De nombreux lecteurs de Gavroche ont sans doute découvert, dans notre courrier des lecteurs, l’hommage à notre ami Marcel Barang d’Eric Sayettat, ancien responsable du service économique de l’Ambassade de France à Bangkok. La qualité de son témoignage justifie de le publier comme un article à part entière. Gavroche se réjouirait que d’autres amis de Marcel se manifestent, pour que sa mémoire vive au delà de sa disparition.
Un témoignage d’Eric Sayettat
Marcel et moi nous sommes connus dans l’atmosphère lourde et poussiéreuse de Hanoï en 1985 ; il avait miraculeusement obtenu un visa mais les hôtels de l’époque étant ce qu’ils étaient…, il était venu loger chez moi.
Il me rendit la politesse à Bangkok, soi Saint Louis, puis nous nous sommes rencontrés plus souvent au moment du lancement de Manager et enfin, après une longue éclipse, devant un Ricard à la terrasse de l’Oriental, il y a quatre ans.
Marcel aimait le Ricard et l’Oriental, cela résume un peu les idées et l’élégance d’un journaliste sans concession, fidèle aux idéaux trotskistes de sa jeunesse et soucieux de perfection. Il pouvait rester des mois à n’écrire et parler que l’anglais et le thaï mais quand nous nous retrouvions devant son plat préféré (la cervelle d’agneau d’Himalichacha) son français était sans faute, toujours précis et jamais hésitant. Ses souvenirs d’une Thaïlande désormais transformée (certains diraient déformée) et d’un Cambodge enseveli gardaient toute leur clarté.
Marcel était une mémoire de l’évolution régionale sur un demi siècle. Sa fille peut être fière de lui comme il l’était d’elle.
Adieu Marcel !