Petit village de pêcheurs du Golfe de Thaïlande, Huai Yang attire, depuis une dizaine d’années, de plus en plus d’étrangers qui viennent s’y installer. Bienvenue dans ce qu’on appelle désormais « la petite Suède ».
Avec ses longues plages de sable blanc et son eau cristalline, Huai Yang, paisible village de pêcheurs situé à 320 kilomètres au sud de Bangkok, offre toute la quiétude que peuvent rechercher les voyageurs. Ici, pas de grandes surfaces, pas de bars, juste quelques restaurants et échoppes pour trouver l’indispensable. Dans les ruelles bordées de maisons traditionnelles, entre palmiers et champs d’ananas, on tombe pourtant sur des lotissements de maisons et appartements plus luxueux destinés à un public principalement suédois.
Tout commence en 2002, lorsque Thailand Fastigheter décide de construire des logements répondants aux normes européennes, voire « suédoises ». Car c’est bien l’objectif de cette société immobilière : viser le marché scandinave. Malgré les craintes de retombées néfastes suite au tsunami de 2004, le succès est vite au rendez-vous et 230 maisons sont vendues en 2005. Aujourd’hui, ce sont près de 600 familles qui ont acquis un logement à Huai Yang, sans compter les personnes qui préfèrent opter pour la location. En effet, nombreux sont les Suédois à préférer louer plutôt qu’acheter en raison de la difficulté d’accéder à la propriété en Thaïlande, de l’incertitude politique du pays, des difficultés de visa et du prix à la location qui reste « bon marché » pour un portefeuille suédois. Car il est vrai qu’à Huai Yang, les prix à l’achat sont élevés (de 50 000 euros pour une maison dans le village à 580 000 euros pour une villa sur la plage !).
N’est-ce pas « too much » ?
Une question qui vient inévitablement à l’esprit, c’est de savoir quel est l’intérêt de venir en Thaïlande si ce n’est que pour se retrouver avec d’autres personnes de son pays ? « Bien sûr, avec mon mari, on s’est posé la question, reconnaît Kristina, une mère de deux jeunes enfants. Ce n’est pas qu’on veuille rester juste entre nous, mais ici, finalement, on retrouve toutes les facilités et le confort. Avec de jeunes enfants, c’est important et puis c’est bien pour eux aussi de se trouver des amis qui parlent la même langue. Les Suédois ne sont pas des gens fermés, bien au contraire, peut-être juste un peu timides ». La famille avait entendu parler de Huai Yang à la télévision. « On revient d’un voyage de trois mois en Inde. C’est ce qu’on voulait, un endroit calme, paisible,pour se reposer, surtout avec les enfants, ajoute le mari de Kristina. On n’a pas été déçu et puis on se sent quand même en Thaïlande, c’est un village typique, les gens sont accueillants, souriants ».
Lars, lui, vient d’acheter une maison avec sa petite amie, son beau-frère et sa belle-sœur : « On a acheté une maison à partager en quelque sorte. Chacun peut y venir quand il veut, surtout en hiver, pour échapper un peu au froid en Europe. Je connais bien ce village, mes parents y ont une maison depuis long- temps. Même s’il y a beaucoup de Suédois ici, ce n’est pas non plus touristique. Rien à voir avec Phuket ou Hua Hin. C’est ça qu’on cherchait, vivre dans un village thaïlandais, au bord de la plage, au calme et en famille. »
Cette concentration de Suédois (entre 1000 et 3000 – les chiffres sont vagues – durant la haute saison) refroidit un peu les autres étrangers, principalement des Norvégiens, Danois et Russes qui ne représenteraient qu’à peine 10% de la population « farang » de Huai Yang. Bengt, un Suédois qui vit là depuis presque huit ans les comprend : « Qui aurait envie de venir s’installer dans un lotissement de quinze maisons avec autour de soi que des gens qui parlent suédois ? Oui, ça manque de mixité. Après, c’est juste pour cinq mois, de novembre à mars. Le reste de l’année, nous ne sommes plus qu’une quinzaine à vraiment vivre ici, avec de nouveau un petit pic de fréquentation en juillet et août ».
Côté thaïlandais, les avis sont plus partagés au sein de cette commune de trois mille habitants. Il y a d’un côté ceux qui d’une manière ou d’une autre bénéficient des avantages liés à la présence des étrangers – les commerçants, les restaurateurs, l’unique agence de voyage… – et puis il y a les autres, les pêcheurs surtout, qui eux n’en tirent pas d’avantages et se retrouvent juste envahis de touristes de novembre à mars. Les petites maisons en bois face aux villas de luxe laissent une impression étrange de deux mondes qui se côtoient mais ne se mélangent pas.
Que faire à Huai Yang ?
A Huai Yang, on y vient surtout pour ses kilomètres de plages désertes, de longues étendues de sable blanc. On y vient aussi pour le côté nature. Juste au nord de la ville se trouve le parc national de Wanakorn, ainsi que le parc scientifique de Wakor. A l’ouest, en direction de la chaîne montagneuse birmane, le parc national de Huai Yang est surtout connu pour ses cascades sur cinq niveaux. Koh Talu et Koh Jarn, deux îles proches du village, offrent la possibilité d’observer les coraux et de faire de la plongée. Et puis il y a les marchés de Huai Yang, celui du mercredi après-midi et un plus grand le samedi matin.
Pour le reste, le village dispose de toutes les facilités habituelles, avec une vingtaine de restaurants, blanchisserie, internet café, massages, coiffeur, épiceries. Seulement de petites échoppes, pas même un 7 Eleven, et pour cause, la ville ne fonctionne réellement que cinq mois par an. Pour le shopping, Hua Hin n’est qu’à une heure trente de route. Côté guest-houses, l’offre est par contre plus limitée. Ici, on parlera plutôt de resorts ou d’hôtels avec des prix plus élevés. Trouver une chambre pour moins de 600 ou 800 bahts est pour ainsi dire impossible, qui plus est lors des longs week-ends et jours fériés, car le tourisme local arrive ici aussi tout doucement : des Thaïlandais venu échapper à l’affluence de Hua Hin et de Prachuap Khiri Khan. Catherine Vanesse (www.gavroche-thailande.com)
Comment se rendre à Huai Yang ?
L’idéal pour se rendre à Huai Yang est d’atterrir à Bangkok (vous pouvez comparer les vols pour Bangkok via ce site), puis de prendre un train jusqu’à Prachuap Khiri Khan. De là, il faut continuer en taxi pour les derniers 20 kilomètres qui vous séparent de Huai Yang.