Une récente analyse des économistes de la banque Kiatnakin Phatrax met en lumière les défis croissants auxquels le royaume est confronté en matière de gestion budgétaire. Le nouveau cadre budgétaire à moyen terme de la Thaïlande (MTFF) pour 2025-2029 révèle une trajectoire préoccupante pour la dette publique selon eux.
Retard dans la consolidation budgétaire
Le MTFF prévoit que la dette publique du pays pour la période 2025-2029 dépassera les 69 % du PIB d’ici l’exercice 2029. Tandis que le déficit budgétaire devrait rester supérieur à 3 % du PIB tout au long de cette période. Ce retard par rapport aux objectifs précédemment fixés — à savoir ramener le déficit sous les 3 % dès 2024 et atteindre un budget équilibré à long terme — suscite des préoccupations concernant l’efficacité des mesures de consolidation budgétaire et, par extension, la viabilité de la dette publique.
L’héritage de la crise COVID-19 : une dette publique en forte hausse
En raison des mesures de relance mises en place pour faire face à la crise de la COVID-19, la dette publique de la Thaïlande est passée de 40 % à 60 % du PIB, contraignant le gouvernement à relever le plafond d’endettement autorisé par la loi à 70 %. Bien que ces mesures aient joué un rôle crucial dans le soutien de l’économie pendant la crise, la persistance de déficits budgétaires importants menace désormais la flexibilité budgétaire future du pays, limitant sa capacité à réagir face à de nouveaux chocs économiques.
Faiblesse des recettes fiscales : un frein à la consolidation
L’analyse révèle également la faiblesse du ratio des recettes fiscales par rapport au PIB, qui est désormais inférieur à 15 %. Ce chiffre met en évidence les difficultés du gouvernement à collecter les impôts et souligne l’ampleur de l’économie informelle. La résistance politique à une augmentation de la TVA, couplée à une base fiscale étroite, aggrave la situation, limitant ainsi la capacité du gouvernement à générer une croissance durable des recettes.
Le défi démographique : le poids croissant des dépenses sociales
Avec le vieillissement de la population, les dépenses sociales, qui représentent actuellement 29 % des dépenses totales, continuent d’augmenter, notamment en raison de la hausse des coûts des soins de santé, de la sécurité sociale et des retraites. Combinées à l’augmentation des paiements d’intérêts sur la dette, ces pressions budgétaires réduisent laissent peu de marge de manœuvre pour des investissements en capital, essentiels pour stimuler la croissance économique.
Un exercice de viabilité de la dette révélateur
Le MTFF du gouvernement table sur une stabilisation de la dette publique sous le seuil de 70 % du PIB. Cependant, les hypothèses sous-jacentes à cette prévision – une croissance du PIB supérieure à 4 % et une réduction du déficit à moins de 3 % du PIB – apparaissent optimistes aux yeux des analystes. Dans un scénario de croissance plus lente ou de stagnation des recettes, la dette publique pourrait dépasser ce plafond dès 2027.
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