et mentale jusqu’à l’issue fatale.
C’est pourquoi, surtout dans les campagnes, on peut les voir, à la tombée de la nuit, pratiquer des exercices physiques dans des espaces dédiés sur fond musical (à ne pas confondre avec les séances publiques de gym-tonic pour les plus jeunes…).
Pour bien commencer l’année 2023 avec l’enthousiasme des Anciens, je vous invite à découvrir cette chronique publiée dans Gavroche : “Sukhothai : quand les vieilles dansent …”, juste en face de chez moi. Bonne lecture.
Lever, baisser, tourner,
Elles dansent, dansent,
Sérieuses et appliquées
Lentement, en cadence,
Lever, baisser, tourner…
Les vieilles du quartier,
Tous les soirs font leur gym
Dans ce préau dédié
A leurs forces ultimes,
Les vieilles du quartier.
Ici y a pas d’EHPAD.
Elles vivent à la maison,
Respectées et choyées,
Selon la tradition ;
Ici, y a pas d’EHPAD.
Pour les veuves esseulées,
Nues et dans le besoin,
C’est la communauté
Qui prend soin des « anciens »,
Belles veuves esseulées…
On les maintient en vie
Par des exercices.
Des « coaches » jeunes et jolies
Offrent leurs services
Pour les garder en vie.
La musique varie,
Nonchalante ou rythmée,
Selon l’état d’esprit
Et des corps éprouvés ;
La musique varie.
Tout cela est payé
Par l’État bienveillant,
Soucieux de la santé
De ces livres vivants.
Tout cela est payé.
Partout dans le pays,
A cinq heures le soir,
Sur les places et parvis,
Elles dansent ; on peut les voir,
Partout dans le pays.
Pour les galvaniser,
Un concours de danse
Local est mis sur pieds ;
Ça force la cadence,
Pour les galvaniser.
Ce soir, elles s’entraînent
Pour le concours local.
Ces vieilles souveraines
Dansent, c’est un régal.
Ce soir, elles s’entraînent.
En face de chez moi,
Dans ce préau venteux,
J’apprécie leurs exploits
Et leurs rires joyeux,
En face de chez moi.
Je m’y suis essayé
À l’heure de l’apéro.
J’ai dû y renoncer,
Je n’suis pas un héros ;
J’ai quand même essayé…
Michel Hermann