London Escorts sunderland escorts
Home Accueil THAÏLANDE – HISTOIRE : Pour la plus grande foire de Dieu…

THAÏLANDE – HISTOIRE : Pour la plus grande foire de Dieu…

Date de publication : 25/12/2024
0

 

Xavier Galland, auteur du « Que Sais-je ? n°1095, Histoire de la Thaïlande », partageait chaque mois dans notre magazine le portrait d’une personnalité ayant marqué l’histoire du royaume de Siam. Découvrez ou redécouvrez ici cette chronique historique captivante.

 

Le jésuite Guy Tachard est le seul personnage d’importance à avoir participé aux deux ambassades que Louis XIV envoya au Siam : celle du chevalier de Chaumont en 1685 et celle de Simon de La Loubère deux ans plus tard.

 

Personnage singulier que ce révérend père Tachard. Jésuite et mathématicien compétent, son intelligence et ses voyages n’ont à l’évidence pas élargi son esprit. Son fanatisme et son goût de la manipulation créeront tensions sur tensions au sein des deux ambassades auxquelles il participe (trois, si l’on inclus celle de Naraï à Louis XIV).

 

Quand il quitte la France pour le Siam aux côtés de Chaumont (1685), il a 34 ans et a déjà voyagé aux Antilles. Il fait partie d’une délégation de six jésuites mathématiciens dont la mission est de rejoindre finalement la Chine afin d’y recueillir des informations pouvant être utiles à la France ou à la religion. Tachard est leur supérieur et la vie dans son entourage ne doit pas être bien folichonne si l’on en croit Choisy qui note qu’il est « toujours avec les matelots » pour, entre autres interférences dans leur comportement, « les empêche[r) de jurer ». Un vrai bonnet de nuit.

 

Tachard n’ira jamais en Chine. Il sera même le seul des six jésuites à rentrer en France avec Chaumont, investi de deux missions : l’une officielle, l’autre plus occulte. Souhaitant installer un observatoire à Lopburi, le roi Naraï demande en effet à Tachard d’aller chercher en France les astronomes dont il a besoin. Mais Phaulkon, le Premier ministre grec de Naraï, a lui aussi chargé le jésuite d’une mission, secrète celle-ci, et d’autant plus délicate d’ailleurs que Chaumont et Choisy l’avait préalablement refusée.

 

L’idée du Grec est la suivante : donner aux Français le contrôle de la forteresse de Bangkok en échange d’un envoi de troupes, d’ingénieurs et d’argent.

 

Le Siam – et Phaulkon personnellement – ayant plus à gagner que la France, il avait été dit à Tachard exactement ce que celui-ci voulait entendre et on lui avait fait miroiter les possibilités de prosélytisme chrétien auprès de la population, et du roi lui-même, que cet accord ne manquerait pas de créer. Cela avait été suffisant pour flatter l’esprit missionnaire et intrigant du jésuite qui s’improvise alors diplomate et géopoliticien alors qu’il n’entend rien à ces deux disciplines.

 

Fanatique et crédule, borné et ambitieux, Tachard se prend au jeu de Phaulkon et joue les éminences grises. Se donnant l’impression de tirer les ficelles dans l’ombre, il ne réalise pas qu’il est la marionnette du Grec. Néanmoins, convaincu du bienfondé de son entreprise, il parvient, à force de manœuvres et de dénigrement de Chaumont, à se concilier l’attention du marquis de Seignelay, ministre de la Marine. Sur ses agissements, une nouvelle ambassade est mise sur pied à laquelle Tachard prend part. Il n’est officiellement investi d’aucune mission diplomatique particulière mais il a reçu des instructions secrètes et, se croyant le véritable pivot de l’entreprise, n’hésite pas à s’immiscer dans le jeu des négociations et à saper le travail des Envoyés Extraordinaires de Louis XIV, Simon de la Loubère et Claude Céberet du Boullay.

 

Suffisant et arrogant, le jésuite a la fatuité de ne pas garder pour lui ce sentiment de supériorité mais de l’étaler au grand jour sans, bien sûr, rien révéler. Le côté « je sais ce que je sais mais je ne dirai rien ». Bien évidemment, cette attitude passe plutôt mal auprès des responsables officiels de l’ambassade et les relations deviennent vite exécrables au sein de l’expédition française, composée de six navires de guerre et de 630 militaires commandés par le comte de Forbin.

 

Une fois de plus, à force d’intrigues et avec l’aide de Phaulkon, Tachard parvient à se gagner les faveurs de Naraï qui lui confère le titre d’ambassadeur extraordinaire du roi de Siam avec lequel il rembarque de nouveau pour la France.

 

Le rêve français, et celui de Tachard en particulier, tourne cependant court en 1688 quand le roi Naraï meurt et que son successeur, Phetracha, chasse les Français du Siam après avoir fait exécuter Phaulkon. En 1690, le jésuite tentera de retourner au Siam, mais Phetracha lui refusera l’autorisation, le contraignant à faire demi-tour et à rentrer en France.

 

Il revient finalement au Siam en 1699 mais la situation n’est plus du tout la même et l’aventure française a incontestablement fait long feu. Tachard meurt à Chandernagor en 1712 au cours de son cinquième voyage en Asie.

 

Chaque semaine, recevez Gavroche Hebdo. Inscrivez vous en cliquant ici.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Les plus lus