Gavroche est triste, bien triste. Marcel Barang nous a quitté. Ce journaliste arrivé à Bangkok dans les années 80, de son vrai nom Marcel Bonnans, vivait depuis plusieurs années retiré de la communauté française, mais il continuait d’être un pilier de la littérature thaïlandaise, comme traducteur et compagnon de route de nombreux auteurs, dont le romancier Saneh Sangsuk, publié aux éditions du Seuil. Il avait aussi accompagné l’aventure éditoriale de Gavroche après avoir collaboré à Libération et fondé le magazine «Manager» dans les années 90.
Marcel Barang, qui vient de décéder, incarnait une certaine Thaïlande. Un royaume littéraire, sensible, ouvert sur le monde grâce à ses gens de lettres dont ce fin lettré était un familier. Notre dernière rencontre, à Paris, avait eu lieu en compagnie du romancier français Jean-Noël Orengo, auteur de «La fleur du capital» (Ed. Grasset). Marcel nous avait dit son admiration pour le livre et pour son auteur. Il aimait sentir la Thaïlande et ses mystères au fil des pages.
Barang était son nom de plume. La version cambodgienne de «Farang»: le blanc, l’occidental, l’étranger. Et pourtant: rares sont les français vivant en Thaïlande qui connaissaient aussi bien que lui les mœurs du «pays du sourire». Sa longue complicité avec le magnat Sonthi Limthongkul, aujourd’hui âgé de 72 ans, avait marqué ses deux dernières décennies.
Marcel avait suivi cet ancien journaliste devenu homme d’affaires dans toutes ses aventures, restant néanmoins à distance de son engagement aux cotés des «chemises jaunes».
Merci Marcel, pour nous avoir permis par tes traductions d’accéder aux auteurs thaïlandais peu connus. Tu vivais à l’écart, mais l’oreille collée sur le pouls de la Thaïlande que nous aimons. Ce pays là, cette Thaïlande de Gavroche où l’argent n’était pas encore roi, était le tien. Merci de nous avoir permis, à tes cotés, de mieux le comprendre.
Retrouvez ici un hommage à Marcel Barang, «passeur» des lettres thaïlandaises.
Et ici, l’anthologie de la littérature thaïlandaise Thai Modern Classics qu’il avait publié.
J’avais fait son portrait il y a 25 ans quand j’étais en stage au Gavroche!!!