En dépit de la crise économique mondiale de 2009, et d’une grave crise politique en 2010, le secteur de l’immobilier se porte plutôt bien. Le point sur l’évolution du marché dans la capitale thaïlandaise. Les clefs pour bien choisir, analyse et perspectives, les pièges à éviter… Un dossier complet mieux vendre, mieux louer, mieux acheter.
La province de Bangkok, avec ses douze millions d’habitants sur 7 760 km2, concentre à elle seule plus d’un cinquième de la population de la Thaïlande. Plus de neuf millions de ses résidents sont répartis dans un espace couvrant une superficie de 1 568 km2, soit la ville de Bangkok. Alors que le pays compte 120 habitants au kilomètre carré, la capitale fait figure de géante et l’immobilier y est un enjeu essentiel. La crise économique de 2009 et le conflit politique du printemps 2010 ont-ils affecté le marché de l’immobilier ? Les experts du secteur en doutent. La capitale est souvent considérée par les spécialistes comme un exemple de résistance aux fluctuations internationales. La Thaïlande fait partie des rares pays où le marché n’a pas fléchi car il n’y a pas véritablement de « bulle » immobilière et les prix n’ont que peu augmenté au regard d’autres grandes capitales. L’achat d’un appartement neuf dans le centre de Bangkok reviendrait, selon les estimations, entre 130 000 et 160 000 bahts au mètre carré.
Les troubles politiques d’avril-mai 2010 ont ralenti le lancement de projets, mais n’ont pas affecté les prix à la baisse. Seules quelques ventes « panique » ont été recensées. Bangkok reste une des métropoles d’Asie les plus attractives, notamment en matière de prix. Les projets immobiliers y sont légion et la pénurie n’est pas pour demain. Les besoins en logements sont bien couverts et l’offre est même souvent supérieure à la demande. L’acheteur, en mesure de négocier les prix, est avantagé.
Priorité au condominium
L’offre de logements est divisée en freehold (pleine propriété) et leasehold (bail emphytéotique de 30 ans renouvelable). « Le leasehold peut être aussi sûr que le freehold si l’on fait appel à des services professionnels pour encadrer la transaction », affirme Sopon Pornchokchai, président de l’Agence pour les affaires immobilières. Cette entité indépendante estime que 87 574 nouvelles unités de logement ont été lancées en 2010, soit une hausse de 52% par rapport à 2009. La moitié des buildings à Bangkok appartiennent toujours à des propriétaires uniques, mais le condominium, qui représente la grande majorité des lancements de projets, a le vent en poupe. Le total cumulé d’appartements à Bangkok s’élevait en 2009 à 217 731 unités ; la nouvelle provision de l’année 2010 en a ajouté un nombre record. La demande pour ce type de copropriété, qui permet notamment aux étrangers de devenir propriétaires, a été principalement portée par les acheteurs thaïlandais en 2010. Auparavant, l’hypercentre était le secteur le plus populaire pour le condominium, mais il n’a représenté que 6% des unités lancées l’année dernière. La pénurie de terrains disponibles à la vente limite le potentiel de construction.
