Merci à nos lecteurs d’avoir été nombreux à répondre à l’invitation du Balzac pour la présentation de l’universitaire Eugénie Mérieau. Nous publions ici l’un des réactions d’un habitué de Gavroche, que nous remercions.
La librairie – café Balzac a été bien inspirée en invitant Madame Mérieau que nous remercions pour sa conférence. La thématique consistant à envisager un système politique aux prismes de l’autre n’a pas manqué d’interroger et de surprendre.
La problématique sous-jacente reposait sur les circulations, les allers et retours explicites ou implicites de dispositifs institutionnels, en particulier les cours constitutionnelles et les régimes d’exception entre pays.
L’approche de la conférence était bornée à la Thaïlande et la France de la IVème République pays entre lesquels furent envisagés des exemples d’internationalisation du droit et particulièrement, au delà du rôle des juristes français et belges dans la rédaction de certains codes, dans ses dimensions contemporaines les plus opposées à la démocratie quand bien même elles s’en revendiquent. La comparaison avec la Suisse ou l’Allemagne ou le royaume -Uni (qui ignore l’existence d’une cour constitutionnelle) aurait-elle permis d’étayer la thèse ?
Si la comparaison permet des rapprochements encore faut-il justifier du choix des éléments sélectionnés et en faire l’histoire. Faute de quoi on s’expose à des analyses superficielles centrées sur les formes, « comparaison n’est pas raison »… Que les phénomènes d’évolutions parallèles dans le sens choisi soient incontestables, encore aura t-il fallu expliquer les mécanismes plus profonds, internes des rapprochements envisagés. S’en tenir au constat de circulations et d’emprunts d’idées à la façon hégélienne auquel la conférencière dit se référer, manque le substrat plus matériel de ces évolutions. Faut-il les rechercher dans des approches plus économiques et une analyse, sans doute renouvelez, des circulations, économiques et financières ? La mondialisation et le mondialisme dont l’Union Européenne est un élément constitutif offre de nombreux exemples de constats et de réflexions. L’approche comparative qui se borne à des rapprochements risquent de rater la profondeur historique des évolutions et leurs contextes.
D’où cette surprise de vouloir considérer les » États d’exception » inhérents à la démocratie même (les analyses de Giorgio Agamben sont lumineuses) et que le droit français consacre effectivement (lois, constitutions, jurisprudences du Conseil constitutionnel et du Conseil d’État, etc.) comme un régime juridique d’ »apartheid ». A t-on ignoré que le concept repose sur une conception raciale des rapports sociaux et du politique ? Je crains qu en s’engageant dans cette voie on n’ai fait quelques concessions au « wokisme » universitaire ambiant.
Nous espérons que la librairie-café Balzac renouvelle ces cérémonies qui nous replongent avant Balzac dans les salons de Diderot…
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