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THAÏLANDE – COMMUNAUTÉ: Les vérités thaïlandaises d’Eric Miné, candidat du Rassemblement national

Journaliste : Rédaction
La source : Gavroche
Date de publication : 17/05/2021
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Eric Miné est conseiller consulaire sortant. il conduit la liste du rassemblement national pour le scrutin de la fin mai. Dans le cadre de son suivi attentif de cette élection, Gavroche a recueilli son opinion sur la situation actuelle de la communauté française, et sur ses engagements. Plusieurs lecteurs se sont émus de notre ouverture à l’égard du Rassemblement national. Nous redisons ici que Gavroche entend donner la parole à toutes les listes, dans le respect des opinions de chacun et des personnes. Le débat est ouvert. Nous l’animons et le souhaitons !

 

Un entretien avec Eric Miné, tête de liste «Rassemblement national Thaïlande-Birmanie»

 

Quels sont vos projets pour la Thaïlande ?

 

Répondre à la question, ce sera forcément la détourner un peu, puisque j’imagine bien que vous entendez là les projets pour nos compatriotes établis dans le royaume et non pour le royaume lui-même. J’en feindrai pourtant la compréhension naïve pour une phrase d’introduction : plutôt que de proposer des projets pour la planète entière ou pour notre pays hôte en particulier, si tous les candidats à ces élections consulaires en Thaïlande avaient bien voulu, dans leurs communications diverses, prendre en compte la nature réelle des mandats en jeu, nous aurions gagné en clarté.

 

«En pratique, les conseillers que vous élirez le 30 mai pourront déjà s’estimer heureux quand leur avis sera porté à Paris»

 

Car les mêmes qui causent sur tous les sujets qui leur viennent à l’esprit s’évertuent parallèlement à vous répéter qu’il s’agit de désigner des « élus de proximité », comme si vous aviez à élire un conseil municipal.

 

Si c’était seulement le cas, vos élus consulaires pourraient au moins décider de « combler les trous dans la chaussée » car, en pratique, les conseillers que vous élirez le 30 mai pourront déjà s’estimer heureux quand leur avis sera porté à Paris. Sur tous les dossiers qui leur seront soumis, l’administration aura seule les capacités d’organisation, de contrôle et, au final, de décision, comme l’ont illustré les récents rejets par le ministère de demandes de subventions bénéficiant pourtant d’un soutien unanime des conseillers consulaires.

 

Là sont les limites de l’exercice purement local du mandat et, conséquemment, celles des projets que l’on peut raisonnablement nourrir dans ce cadre en faveur de nos compatriotes.

 

Quels sont, selon vous, les besoins prioritaires de la communauté française ?

 

Le nécessaire rappel de ces limites ne signifie pas que les sujets soulevés par ces élections et propres à nous tous, résidant en Thaïlande, n’existeraient pas ou seraient de seconde importance, bien au contraire.

 

La santé et la pente libérale de la CFE, l’enseignement et son coût, les impôts et les tentatives répétées du pouvoir En Marche de taxer toujours davantage des concitoyens considérés comme privilégiés, les certificats d’existence de la CNAV et l’impossibilité de la double signature des services consulaires ou des autorités locales, le rapport même avec la France, alors que la dématérialisation des démarches administratives pose un vrai problème d’égalité d’accès à l’administration : tous ces sujets relèvent bien sûr des besoins prioritaires de notre communauté.

 

Il en va de même de la question de l’attribution des subventions publiques déjà évoquée, besoin prioritaire s’il en est lui aussi puisque celles-ci financent les associations qui suppléent notre ambassade dans les aides qu’elle ne peut directement accorder à nos compatriotes.

 

Affichant sa méconnaissance complète de la question, une liste concurrente a jugé récemment pertinent d’incriminer une prétendue inaction des conseillers sortants dans les derniers refus essuyés. Son candidat aurait été mieux inspiré s’il s’était interrogé sur le transfert de pouvoir qui avait eu lieu depuis 2017 au détriment des élus.

