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THAÏLANDE – CHRONIQUE : Vous avez dit touristes en mal d’authenticité ?

Date de publication : 03/09/2023
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tourisme hors sentier battu

 

Notre ami Patrick Chesneau aime raconter les mœurs des Thaïlandais. Mais aussi les habitudes de ceux et celles qui leur rendent visite !

 

Dans le train-train des vacances, les locaux motivent les ethno-touristes

 

Bientôt le parfum enivrant de l’aventure. Le grand bain des vacances au Royaume de Siam. Avant le départ, préparation millimétrée. Sorte de repérage pour prendre ses marques en terre inconnue. En prélude à leur séjour exotique, les passagers se renseignent. D’abord sur les réseaux sociaux. Comment apprivoiser cet Orient si mystérieux? Les candidats bourlingueurs se répartissent en plusieurs catégories. Certaines sont plus voyantes que d’autres.

 

Outre les gros bataillons des touristes lambda, enkystés dans le farniente le plus classique, on remarque d’emblée un assemblage hétéroclite réuni autour d’un mot fétiche : trendy. “Être dans le coup” devient un leitmotiv. Ceux-là ne peuvent concevoir l’exposé de leur projet sans une kyrielle d’anglicismes. Les plus snobs la jouent “road-trip” mais leur démarche est tout sauf aventureuse. Pas d’évasion improvisée. Avec minutie, ils repèrent les “spots safe” où ils pourront s’arrêter en toute sécurité et sont à l’affût de “tips” (tuyaux pas percés et combines bien rodées). Quitte à recourir au “crowfunding” (financement participatif, cagnotte en ligne) pour les aider à financer le chapelet de leurs haltes dans des resort-hotels. Formule “all inclusive” (tout compris) comme élément clé du concept de tourisme intégré. Se donner bonne conscience fait partie du tableau.

 

Autre groupe, ceux qui envisagent de rejoindre une “digital-community” (lieu de vie numérique) dans une ile de rêve genre Koh Phangan dans le sud de la Thaïlande. Sur la plage, doigts de pieds en éventail, ils flirtent avec tout ce qui est modernité ostentatoire : internet et ustensiles technologiques dernière génération pour leurs échanges à distance, laptops avec connexion nomade haut débit, nuages informatiques à capacité de stockage démultipliée, réseaux 5G, vidéo-conférences et webinaires zoom, algorithmes et Intelligence Artificielle. En somme, la panoplie du parfait geek itinérant. Dans ce cas, le voyage sera évidemment connecté, innovant et futuriste ou ne sera pas.

 

Mais, c’est surtout une autre famille qui retient l’attention. Signe des temps, elle grossit à vue d’œil. Ceux-là ont une irrépressible fringale de vérité. Au départ, ils n’étaient qu’une poignée, mus par une louable humilité. Curieux et précautionneux. Leur carte-maîtresse, être à l’écoute du pays réel. Leur credo, s’imprégner des réalités du terroir qu’ils s’apprêtent à sillonner.

 

Condition sine qua non, instaurer confiance et convivialité avec les peuples vernaculaires. Ces visiteurs exogènes ont pour priorité de s’immerger dans les cultures dites “indigènes”. Coutumes, traditions, habitudes, seule l’expérience du terrain fait foi à leurs yeux. D’où leur choix d’un hébergement chez l’habitant (homestay). Pas question de déroger à la dégustation exclusive de plats et spécialités du terroir, piments incendiaires compris. En prélude à leur envol pour Bangkok, ces explorateurs humanistes ont consenti l’effort méritoire d’ingurgiter en express les premiers rudiments de la langue thaïe. Tout en arpentant leur nouveau paradis, ils ont bien l’intention de communiquer, disent-ils, avec les “natifs”. Sur leurs posts Facebook, Instagram ou Tik Tok, ils répètent dix fois “locaux” en dix lignes. Preuve, s’il en est, que cet aspect qualitatif revêt, à leurs yeux, une importance cardinale. Ils sont touristes, certes, mais veulent à tout prix éviter les touristes. Comme s’ils s’étaient auto-triés sur le volet. Constituent une tribu en soi. Ces crapahuteurs presque forcenés ont donc une exigence entre toutes : sortir des sentiers battus. Plus que de pittoresque souvent assimilable au folklore, ils ont soif d’authenticité et veulent inventorier le patrimoine ancestral de la Thaïlande. Exploration in situ. A cette fin, ils recherchent le coin perdu au fin fond de l’Isaan (le Nord-Est) qui n’aurait encore jamais vu le début d’un long nez de Farang (occidental . Le hameau de trois masures rudimentaires au bout du bout d’un sentier non carrossable en gadoue ocre ne figurant sur aucune carte. Et qui échappe avec obstination aux drones inquisiteurs de Google maps.