Le deuxième trimestre, période correspondant aux événements politiques qui ont secoué le pays, représente seulement 9% des nouvelles constructions. Mais, cela n’a globalement pas affecté les prix à la baisse. Le cabinet Knight Frank estime que les prix des condominiums ont augmenté en moyenne de 3,4% à Bangkok au dernier trimestre 2010, alors que 28 483 unités étaient lancées. Une enquête du Bangkok Post publiée en janvier dernier affirme même que 61,5% des unités lancées en 2010 ont été vendues. Conséquence de cette année prospère : le lancement de nouveaux projets va ralentir en 2011. D’après Colliers, le risque de « surchauffe » du marché du condominium a été limité au premier trimestre 2011 grâce à une chute de 46% des nouveaux lancements en comparaison avec le trimestre précédent. Environ 10 800 unités ont été lancées au premier trimestre 2011, avec une légère prédilection pour la banlieue de Bangkok. Dans la ville, les constructions concernent principalement les secteurs nord et sud. Le prix de vente moyen dans le centre-ville s’élève à plus de 95 000 bahts au mètre carré, soit une baisse de 13% par rapport au prix de vente moyen en 2010 – les projets lancés en 2011 étant moins prestigieux. « Les six mois précédents ont été frénétiques pour le marché du condominium, remarque Antony Picon, directeur de recherche associé chez Colliers. C’est une aberration plutôt qu’une tendance. Beaucoup de lancements tablaient sur le marché des primo-acquéreurs, avec des unités de petite taille et des prix abordables. Il y a eu une réaction d’emballement, semblable à n’importe quel nouveau produit. Après, les choses se stabilisent. C’est ce que nous constatons aujourd’hui. »
Pour l’année 2011, Colliers estime le nombre d’unités programmées à 39 500. Les derniers chiffres enregistrés par l’Office thaïlandais de statistiques en matière de logement datent de 2008 (Construction Area Survey). Sur le territoire municipal, ils mettent en évidence la prévalence des immeubles de moins de six étages, regroupant en général de nombreuses unités de taille modeste. Les investissements diffèrent aussi selon la nationalité de l’acheteur. Les Thaïlandais investissent dans des biens de petite taille. « Le principal changement dans le condominium est la taille des pièces, plus petite que la décennie passée, à cause de l’augmentation des coûts de construction et du terrain, remarque Varankana Artkarasatapon, cadre supérieur au service développement commercial et acquisition chez le promoteur Sansiri. À l’avenir, cette tendance va se confirmer avec l’inflation et l’évolution des taux d’intérêt. » Mais avec le « manque de demande par rapport à l’offre pour des appartements inférieurs à 30m2, cette situation devrait évoluer », affirme Thibaut Marhuenda, directeur marketing chez Vauban. Car les petites unités apparaissent en surnombre dans l’offre globale de la capitale.
Augmentation de 5 à 6% par an
Les agents immobiliers s’accordent pour constater que les prix ont augmenté de 5 à 6% par an depuis dix ans. Fabrice Lore, de l’agence Five Stars, estime que la véritable explosion du marché immobilier date d’il y a cinq ans. « Avec l’augmentation des prix et le difficile accès au crédit en Thaïlande, il deviendra de plus en plus difficile d’acheter, y compris pour les familles expatriées », fait-il valoir. L’augmentation devrait se poursuivre en raison de l’inflation, de la hausse des prix du foncier, du pétrole et du coût de la construction, d’après Knight Frank. « En un an, le coût de la construction a augmenté de 3% pour les grands immeubles et d’environ 1,5 à 2% pour les constructions moins élevées », explique Sopon Pornchokchai. Le prix moyen du neuf était de 50 000 bahts au mètre carré il y a dix ans. Le prix de vente d’un condominium de standing est d’environ 130 000 bahts par mètre carré.
« Il ne faut pas oublier que le prix de base affiché sur de nombreux projets augmente d’environ 1 000 bahts le mètre carré par étage supplémentaire, prévient Fabrice Lore. Pour un immeuble de vingt étages, cela fait une somme. » En périphérie de l’hyper-centre, les prix restent stables en raison de la concurrence des nouvelles constructions lancées au dernier trimestre 2010, selon Knight Frank. À l’agence CBRE, on constate un prix moyen au mètre carré de 123 000 bahts pour un condominium à Bangkok. « Dans le neuf haut de gamme, les prix peuvent toutefois monter jusqu’à près de 300 000 bahts au mètre carré », constate Jean-Luc Colonna, directeur du Monaco, l’un des rares promoteurs occidentaux de la capitale.
L’ancien négligé ?