 

«Se battre pour un changement complet des priorités au plus haut niveau de l’État»

 

Auparavant, le système de la réserve parlementaire permettait en effet aux sénateurs et aux députés des Français établis hors de France de contribuer directement au financement des associations françaises. À condition de répondre aux critères définis par la loi, l’utilisation de cette aide – plus substantielle qu’elle ne l’est aujourd’hui – était libre et les conseillers consulaires pouvaient, selon leur connaissance du terrain, orienter le choix des parlementaires ou faciliter leurs démarches.

 

Au début de mon mandat, j’avais ainsi pu accompagner le sénateur Del Picchia, de la droite indépendante, dans le processus d’attribution d’une subvention qu’il avait accordée en Birmanie à l’association de parents d’élèves qui succédait à Total dans la gestion du lycée Joseph Kessel de Rangoun. D’autres de mes collègues ont pu intervenir à l’époque pour des associations diverses, en Thaïlande ou en Birmanie, par le truchement des parlementaires dont ils étaient proches.

 

L’administration alors ne pouvait qu’entériner ces décisions, son pouvoir se limitant au contrôle du respect de leur légalité. Au prétexte de la « transparence », la loi dite de « moralisation de la vie publique », adoptée au début du quinquennat Macron, a supprimé cette prérogative des parlementaires au profit, nous fut-il dit, d’une décision collégiale des conseillers consulaires. Dans la réalité, les rôles ont simplement été inversés, les élus devant désormais se contenter de vérifier la conformité des demandes et leur avis devenant purement consultatif. L’administration, suivant en cela son penchant naturel, avait dès lors récupéré dans les faits le pouvoir discrétionnaire d’attribution.

 

On le voit, la satisfaction des besoins de nos compatriotes de l’étranger ne relève pas des conseillers sortants ou de ceux qui seront élus demain, mais bien d’un changement complet des priorités au plus haut niveau de l’État.

 

Pourquoi la liste «Rassemblement National Thaïlande-Birmanie» est la bonne réponse ?

 

Si le mandat de conseiller des Français de l’étranger a l’apparence de la proximité, les conséquences du scrutin de ce mois chargé d’en élire 442 dans 130 circonscriptions à travers le monde seront, elles, éminemment politiques et nationales puisque du résultat global sortiront les équilibres partisans à l’Assemblée des Français de l’Étranger (AFE) et au Sénat, les conseillers élus le 30 mai formant l’essentiel de leur collège électoral.

 

Le pouvoir LREM en place ne s’y trompe pas qui a multiplié comme en Thaïlande les candidatures, cherchant les élus qui lui ont manqué aux sénatoriales de 2017 lorsqu’un proche du président Macron n’a pu atteindre le nombre de voix nécessaire à son entrée au palais du Luxembourg.

 

Mais le contexte général a changé. Ces élections consulaires de 2021 seront en effet les premières à s’inscrire dans le grand mouvement électoral de la candidature de Marine Le Pen à la présidentielle de 2022. Cet élan sans précédent du vote national est désormais adossé à la puissante union des droites qui se construit à ses contours, engagée au profit de notre candidate par l’ancien député des Français de l’étranger de notre circonscription et soutien de notre liste, Thierry Mariani.

 

Du résultat de cette élection majeure dépendra l’ensemble de la politique qui sera menée pendant le prochain quinquennat. Les décisions concernant les Français de l’étranger en général et nos compatriotes de Thaïlande en particulier n’y échapperont pas et, avec elles, un renouveau de l’attention qui leur sera accordée. C’est la raison pour laquelle notre liste « Rassemblement national Thaïlande-Birmanie » est la bonne réponse, ici dans le pays où nous résidons, à ces élections.

 

Vu depuis la Thaïlande, comment évaluez-vous la réaction française à la pandémie ?

