Les pourparlers sur la crise politique en Birmanie ont débuté jeudi à Bangkok, marquant une première rencontre entre les ministres des Affaires étrangères et les représentants de haut niveau de la Birmanie et de ses voisins — le Laos, la Chine, l’Inde, le Bangladesh et la Thaïlande, pays hôte.

Cette réunion, initiée par la Thaïlande, s’inscrit dans le cadre des efforts régionaux pour restaurer la paix en Birmanie. Bien qu’elle soit distincte de la réunion informelle de l’ASEAN prévue pour le 20 décembre, elle vient compléter les initiatives de l’ASEAN pour faire avancer l’application du consensus en cinq points.

Le ministre thaïlandais des Affaires étrangères, Maris Sangiampongsa, a souligné l’importance de cette première rencontre directe entre la Birmanie et ses cinq voisins, qui, inquiets des risques de déstabilisation régionale, notamment du déplacement massif de réfugiés, ont intensifié leurs efforts pour trouver une solution pacifique.

L’ASEAN, qui mène les initiatives pour instaurer la paix, a adopté en 2021 un « consensus en cinq points ». Cependant, l’armée birmane n’a pratiquement rien fait pour mettre en œuvre ce plan, frustrant les autres membres de l’organisation, au point de leur interdire la participation aux réunions de l’ASEAN.

Le consensus en cinq points appelle à un cessez-le-feu immédiat, à un dialogue national, à la médiation d’un envoyé spécial de l’ASEAN, à l’acheminement d’aide humanitaire, et à une visite de l’envoyé spécial pour rencontrer toutes les parties prenantes. À ce jour, seule une aide transfrontalière limitée, orchestrée par la Thaïlande, a connu un certain succès.

Lors de la réunion, les six pays participants ont convenu de la nécessité d’un engagement direct avec la Birmanie, soulignant l’importance de rencontres régulières pour aborder des questions telles que la sécurité aux frontières et la lutte contre la criminalité transnationale, notamment le trafic de drogues et les escroqueries en ligne.

Le ministre birman des Affaires étrangères, Than Swe, a présenté la feuille de route politique du gouvernement militaire, centrée sur les élections prévues l’année prochaine. Les opposants ont vivement critiqué cette approche, accusant la Thaïlande de mener une diplomatie contradictoire : tout en soutenant les positions de l’ASEAN, elle chercherait à réintégrer le régime birman dans les discussions régionales.

Patrick Phongsathorn, spécialiste de Fortify Rights, a dénoncé cette approche conciliatoire et a insisté sur la nécessité pour l’ASEAN de rejeter fermement les dirigeants militaires birmans et leurs élections contestées.

Chaque semaine, recevez Gavroche Hebdo. Inscrivez vous en cliquant ici.