Lorsque l’on vit à l’étranger, gérer un décès pour les familles peut vite devenir un casse-tête administratif, sans parler de la douleur d’un deuil. Loin des traditionnels croque-morts tout de noir vêtus, la charmante équipe féminine de Amar International, filiale du groupe australien Zaly Pty, guide les familles en amont et en aval du processus funéraire.
Comment fonctionne votre entreprise et à qui s’adresse-t-elle ?
Elle se charge du rapatriement des corps et des cendres de nos clients dans leur pays d’origine. Le rapatriement des corps, pour des raisons économiques, ne représente que 30% par rapport aux rapatriement des cendres ou à leur dispersion.
Nous nous occupons donc de tout le processus funéraire, de la préparation du corps à la mise en bière, de la crémation et de la cérémonie religieuse, de l’accueil et du soutien des familles, ainsi que des démarches administratives.
Il est de plus en plus courant aujourd’hui de préparer en amont les modalités de son décès pour faciliter ses proches. Beaucoup de gens seuls nous contactent, mais aussi des familles qui achètent un contrat obsèques, nous demandent des devis. Nous travaillons aussi avec les assurances, les compagnies d’assistance et les ambassades.
Nous proposons également le rapatriement médical avec accompagnant, généralement pour les personnes qui n’ont pas d’assurance.
Les demandes varient-elles en fonction des origines des clients ?
Je dirais qu’il y a surtout une différence entre les Thaïlandais et les Occidentaux en général. Les Thaïlandais sont très fatalistes. Ils savent depuis toujours qu’ils ne sont pas éternels. Ils veulent toutefois une grande cérémonie pour leur mort. Plus ils dépenseront d’argent, plus ils montreront leur amour au défunt.
A l’inverse, les Occidentaux sont plus pragmatiques et veulent dépenser peu. Souvent, ils arrivent en Thaïlande suite à un décès d’un de leur proche et ils rencontrent la difficulté de la langue et d’autres complications: pas d’accès au compte bancaire du défunt, pas de testament…
Ils se retrouvent plus vite que prévu dans la paperasse administrative qui suit généralement un décès, mais s’il n’y a pas eu de préparation de la part du défunt, la complication est décuplée.
Une nouvelle tendance que nous constatons depuis quelques temps est de vouloir faire de la part du défunt une véritable fête pour ses funérailles, une forme de « célébration de vie » pour laisser à la famille une image positive et festive : pas de noir, un cercueil peint de tulipes rouges, enveloppé nu dans un linceul blanc, des vêtements mortuaires élégants, des textes et musiques choisis…
Pour l’instant, la demande la plus insolite est un enterrement style « Viking ». Les personnes aujourd’hui veulent garder le contrôle de leur vie jusqu’au bout et souhaitent que la famille garde en mémoire la personne qu’ils étaient à la force de l’âge.
Ce n’est pas trop dur moralement de faire ce métier ?
En fait, je trouve ce métier passionnant. Je rencontre des gens très différents et très intéressants. Je reçois des lettres incroyables à glisser dans le cercueil ou à lire lors de la cérémonie.
Lorsque la famille arrive et qu’elle voit que nous sommes une équipe de quatre femmes, et non de sinistres croquemorts, elle se détend, se sent peut-être davantage maternée.
Nous ouvrons en août une maison d’accueil des familles à Ekkamai. Nous y aurons notre bureau, un salon, une petite chapelle et une chambre funéraire. La famille pourra se recueillir avec le défunt.
Propos recueillis par Laurence Brune (http://www.gavroche-thailande.com).
Article à retrouver dans le magazine du mois de Juillet 2018 (n°285), disponible ici
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