Éviter les pièges, comparer les prix et cibler son quartier : c’est le parcours obligé pour tout acheteur potentiel d’un appartement à Chiang Mai. Témoignage d’un couple de Français qui ont arpenté pour vous les rues de la Rose du Nord.
Installés depuis neuf mois à Chiang Mai, mon époux et moi-même sommes taraudés par l’envie d’acheter un appartement. Jusqu’à présent nous résidons dans une sympathique maison aux portes du « carré » (le centre-ville) pour un loyer de 15 000 bahts. La semaine, les enfants étudient dans une école internationale, tandis que nous déambulons dans la ville à pied ou à vélo. C’est ainsi, par hasard et par curiosité, que nous avons découvert notre premier condominium, sur les rives de la Ping. Le logement qu’on nous propose a une vue magnifique sur la rivière. Il est vendu 3,5 millions pour 110m2.
Nous n’avons alors aucune notion des prix. Dans la foulée, nous en visitons un second, vide, 4,2 millions pour 140m2. Et nous voilà ferrés au jeu des visites. Au bout de deux semaines d’investigation, nous décidons de faire une pause et d’aller surfer sur le Net pour prendre le pouls du parc immobilier local. Nous flashons sur une annonce et prenons contact avec l’agent. Nous sommes déçus dès notre arrivée : l’immeuble est à l’écart et mal entretenu. L’agent nous propose d’autres visites, comme celle d’un T4 de 82m2 pour 2,6 millions ou encore ce bel appartement mais en vis-à-vis direct avec un bâtiment en construction, obligeant les futurs occupants à vivre perpétuellement dans la pénombre. En contrepartie, le prix de 2,2 millions se veut attractif.
Pour ultime excursion, il nous emmène rue Nimmanhaemin. L’immeuble a une vingtaine d’années, il porte son âge, mais semble bien entretenu. La construction intérieure est originale et nous avons immédiatement un coup de cœur pour cet appartement de 93m2, vendu 3,2 millions.
Mauvaise surprise…
Nous faisons une proposition à 2,8 millions de bahts, basée sur le raisonnement que nous pourrions boucler la vente à 3 millions de bahts. Aussi sommes-nous agréablement surpris d’apprendre que le propriétaire aurait accepté sans négociation et prévoirait de revenir pour la transaction dans une dizaine de jours. D’ici là, nous devons verser un acompte de 500 000 bahts. Nous cherchons quelques informations complémentaires sur Internet et nous apprenons que le dépôt exigé par l’agent est astronomique à ce stade de la négociation.
Nous lui proposons 80 000 bahts. Il accepte et nous donne rendez-vous dès le lendemain afin d’empocher la somme, en l’absence du propriétaire, et de nous signer une reconnaissance de dette. Nous contactons par mail un avocat français de Bangkok. Lequel répond gracieusement à nos interrogations et nous met en garde contre cette procédure. Pour parer à toutes déconvenues, nous nous offrons les services d’un avocat à Chiang Mai. Nous le retrouvons sur le lieu du rendez-vous, 15 minutes avant la rencontre avec notre agent. Sa première réaction est de nous « interdire » de verser les 80 000 bahts. Cette procédure, selon lui, est irrégulière car l’agent n’est pas détenteur des documents officiels indispensables à la transaction.
La réunion est donc reportée à l’arrivée du propriétaire. Le jour J, je confirme par téléphone notre présence et celle de notre représentant légal. Embarrassé, notre intermédiaire nous explique que le propriétaire refuse de traiter en présence de notre avocat. Nous arguons du fait que nous ne pouvons pas signer un document sans en connaître le contenu. Quelques minutes plus tard, nouveau coup de fil : le propriétaire décline notre offre à 2,8 millions et revient sur son prix initial. C’est à prendre ou à laisser. Naturellement, nous laissons tomber, déçus certes mais en même temps avec le sentiment d’avoir peut-être évité le pire. Nous avons poursuivi notre prospection par nos propres moyens. Nous avons finalement arrêté notre choix sur un appartement de 100m2, dans le quartier des affaires. Ce n’est pas à proprement parler le coup de cœur, mais un investissement raisonnable, pour un budget de 2,3 millions de bahts.
MÉLANIE MAUDET