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THAÏLANDE – FRANCE : Victoire pour les parents d’un enfant thaïlandais

Date de publication : 29/03/2024
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Tribunal administratif de Strasbourg

 

Gavroche ouvre ses colonnes à ses lecteurs. Pascal Baum, père d’un enfant franco-thaïlandais mort à la naissance nous a adressé cet article de France 3. Nous le reproduisons ici.

 

Onze ans de procédure, et au bout la condamnation du centre hospitalier intercommunal de la Lauter-Wissembourg pour prise en charge fautive. Une négligence aggravée qui a coûté la vie à un enfant né prématurément en juin 2013. Ses parents viennent d’obtenir “réparation”. Une victoire en demi-teinte. Ils restent persuadés que l’institution aura tout mis en œuvre pour les faire abandonner leur combat.

 

C’est l’histoire d’un enfant né prématurément et qui n’aura vécu que quatre jours. Par négligence médicale. La justice vient de le reconnaître. La 5ᵉ chambre du tribunal administratif de Strasbourg a rendu sa décision le 17 janvier dernier et reconnu deux fautes du centre hospitalier intercommunal de la Lauter-Wissembourg : une mauvaise prise en charge de la mère par la sage-femme de garde, puis une mise en relation tardive avec le centre hospitalier spécialisé dans la prise en charge des grands prématurés.

 

Pour les parents, après 11 ans de procédure, cela pourrait sonner comme une victoire. Une reconnaissance finale de leur statut de victimes. Pourtant, Pascal Baum reste amer, meurtri. Et désemparé par tout ce que le couple a, dit-il, vécu, des “interrogatoires à charge”, des “pertes de dossier.” Avec le sentiment de s’être battu contre une institution “où tout le monde se serre les coudes.”

 

Pascal Baum parle beaucoup, veut tout raconter avec parfois trop de détails. “Je suis sûr qu’ils ont voulu nous faire abandonner.” Et il ajoute, “j’ai gardé toutes les preuves”. Comme un combat qui ne trouve pas sa fin. Pourtant, la justice a donné raison aux parents. Oui, il y a eu double négligence. Le petit Stéphane est décédé des complications d’un accouchement mal organisé.

 

Une naissance précipitée

 

L’enfant aurait dû naître à Strasbourg, dans une clinique privée, au mois d’août 2013. Mais lors d’une fête de famille pour célébrer les 90 ans de la grand-mère de Pascal Baum, son épouse Savitree est prise de douleurs. Le couple se rend au plus près, à la maternité de Wissembourg, où la jeune femme n’est pas auscultée. Elle repart avec des conseils de repos et de prise de spasfon. Mais les douleurs persistent, le couple retourne en catastrophe à la maternité où l’enfant naît peu avant minuit avec deux mois d’avance. Un prématuré fragile “même s’il pesait près de trois kilos”, affirme le père.

 

Le nouveau-né n’est transféré au centre hospitalier spécialisé dans la prise en charge des grands prématurés (aux HUS à Strasbourg) qu’au petit matin. Il vivra quatre jours. “Ce retard a compromis les chances d’obtenir une amélioration de l’état de santé du bébé”, est-il écrit dans le jugement. Onze ans après la première plainte du père pour “mise en danger d’autrui”, alors que l’enfant respirait encore. “Tous les experts ont dit par la suite que c’était un nouveau-né viable”, commente Pascal Baum.

 

Partir en justice contre l’hôpital est un long combat. Les époux Baum en ont fait l’expérience. Leur avocat les avait mis en garde à l’époque. Mais Me Bettcher (décédé depuis) a accepté de mener la bataille. Et le père assure qu’à Hautepierre c’est “une infirmière qui nous a suggéré de porter plainte.” Et il aura fallu plus d’une décennie pour qu’une faute soit enfin reconnue.

 

C’est nous les victimes et on a essayé de nous rendre coupables. Pascal Baum, père de l’enfant décédé

 

Pascal Baum ne peut s’empêcher de penser que l’État ne les a pas protégés. “C’est nous les victimes et on a essayé de nous rendre coupables, d’expliquer que c’est nous qui avions mal agi.” Le couple a donné par la suite naissance à une petite fille âgée aujourd’hui de 9 ans. Pascal Baum a réussi à relancer son activité d’artisan. Mais la reconstruction semble bien difficile. Le ton de sa voix n’est pas apaisé. Il parle en homme traqué. “J’aurais aimé pouvoir faire confiance. Alors que personne ne nous a aidés. On s’est sentis délaissés, comme des non-concitoyens”, conclut Pascal Baum.

 

Pour finir, la 5ᵉ chambre du tribunal administratif de Strasbourg a reconnu les fautes et condamné l’hôpital de Wissembourg à verser des dommages pour réparer les différents préjudices reconnus. Des sommes (30 000 euros environ) que l’avocat de la famille, Me Arthur Claude, trouve “un peu légères”. Le couple fera très probablement appel sur ces montants. Mais, même augmentées, les réparations ne seront “que financières. Les professionnels qui ont commis les négligences n’ont pas été inquiétés.” La procédure pénale instruite dans un premier temps après le décès de l’enfant avait en effet abouti à un non-lieu.

 

Contacté, le centre hospitalier intercommunal de la Lauter-Wissembourg fait savoir qu’il ne fera pas appel de la décision. Quant aux parents, ont-ils un dernier message à faire passer ? Oui. “Que les victimes portent plainte, qu’elles ne se disent pas que ça ne sert à rien.”

 

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