« Dans l’ancien, le prix moyen au mètre carré se situe autour de 80 000 bahts selon le standing, explique Jean-Pierre Vergely, de l’agence Accomasia. Les surfaces sont plus importantes, d’où des prix élevés. » Ces prix varient surtout en fonction de la qualité du bien et de sa situation. « Ici, on peut passer du simple au double en cent mètres, confirme Cyrille Hareux, de l’agence Vauban. Il y a un potentiel énorme. La qualité de vie est excellente pour un coût inférieur à bien d’autres grandes métropoles. » Singapour ou Hong Kong surclassent largement la capitale thaïlandaise. Pour des appartements récents (moins de trois ans), le prix au mètre carré tourne autour de 100 000 bahts. D’après l’agence Vauban, pour les plus anciens (plus de 10 ans), il faut compter entre 50 et 65 000 bahts au mètre carré. « On constate une décote de 50% entre le neuf et l’ancien qui n’est pas justifiée, note Cyrille Hareux. Un rattrapage va s’opérer avec la remise en valeur de l’ancien car, avec la multiplication des projets, tout le monde s’est rué sur le neuf. » Le manque d’entretien des immeubles pousse également les acheteurs à investir dans le neuf. Renaud Grollemund l’a constaté à ses dépens en achetant un immeuble sur Sukhumvit, avant d’intégrer le projet écologique du Monaco. « Le parc immobilier à Bangkok vieillit globalement mal, même pour certains immeubles récents, dit-il. On croit faire une bonne opération au départ, mais on perd beaucoup en maintenance. Sans parler des défauts de conception. » Cyrille Hareux tente d’atténuer cette analyse : « Des immeubles plus anciens peuvent paraître délabrés, mais ce n’est pas un problème de construction. C’est plus l’entretien et la maintenance qui font parfois défaut. La qualité de construction était même peut-être meilleure avant. »
Le terrain : la bataille des promoteurs
Le prix des terrains sur le territoire du Grand Bangkok a augmenté en moyenne de 4,4% en 2010, contre 2,6% en 2009 et 3,2% en 2008, d’après une étude de l’Agence thaïlandaise pour les affaires immobilières (novembre 2010). Mais le tableau cache des disparités géographiques. « À Mah Boon Krong, Siam Square, Chidlom, Ploenchit, le prix du terrain tourne autour de 300 000 bahts le mètre carré », explique Sopon Pornchokchai. Les prix les plus élevés concernent les biens situés près de ces grands centres commerciaux et stations de BTS.
Le prix du tarang wah (unité de mesure équivalent à 4m2) revient donc ici à 1,2 million de bahts. Près de Silom et de Ratchadamri, il en coûtera un million de bahts. La hausse la plus spectaculaire a concerné l’avenue Phahon Yothin, près du carrefour de Saphan Khwai, avec une progression de 25% en un an. Ces tarifs ont un impact sur le prix des biens construits. « Le prix d’un bien peut se diviser en deux parties : 35% du coût pour l’achat de la terre et 65% pour la construction », explique Varankana Artkarasatapon. Le secteur le moins cher se situe autour de Rangsit Khlong 13, avec des prix autour de 2 500 bahts par tarang wah. Dans la périphérie, les prix sont bas et évoluent moins sensiblement en raison du manque de moyens de transports efficaces.
Selon CBRE, les maisons deviennent le type de propriété le plus difficile à trouver, en raison de la pénurie de terrain à Bangkok, notamment dans l’hyper-centre. Chez Sansiri, par exemple, la plupart des projets de maisons de ville et maisons individuelles sont lancés à proximité de la voie express et du périphérique extérieur. « La majorité des biens dans notre catalogue est située au nord et au nord-ouest de Bangkok (Ram Indra, Chaiyaphruek et le secteur Ratchaphruek) », explique Varankana Artkarasatapon. Sopon Pornchokchai souligne aussi une modification de la législation en matière de construction. Les immeubles de plus de huit étages sont désormais interdits dans les soïs dont la largeur est inférieure à dix mètres sur toute la longueur de la rue. Conséquence : la plupart des hautes constructions ne sont plus possibles que sur les axes majeurs.
L’influence du Skytrain
Les secteurs traditionnellement les plus dynamiques sont les quartiers de luxe et ceux à proximité des voies rapides. Le Skytrain (BTS), lancé en 1999, et le MRT, sur les rails depuis 2004, n’ont pas seulement aidé à décongestionner le centre-ville de Bangkok. Ils en sont devenus la colonne vertébrale, avec pour axes de développement, le nord et l’est. « Pas un programme immobilier ne se fait sans prendre en compte le Skytrain », constate Cyrille Hareux. « Ces cinq dernières années, les constructions se sont concentrées le long des lignes de BTS et du MRT pour les condominiums, et le long du périphérique extérieur et à Bang Na (près de l’aéroport) pour les maisons, affirme Varankana Artkarasatapon, de Sansiri. Pour les cinq prochaines années, elles se feront le long des lignes de train : la ligne violette (Bang Sue–Bang Yai) et la rouge (Bang Sue–Taling Chan). » L’immobilier est, de fait, plus concurrentiel à proximité du BTS ou du MRT. Les promoteurs y placent leurs pions et se disputent le moindre mètre carré disponible. « Autour d’On Nut, quartier traditionnellement très populaire, les prix ont explosé en six ans », constate Fabrice Lore. Soixante-treize pour cent des nouveaux condominiums lancés en 2010 se situaient en périphérie du centre-ville avec 51 360 unités à proximité des prolongements du Skytrain ou du MRT. « Comme à Paris, la proximité du métro augmente de 60 à 70% la valeur d’un bien », estime Jean-Luc Colonna. L’extension des lignes sur Sukhumvit et Thon Buri en est l’illustration : la tendance est déjà à la spéculation sur les revenus que les investisseurs pourraient en tirer. Mais, ces dernières années, les loyers n’ont pas toujours suivi. Certains ont regretté des investissements onéreux et annoncés comme juteux, qui ne se sont pas réalisés, faute d’être suffisamment près d’une station.
