Dernier né des marchés de nuit à Bangkok, le Gypsy Market est promis à un bel avenir tant pour son emplacement, son offre en objets vintage et surtout son style, qui lui donne un atout de taille par rapport à ses concurrents.
Les marchés de nuit en Thaïlande sont légion et certains, dans la capitale, font presque partie du patrimoine. Que ce soit Chatuchak, J.J. Green, le Rod Fai (sur Srinakarin Road) ou le plus intimiste marché de nuit de Saphan Phut, tous attirent une foule imposante de chineurs qui se pressent pour trouver la bonne affaire ou pour profiter de l’animation de ces lieux si singuliers.
Le Gypsy Market est le moins connu de tous. Situé le long d’une voie ferrée, non loin de la gare ferroviaire de Bang Sue et sous la future ligne Purple du MRT en pleine construction, le marché s’étale sur plus d’un kilomètre et demi. Sur toute sa longueur et sous les jupes bétonnées du métro, s’alignent une succession de petites échoppes aux toits frôlant la structure du métro, leurs murs recouverts de planches de bois.
Un style et des objets 100% vintage
Au Gypsy Market, les commerçants n’ont pas fait les choses au hasard. Bien au contraire. Les bicoques ressemblent ici plus à des saloons de l’Ouest américain qu’à des échoppes traditionnelles, un petit bout d’Ok Corral en plein Sud-Est asiatique. Certains jouent le jeu jusqu’au bout en ajoutant des parures d’indiens, des trophées factices de têtes d’animaux, des chapeaux de cowboy, des lassos… Le bois de récupération peint donne une patine à l’ensemble alors que toutes ces constructions sont récentes.
L’allée principale est peu éclairée, à l’inverse des échoppes qui apparaissent comme des îlots de lumière où l’on peut distinguer facilement toute la marchandise exposée. Et il y en a beaucoup, même si en grande majorité les produits vintage ont été favorisés. C’est sans doute là que réside l’autre particularité du Gypsy Market : ce choix manifeste d’objets datant des années 50 aux années 80 et surtout d’origine occidentale. Un vrai bonheur pour les chineurs et pour tout ceux qui sont à la recherche d’un élément singulier pour la décoration ou pour l’habillement.
On trouve de tout : des disques vinyles, des bibelots, des ustensiles de cuisine, des appareils électro-ménagers, des instruments de musique, des meubles de rangement, des chaises, des pancartes publicitaires des années 50 ou encore des enseignes de marques de bière ou de matériel informatique… Quelques boutiques de vêtements, de tee- shirts, jeans seconde main ou non, chaussures, etc complètent ce déballage éclectique au possible.
Si le choix est donc très vaste, le plus dur reste, comme souvent, à démêler le vrai du faux. Car le souci est là : avec le « vintage », on ne sait jamais avec certitude si l’on achète un objet d’époque ou un objet neuf volontairement vieilli, ou encore fabriqué de telle manière qu’il ressemble à s’y méprendre à un objet d’époque. On peut ainsi acquérir un article neuf sans pour autant que celui-ci soit une copie, le vintage étant une catégorie mal définie, chacun semblant y mettre un peu ce qu’il veut. Les prix restent toutefois abordables et les vendeurs toujours prêts à prendre le temps pour négocier.
A côté des boutiques, tout le long de l’allée principale du marché, se trouvent des vendeurs occasionnels et leurs véhicules qui sont, eux, tous certifiés vintage. En premier lieu, on retrouve les fameux combis Volkswagen. C’est depuis les années 60 le véhicule hippy par excellence. Certains sont dans leur jus, cabossés, fatigués par des années de route ; d’autres refaits à neuf, voire transformés en bar. Le marché est en fait essentiellement tourné vers les véhicules en tout genre de marque Volkswagen : voitures avec l’inévitable Coccinelle, petits camions et surtout motos. À l’entrée, sont exposés quelques véhicules de collection, toujours de la célèbre marque allemande, notamment avec des modèles célèbres tels que la Karmann Ghia, la VW 1500 S, ou bien encore la VW 411. Nombreux sont ceux qui se prennent en photo à côté de ces petits bolides dignes des films des années 60.
Très peu fréquenté par les touristes
Les visiteurs sont essentiellement thaïlandais, les étrangers se faisant très rares. Certains profitent de cette soirée de chine pour aller dîner et se divertir dans l’un des restaurants ou bars situés le long de l’allée. La nourriture est essentiellement locale, même si l’on peut trouver quelques plats « western ». L’ambiance est festive, les gens peuvent profiter de terrasses ou de salles largement ouvertes vers l’extérieur. Quelques bars proposent des concerts rock, avec une musique et un volume sonore parfois tonitruants. Dans ce cas, certains se réfugient à l’arrière des établissements où une contre-allée étroite surplombant un petit khlong a été aménagée avec des tables et des chaises.
La densité de visiteurs est peu élevée. C’est un des gros avantages du Gypsy Market, il est encore peu connu et pas encore inscrit dans les guides à forte audience. On peut ainsi circuler facilement d’un lieu à un autre. Il faut dire que pour s’y rendre, il n’y a pas encore de transport public direct. La première étape est le MRT, jusqu’au terminus Bang Sue. De là, deux possibilités : soit prendre un taxi pour une course d’environ 70 bahts, soit le bus n°16, 30, 50, 65 ou 97. Dans tous les cas, attention à l’heure du retour, le dernier métro partant à 23h25.
Mais le Gypsy Market ne restera pas longtemps à la marge des transports en commun puisqu’il se trouve au croisement des futurs réseaux du SRT (State Rail-way Of Thailand) et du MRT avec la ligne Purple et le prolongement de la ligne actuelle. Il profitera également de la transformation de la gare ferroviaire centrale Hua Lamphong en musée, d’ici quelques an- nées, au profit de la nouvelle gare centrale de Bang Sue. Se rendre aujourd’hui au marché Gypsy est aussi une occasion de découvrir un quartier en devenir et demeure une belle opportunité pour dénicher l’objet surprise ou l’objet tant désiré. Ce marché nocturne, ouvert dès le jeudi soir à partir de 19 heures jusqu’à 1h du matin le dimanche, a donc encore de belles nuits devant lui !
Stéphane Courant
