Une dépêche de l’agence Reuters pose, ce vendredi 11 septembre, la question qui fâche les autorités thaïlandaises: «Illegal thoughts’: how some exiled critics of Thai king are fuelling a revolt» (Pensées illégales: comment les critiques en exil alimentent la révolte). Cette question recoupe, en France, les préoccupations de l’Ambassade de Thaïlande à Paris. L’historien Somsak Jeamteerasakul, l’activiste Jaran Ditapichai, l’activiste transgenre Aum Neko, les musiciens du groupe Fayien… Que faut il penser de leurs interventions publiques ?
La dépêche de l’agence Reuters, dont nous reproduisons ici seulement un extrait, pose les termes du débat. «L’ancien diplomate Pavin Chachavalpongpun et l’historien Somsak Jeamteerasakul n’ont pas participé à l’organisation d’une récente série de manifestations et ne montrent aucun signe de collaboration, mais certains manifestants ont déclaré que leurs écrits et leurs messages sur les médias sociaux ont contribué à lever le tabou sur la remise en cause de la monarchie, qui est punie de jusqu’à 15 ans de prison en vertu de la loi thaïlandaise sur la lèse majesté».
Une préoccupation relayée, selon plusieurs diplomates français, par l’ambassade de Thaïlande à Paris, inquiète des appels à «changer le système» formulés par des personnes disposant, en France, du statut de réfugiés ou de la nationalité française.
Des réformes plus qu’un changement de système
La réalité est que les manifestations qui secouent aujourd’hui le royaume sont avant tout menées par des protestataires basés dans le pays, outrés de l’attitude du gouvernement vis à vis de l’opposition. L’autre réalité est que ces protestataires thaïlandais, peut être inspirés par certains porte-parole à l’étranger, plaident pour des réformes plus que pour un changement radical de système.
N’oublions pas non plus que la liberté d’expression, en France, protège ceux qui n’en font pas un outil de diffamation ou d’insulte.
Gavroche a, à plusieurs reprises, informé ses lecteurs sur les initiatives prises par les activistes thaïlandais en France. Nous continuerons de le faire. Comme nous continuons de donner la parole aux représentants du gouvernement, et de relater les inquiétudes des défenseurs de ce «système» aujourd’hui malmené.
Notre réponse à la question «Les activistes thaïlandais dans l’hexagone sont-ils dangereux pour le royaume ?» est simple: les autorités thaïlandaises ont toute latitude pour répondre aux critiques, y compris celles formulées à l’étranger. Présenter quelques activistes comme un danger pour la société, alors que la machinerie bureaucratique et militaire leur fait face, mérite, en soi, une réflexion.
Retrouvez ici la dépêche de l’agence Reuters.
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