Les trois « S » : Sukhumvit, Silom, Sathorn
Ce sont les classiques des catalogues des agences immobilières. Dans le Central Business District (CBD), le quartier des affaires, et les artères attenantes, l’offre est la plus dense. Selon Sopon Pornchokchai, les prix au mètre carré s’établissent comme suit : Sukhumvit, 100 000 bahts ; Lumpini, 140 000 bahts ; Silom – Sathorn, 150 000 bahts ; Riverside, 80 000 bahts ; Rama IV, 70 000 bahts ; Rama III, 60 000 bahts. À Sukhumvit, les prix se tassent. CBRE situe le prix moyen autour de 160 000 bahts par mètre carré avec des écarts allant de 74 000 à 260 000 bahts. Knight Frank l’arrête autour de 125 000 bahts au mètre carré en moyenne, avec une augmentation de 1,7% entre 2009 et 2010. Le quartier a les inconvénients de ses avantages : l’offre de logements y est riche, mais le taux de remplissage est moins important, à l’exception des zones les plus courues comme Asoke.
Asoke et les zones à proximité des lignes de BTS constituent la première demande à l’agence Vauban. Le quartier voisin de Ploenchit est lui aussi très prisé des Occidentaux dans les différentes agences immobilières. Et pour attirer la clientèle, de gros projets fleurissent : un grand centre commercial à Asoke et à Nana et un Ikea gigantesque à Bang Na. Proximité des ambassades, des centres commerciaux, du parc : Lumpini est un secteur très convoité, qui correspond à des budgets importants. CBRE situe le prix moyen autour de 178 000 bahts au mètre carré, avec des écarts allant de 114 000 à 290 000 bahts. Knight Frank estime le prix moyen à environ 159 000 bahts au mètre carré, mais avec une augmentation de 5% entre 2009 et 2010. CBRE et Knight Franck s’accordent sur un prix moyen à Silom–Sathorn autour de 138 000 bahts le mètre carré, avec des écarts allant de 77 000 à 250 000 bahts selon CBRE. Knight Frank estime que les prix ont augmenté en moyenne de 2,6% entre 2009 et 2010. L’éloignement des transports en commun est souvent invoqué.
Mais Narathiwat–Sathorn n’a toutefois pas dit son dernier mot. L’inauguration en mai 2010 du nouveau service de Bus Rapid Transit (BRT) reliant Sathorn à Ratchaphruek lui a donné un nouvel élan. Des projets d’ampleur sortent de terre : la tour Sathorn Square, des immeubles de grand luxe comme le MahaNakhon (250 000 bahts par m2) et un tout nouveau complexe, City Viva, comprenant deux cents magasins, ouvert le 25 décembre. À quelques stations de là, la création d’un parc en lieu et place de l’usine de tabac Tobacco Monopoly, à côté du Queen Sirikit Convention Center, devrait aussi contribuer à la flambée des prix.
Les quartiers qui montent
Peu prisé des étrangers jusqu’à aujourd’hui, Aree est un quartier qui jouit pourtant d’une excellente réputation. Il offre des taux de remplissage et des rendements locatifs avantageux. Et avec l’arrivée prochaine de la nouvelle chambre des députés, sa notoriété ne devrait pas faiblir. Un logement neuf se négocie entre 95 000 et 130 000 bahts le mètre carré pour un produit de moyenne gamme. Cela s’explique par une offre limitée, car il s’agit le plus souvent de petites unités. « Deux projets récents y ont trouvé acquéreurs en seulement quelques heures, selon ce qui se dit », note Jean-Luc Colonna. De même, Lang Suan atteint 185 000 bahts le mètre carré. Pour Jean-Pierre Vergely, de l’agence Accomasia, Saphan Kwai bénéficie aussi d’un regain d’intérêt. Les quartiers qui montent en périphérie se situent là encore dans le prolongement des lignes de BTS : Mor Chit, Wongwian Yai…
Certaines zones plus périphériques semblent devoir prendre de la valeur : Thon Buri, Bang Na, Nonthaburi. Mais attention, là encore, aux mirages spéculatifs. Au contraire, les artères Petchaburi et Ratchadapisek restent moins attrayantes que beaucoup de secteurs. Mais, en raison du MRT et de sa proximité avec la liaison d’aéroport, on s’attend à ce que Ratchadapisek se développe ces prochaines années. Beaucoup de projets majeurs sont à l’étude et le prix des terrains augmente déjà.