 

Être établi à l’étranger quand on conserve la patrie dans son cœur offre au moins un privilège, celui de pouvoir porter un autre regard sur son pays, car enrichi de l’expérience et des connaissances acquises en dehors.

 

Vue de Thaïlande, la réaction française à la pandémie ne déroge pas à cette règle et, sans me prononcer sur des aspects médicaux qui ne sont pas de ma compétence, force est quand même de constater qu’alors qu’en France on renvoyait chez eux avec un doliprane la plupart des patients symptomatiques, bridant même la liberté de prescrire des médecins de ville, la Thaïlande tentait comme elle le pouvait de soigner ses malades. La comparaison parle d’elle-même avec quelques centaines de décès seulement depuis le début de la pandémie pour le royaume alors que nous déplorons déjà en France plus de 100.000 morts.

 

Aujourd’hui encore, la Thaïlande utilise dès l’apparition des premiers symptômes un puissant antigrippal importé du japon, le Favipiravir, tout en préconisant désormais un recours massif aux vaccins pour tous ses résidents, étrangers compris, confirmant là une approche pragmatique et dénuée de tout dogmatisme propre à ce pays quand il est dans une situation d’urgence.

 

On ne peut pas en dire autant, en revanche, de certains de nos responsables politiques, Mme Genetet, actuelle députée de notre circonscription législative, ayant accusé il y a peu dans une séance « Facebook live » la Thaïlande d’avoir laissé mourir un Français faute de soins, sans apporter par ailleurs le moindre élément de vérification à ses propos.

 

L’intervention pour le moins intempestive de cette parlementaire est suffisamment singulière, à mon sens, et aussi plus généralement illustrative du tour inquiétant que prend cette fin de campagne, qui ne conserve plus rien désormais du ton tempéré qui était au départ le sien, pour que, si vous le permettez, je déborde un peu de votre question pour une brève mise au point.

 

Dans sa vidéo en date du 8 mai dernier et toujours en ligne sur sa page Facebook au moment de notre échange, Mme Genetet ne semble devoir s’en prendre au pays dans lequel nous vivons que pour une unique raison : le royaume userait, selon elle, de la « préférence nationale », concept censé tuer son prochain comme chacun sait. Dans une frénétique envolée, la parlementaire en conclut qu’elle n’en voudrait en aucun cas en France alors qu’on l’associe, de notoriété publique, au mouvement que je représente et qui, hasard sans doute, est engagé au même moment dans des élections pour les Français résidant précisément en Thaïlande.

 

La représentante du parti au pouvoir voudrait à tout prix nous barrer la route, y compris en risquant l’incident diplomatique, elle ne s’y prendrait pas autrement.

 

Enfin, la diffusion à grande échelle ces derniers jours, apparemment sur la liste électorale de Bangkok, d’un message étrange, l’expéditeur masquant son identité sous un sigle inconnu, cherchant, sous l’apparence d’une analyse objective, à disqualifier les listes que nous menons, M. Chevrier et moi, au profit de celles classées à gauche ou En Marche, est venu dangereusement fortifier ce climat délétère par les propos injurieux et gravement diffamatoires qui y étaient tenus, notamment à mon égard et à celui de l’une de mes colistières.

 

L’injure et la diffamation publique ne constituent pas l’expression d’une opinion mais sont un délit, en France comme en Thaïlande.

 

Je rappellerai à toutes fins utiles à l’auteur ou aux auteurs de cette missive s’ils sont découverts, ainsi qu’à tous ceux qui reprendraient publiquement les allégations qu’elle contient, que l’injure et la diffamation publique ne constituent pas l’expression d’une opinion mais sont un délit, en France comme en Thaïlande.

 

Toute cette agitation déplaisante n’a évidemment pas sa place dans le contexte d’un scrutin appelé à départager démocratiquement des compatriotes résidant loin de leur sol national.

 

Si cet entretien donné à Gavroche pouvait contribuer à apaiser les esprits, j’en serais ainsi ravi.

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