L’économie thaïlandaise entre dans une zone de turbulences. À la faiblesse persistante de la demande intérieure et à un secteur touristique en perte de vitesse s’ajoute désormais un nouveau choc commercial : l’annonce, début avril, d’un tarif douanier réciproque de 36 % par les États-Unis, bien que temporairement suspendu, ravive les incertitudes. En réponse, les analystes abaissent leur prévision de croissance du PIB pour 2025, de 2,3 % à 1,7 %.
Un choc tarifaire au moment le moins opportun
L’impact économique immédiat provient de la baisse attendue des exportations vers les États-Unis. Si le secteur clé de l’électronique bénéficie pour l’instant d’une exemption provisoire, l’effet domino pourrait se faire sentir à travers une réduction des investissements, une demande mondiale plus faible, et une prudence accrue du secteur privé.
Des négociations à l’issue incertaine
Le coût économique global dépendra largement du résultat des négociations bilatérales visant à réduire les tarifs. Bangkok a proposé d’accroître ses importations de produits américains, mais les secteurs sensibles comme la viande de porc ou les produits laitiers pourraient cristalliser les tensions, limitant les marges de manœuvre. De plus, des garanties sur les transbordements chinois pourraient être exigées, compliquant encore le processus.
Une économie vulnérable au ralentissement mondial
Forte dépendante des cycles économiques internationaux, la Thaïlande reste particulièrement exposée aux chocs externes. Historiquement, une baisse de 1 % du PIB mondial se traduit par un recul de 0,6 % de la croissance thaïlandaise. Le scénario de base intègre déjà un impact de 0,2 point de pourcentage dû à la baisse de la demande extérieure, mais les risques restent orientés à la baisse en cas de dégradation du climat économique mondial.
Une réponse monétaire attendue, mais aux marges limitées
Face à ce contexte, une réponse de la Banque centrale est attendue. Trois baisses de taux d’intérêt sont envisagées sur les 12 prochains mois, portant le taux directeur à 1,25 %, à commencer par la réunion du comité de politique monétaire du 20 avril. Le gouvernement explore par ailleurs un recours accru à l’investissement public, notamment dans les infrastructures, mais les contraintes budgétaires freinent les ambitions. Une révision du plafond de la dette publique pourrait devenir inévitable d’ici deux ans.
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