Les quartiers comme Riverside ou Pathumwan peinent aussi à tirer leur épingle du jeu. Le prix moyen est respectivement de 127 000 et 90 000 bahts le mètre carré, selon CBRE. À Chaeng Wattana et Ngam Wongwan, les prix se situent entre 45 000 et 58 000 bahts le mètre carré, pour une moyenne évaluée par Knight Frank à 50 000 bahts. Peu de demande pour les quartiers autour du fleuve chez les expatriés, malgré des projets ambitieux. Le manque d’accès aux transports est le principal handicap. « On choisit plutôt Riverside pour le côté bohème », note Thibaut Marhuenda. Dans un autre esprit, Thong Lor est le quartier des jeunes Thaïlandais un peu branchés. « On assiste à une sophistication de la demande. Cette donnée devrait s’accroître encore dans les prochaines années et modifier l’offre, trop stéréotypée, anticipe Thibaut Marhuenda. Chaque quartier a tendance à s’individualiser, à modifier ou accentuer son identité. Une tendance appréciée des Occidentaux, mais aussi des Thaïlandais. Il suffit de voir le succès rencontré par K Village sur Sukhumvit 26. »
La location
CBRE estime le loyer moyen des expatriés autour de 80 000 bahts par mois, soit environ 700 bahts au m2. Une moyenne entre 400 et 600 bahts au m2 semble le plus souvent admise chez les agents immobiliers alors que le budget location de la majorité des Thaïlandais tourne, lui, autour de 13 000 bahts par mois. Les rendements de location, eux, se situent toujours entre 4 et 8%. « Dans un condominium, le retour sur investissement est de 5 à 6% et la plus-value s’élève à 5% », explique Sopon Pornchokchai.
La plupart des demandes d’expatriés concernent des logements comprenant une ou deux chambres, dans une résidence à proximité du BTS. De manière générale, les familles ont tendance à privilégier le secteur de Sathon et les célibataires préfèrent Sukhumvit. Pour les familles, il devient toutefois de plus en plus difficile de trouver des logements à des prix raisonnables. « Lorsque les prix du centre sont trop élevés, on recule de station en station pour trouver un loyer convenable », constate Fabrice Lore.
Les appartements comprenant trois ou quatre chambres et une surface confortable (plus de 180 m2) à un prix raisonnable (entre 12 et 15 millions de bahts) sont difficiles à trouver et le resteront. « La plupart des offres sont surtout disponibles à la location. Il y a une vraie pénurie sur ce type de biens à la vente », constate Cyrille Hareux. Les logements neufs sont aujourd’hui constitués de surfaces plus petites, que les promoteurs qualifient de mieux aménagées, mais qui ne correspondent pas toujours aux attentes d’une famille.
Le design n’est pas subsidiaire
Pour la plupart des promoteurs, la question de l’aménagement intérieur et extérieur n’est plus une question subsidiaire. « Depuis dix ans, le design est devenu une priorité des promoteurs, et pas seulement pour le haut de gamme, note Natthida, designer chez Bangkok Home Care. Pour vendre un condominium, il faut que l’espace soit accueillant et fonctionnel, confortable et moderne. La plupart des promoteurs cherchent toutefois des alternatives aux grandes marques européennes qui dominent ce marché, notamment dans le luxe. » Le sol parqueté est de plus en plus adopté dans les nouvelles constructions. « Mais il y a une variété de styles, traditionnels ou modernes, minimalistes ou très thaïlandais, ajoute Natthida. Les aquariums tropicaux, les systèmes d’automatisation et les spas sont très tendance. » Et s’il est encore difficile de parler d’écologie, les aménagements économiques en matière de consommation d’eau et d’électricité se multiplient. Selon cette spécialiste du design, quelques aménagements suffisent parfois à améliorer un logement. « La première impression est importante. Un coup de peinture fait toujours du bien, avec des couleurs claires pour les pièces ne comportant que de petites ouvertures, explique-t-elle. Un parquet rend une chambre plus chaleureuse. Une cuisine neuve est aussi toujours appréciée. L’électricité est souvent négligée ; le mieux est de la mettre aux normes et de cacher les fils apparents. » En faisant appel à un professionnel, les coûts peuvent aller de quelques centaines de milliers de bahts à plusieurs millions. « Pour le remodelage complet d’un appartement, on compte en moyenne 1 à 3 millions de bahts. Un relookage d’intérieur est facturé au mètre carré. » L’appartement, plus agréable à habiter, prend alors de la valeur.
