La mort tragique de quatre enfants dimanche dernier lors de deux attaques armées contre des opposants au gouvernement a secoué d’horreur tout le pays. Les forces de l’ordre semblent impuissantes à stopper cette vague de terreur. Une montée de la violence pourtant prévisible alors que gouvernement et PDRC se rejettent la responsabilité et qu’aucune solution à un règlement de la crise n’est en vue.
Le royaume est toujours en état de choc après le décès de quatre enfants de 5 à 12 ans ce week-end lors d’attaques à la grenade et à l’arme de guerre contre des manifestants anti-gouvernementaux à Trat et à Bangkok. Plusieurs autres personnes ont été blessées.
Ces actes de terreur contre des civils ne sont pas sans rappeler ceux perpétués dans le sud musulman, où le mouvement d’insurrection contre le gouvernement central a déjà fait 6000 victimes depuis 2004. A Yala, le mois dernier, trois enfants ont été froidement abattus devant chez eux alors qu’ils se trouvaient en compagnie de leur père.
Si aucun parallèle n’est à établir entre le conflit du Sud et celui qui se déroule actuellement à Bangkok, tout laisse à penser que cette violence, dans un pays où les armes circulent facilement et où des groupuscules organisés agissent dans l’ombre pour le contrôle du pouvoir, pourrait s’aggraver et se prolonger.
Hier, tard dans la nuit, autour du site occupé par les manifestations à l’intersection de Silom et du parc Lumpini, des tirs et des explosions ont visé pendant près de quatre heures les quelques centaines de partisans du PDRC qui campent là. Deux gardes ont été légèrement blessés.
L’opposition dénonce le manque de sécurité et accuse la police de ne pas faire assez pour protéger les lieux de protestation de ces attaques meurtrières. Aucun assaillant n’a jusqu’à présent été arrêté. Des forces de l’ordre elles aussi dans le collimateur de ces « forces de l’ombre » qui sont intervenues lors de chacune de leur confrontation avec les manifestants. Deux policiers sont morts et plusieurs ont été blessés.
L’armée, que l’on dit proche des opposants mais qui soutient l’action sécuritaire du gouvernement dans le cadre du décret de l’état d’urgence en vigueur sur l’ensemble de la capitale, laisse agir la police sans vraiment renforcer son propre dispositif.
La montée des actes de violence de ces derniers jours n’est pourtant pas le fruit du hasard et coïncide avec l’approche des échéances judiciaires qui pourraient bien sceller le sort de Yingluck et, a fortiori, du Pheu Thai, le parti au pouvoir.
Demain, la Commission Nationale Anti-Corruption (NACC) devrait suspendre la Première ministre de toute fonction officielle pour son implication dans le programme de subventions du gouvernement aux cultivateurs de riz, programme entaché par la corruption. La décision sera alors transmise au Sénat qui devra se prononcer pour ou contre la destitution de la chef du gouvernement.
La Cour Suprême statuera de son côté dans les prochaines semaines sur le sort des députés et sénateurs de la majorité qui ont voté la loi d’amnistie générale, loi ensuite annulée par la Cour Constitutionnelle. Ils encourent une suspension de 5 ans de toute activité politique.
Les leaders des Chemises rouges, un mouvement civil pro-gouvernemental implanté principalement dans le nord et le nord-est du royaume, ont prévenu qu’ils « défendront le gouvernement » si ce dernier devait être renversé par une décision « injuste » où un coup d’Etat.
Une vague de manifestants pourrait alors déferler sur la capitale et un scénario identique à celui de 2010, quand des partisans de l’ancien Premier-ministre Thaksin Shinawatra avaient bloqué le centre de Bangkok avant d’être réprimés par l’armée (90 morts), n’est plus à exclure.