L’industrie automobile thaïlandaise montre des signes de reprise après une période prolongée de déclin, mais le redressement reste fragile malgré le soutien gouvernemental. À la veille de l’ouverture du Salon international de l’automobile de Bangkok, plusieurs dirigeants du secteur ont déclaré que cette industrie, évaluée à 1,7 billion de bahts, semblait avoir « touché le fond ».
Une industrie sous pression, mais en quête de rebond
Véritable hub automobile régional, la Thaïlande accueille les principaux constructeurs mondiaux, tels que Toyota et Honda, ainsi que des marques chinoises spécialisées dans les véhicules électriques, comme BYD, Great Wall Motor et Zeekr. Toutefois, la reprise du secteur reste timide.
En février, les ventes nationales de voitures ont reculé de 6,7 % sur un an, une baisse moins marquée qu’en janvier (-12,3 %), selon la Fédération des industries thaïlandaises (FTI). La production automobile a chuté de 13,6 %, à 115 487 unités, après un plongeon de 24,6 % en janvier. Parallèlement, les exportations ont diminué de 8,3 %, à 81 323 unités, pénalisées par la concurrence croissante des marques chinoises et l’entrée en vigueur de nouvelles normes d’émissions sur certains marchés.
L’accès au crédit demeure un frein majeur, avec un taux de rejet des prêts automobiles atteignant 70 %, conséquence d’un endettement des ménages thaïlandais équivalent à 89 % du PIB.
Perspectives : des ajustements stratégiques pour relancer le marché
Malgré ce contexte difficile, la FTI prévoit une croissance de 2 % de la production en 2025, après un effondrement de 20 % en 2024, ramenant la production à son plus bas niveau en quatre ans.
Les ventes locales, tombées à leur plus faible niveau en 15 ans en 2024 (572 675 véhicules), pourraient rebondir et atteindre 600 000 unités cette année. En comparaison, lors du pic de 2012, boosté par un programme d’aides pour les primo-accédants, 1,44 million de véhicules avaient été vendus.
Un salon de l’automobile sous haute surveillance
Le Salon international de l’automobile de Bangkok, qui se tient du 26 mars au 6 avril à Impact Muang Thong Thani, joue un rôle clé dans la relance du secteur, générant en moyenne 50 000 commandes de voitures chaque année. Face à la morosité du marché, les constructeurs misent sur des réductions de coûts et des campagnes promotionnelles agressives pour stimuler les ventes.
Les mesures de soutien gouvernementales, comme les incitations fiscales pour les véhicules hybrides rechargeables et les garanties de crédit pour les camionnettes, devraient également contribuer à stabiliser le secteur.
Le segment du luxe et l’essor des marques chinoises
Certains acteurs restent optimistes, notamment Zeekr, qui vise une multiplication par cinq de ses ventes en Thaïlande cette année, pour atteindre 5 000 unités. Son directeur régional pour l’Asie du Sud-Est reconnaît toutefois que le marché global reste incertain.
De son côté, Mazda Thaïlande, par la voix de son PDG Thee Permpongpanth, s’attend à une stabilisation du marché avec des baisses de ventes moins marquées cette année.
Malgré ces ajustements, la reprise de l’industrie automobile thaïlandaise dépendra de multiples facteurs : l’évolution de la demande intérieure, l’accès au crédit, la dynamique des exportations et la stratégie des constructeurs face à une concurrence chinoise toujours plus agressive.
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