Le marché des bureaux
Bangkok est la quatrième grande ville la moins chère du monde en matière de bureaux. Selon le cabinet Colliers, la capitale compte environ 7 900 000 mètres carrés de bureaux. En comparaison, Singapour dépasse les sept millions. Patima Jeerapaet, directeur général de Colliers en Thaïlande, estime que Bangkok est en position de force pour les prochaines années, qui s’avèreront décisives puisque l’Asean deviendra un marché unique en 2015. « Le secteur tertiaire sera un facteur clé dans les changements qui arriveront en 2015 et le fait qu’il y a une quantité significative d’espaces de bureau déjà disponible est un avantage énorme pour la ville. » Bangkok pourra jouer un rôle central dans ce domaine dans les décennies à venir, d’autant plus qu’il reste des terrains disponibles près des lignes de transport, à des loyers très compétitifs dans l’Asean.
Comment investir ?
Pour investir, il faut avoir l’esprit d’anticipation. « À Bangkok, on peut facilement se planter dans l’immobilier », constate Jean-Luc Colonna. Et se méfier des illusions marketing trompeuses de certains projets sur plan. La voracité de certains promoteurs peu scrupuleux doit pousser à la méfiance. Là où certains font 15 à 25% de marge, d’autres peuvent monter jusqu’à 50% et la qualité peut en pâtir. Cyrille Hareux déconseille l’achat sur plan, plus cher alors que l’offre est importante sans avoir besoin d’attendre. En Thaïlande comme en France, les conseils aux acheteurs sont les mêmes : sillonner le quartier pour voir si l’environnement correspond à ce que l’on souhaite, se renseigner sur les évolutions à venir, les projets alentour… Il est éventuellement conseillé de se renseigner sur les lois en discussion au Parlement, notamment en matière d’écologie et de sécurité.
Car des immeubles en projet pourraient s’avérer obsolètes dès leur livraison dans les prochaines années. Au cours de la décennie passée, la part de logements alloués à des expatriés vivant en Thaïlande a diminué. Bien qu’une grande partie des expatriés viennent d’Asie, on s’attend à ce que cette proportion augmente dans l’avenir avec l’Asean. Au 31 décembre 2010, 9 261 Français étaient enregistrés auprès du consulat de France (contre moins de 4 000 en 2002) pour toute la Thaïlande. Les chiffres sont inférieurs à la réalité, mais les Français sont bien peu au regard de la population japonaise, par exemple, qui représenterait environ 120 000 personnes. « Ce sont eux qui drainent notamment le marché de la location », constate Thibaut Marhuenda, de Vauban. Le quartier de Sathon, notamment Yen Akart et Nang Linchee, attire toujours traditionnellement les Français pour son calme et l’espace.
Mais la situation pourrait vite évoluer. « Dans la demande, on constate déjà un rapprochement vers le nouveau lycée français », remarque Fabrice Lore de 5 Stars Immobilier. Le regroupement programmé des services consulaires vers l’ambassade, dans le quartier de Bang Rak, va aller de pair avec le déménagement de l’Alliance française en 2012. Tout comme le déplacement du lycée français avant eux, cela devrait influer sur l’implantation de la communauté française à Bangkok. L’Asie va évoluer avec un niveau de vie et un pouvoir d’achat en progression. Et Bangkok occupe une place centrale dans la nouvelle donne de l’Asean. Une autre donnée à ne pas négliger : dans un pays avec une croissance annuelle de 8%, dans les prochaines années c’est la classe moyenne thaïlandaise, de plus en plus importante, qui tirera les prix de l’immobilier.
N.B.
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