 

Ces Livingstone de l’ère électronique ne rechignent jamais à avaler les kilomètres, en quête d’espaces inviolés par les foules venues de l’Ouest, constituées, elles, exclusivement d’amateurs de tribulations formatées. Un cri du cœur : non aux Bidochons, pourvoyeurs majoritaires des transhumances de masse. Les ethno-migrateurs fuient les stations balnéaires et leurs mirages interlopes : Pattaya, Koh Samui, Patong à Phuket. Mais une autre énumération, Chiang Mai, Chiang Rai, Hua Hin ou Koh Chang déclenchent en eux de tout aussi solides réticences. Ces lieux de villégiature sont, croient-ils, le nouvel Eldorado que s’apprêtent à massacrer à coups de promos compulsives les principaux acteurs de l’industrie des vacances. Lesquels sont supposément avides de bénéfices hâtifs au sortir de trois ans de pandémie. Ces voyageurs aux préoccupations fortement morales sont appliqués, consciencieux, méthodiques, épris de partage avec les autochtones rencontrés au hasard de leurs pérégrinations. Avec le souci permanent d’adopter leur mode de vie. D’où leur préoccupation d’afficher en toute circonstance des comportements altruistes et bienveillants. Leur itinéraire, respectueux à chaque étape des micro-climats culturels et des mentalités, tourne le dos au business de la villégiature engendré par la mondialisation galopante. Ils évitent tous les produits d’appel au goût frelaté, leur préférant un tourisme solidaire, alternatif et éco-responsable. Partisans obstinés du commerce équitable dans toutes ses variantes, ils s’ingénient à zapper les nids à touristes des zones côtières. Tiennent à éviter les concentrations abusives de pseudo-découvreurs dépenaillés, tongs, bermudas criards, tricots de corps ou chemises bigarrées, qui finissent par pervertir les us et coutumes des populations du cru. En effet, ils leur insufflent le goût immodéré du mercantilisme à tout crin et éveillent en eux un sens très affirmé de l’arnaque. Profit et roublardise. Dans ces parties assiégées du Royaume, l’afflux continu de devises internationales transforme à vitesse stupéfiante le pays du légendaire sourire en une immense cash-machine.

 

Pour un visiteur allergique aux destinations galvaudées par le nombre, l’antidote aux déviances pécuniaires est vite trouvé : fuir à tire-d’aile les périmètres de fréquentation record. Écumer l’arrière-pays encore épargné par les hordes prédatrices d’allogènes malotrus. Aller là où la tradition n’a pas entièrement cédé le pas au progrès dévoreur. Tant de ” jangwat ” (provinces) parviennent vaille que vaille à échapper à l’affluence qui dénature et à l’étouffement par saturation. Morceaux de ruralité où tout n’est pas d’ores et déjà sacrifié à l’appât du gain. Dénicher l’authentique passe par l’échange avec des populations ayant à cœur d’évoquer leur terre natale. Registre passion. Les mots pris dans leur épure originelle magnifient une terre et élargissent l’horizon de ceux qui leur prêtent une oreille attentive. Les gens du terroir sont les dépositaires méticuleux de rêves intacts en dépit des assauts persistants du développement économique. Lequel apporte certes confort et commodité mais dilue simultanément les identités. Loin des représentations réductrices des dépliants et des publicités tapageuses sur internet, les ethno-touristes mettent un point d’honneur à voir la Thaïlande en grand. Pour en saisir tous les détails. Un tableau vivant en relief. D’où cette exigence qui confine à l’obsession. Multiplier les interactions avec des hôtes pétris du sens de l’hospitalité et désireux de s’ouvrir à l’étranger. C’est une constante quand ils ont l’esprit large. En somme, des locaux spacieux.

 

Patrick Chesneau

 

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