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THAÏLANDE – JUSTICE: Human Rights Watch déplore l’abandon des charges contre le meurtrier de l’activiste «Billy»

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 08/02/2020
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Selon l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch, le procureur général de la Thaïlande doit infirmer la décision ministérielle d’abandonner les accusations les plus graves contre quatre responsables d’un parc pour l’enlèvement et le meurtre de «Billy», un éminent militant ethnique karen. Les responsables ne font actuellement face qu’à des accusations de malversations mineures pour la disparition forcée et l’exécution extrajudiciaire de Porlajee «Billy» Rakchongcharoen en avril 2014.

 

Nous reproduisons ici le communiqué de Human Rights Watch

 

«Le traitement de l’affaire de Billy se moque des promesses du gouvernement thaïlandais de soutenir la justice et de mettre fin à la culture d’impunité», a déclaré Brad Adams, directeur pour l’Asie à Human Rights Watch. «Pendant cinq ans, les autorités thaïlandaises n’ont pas poursuivi les responsables de l’enlèvement de cet éminent défenseur des droits, brutalement assassiné. Sa dépouille a ensuite été brûlée dans un baril de pétrole.»

 

Lors d’une conférence de presse le 27 janvier 2020, les procureurs thaïlandais ont annoncé qu’ils avaient abandonné les accusations les plus graves contre quatre responsables du parc, notamment la séquestration, le meurtre avec préméditation et la dissimulation du corps de la victime. Les procureurs ont soutenu qu’il n’y avait aucune preuve claire que Billy était mort parce que son corps n’avait jamais été retrouvé, bien que le Département des Enquêtes Spéciales du Ministere de la Justice (DSI) ait découvert des fragments de crâne correspondant à son ADN. Les suspects ne feront face qu’à des fautes professionnelles pour avoir omis de le remettre à la police après l’avoir arrêté.

 

Guerre des polices

 

Le DSI et le Central Institute of Forensic Science ont ensuite tenu une conférence de presse le 29 janvier pour défendre leur enquête et ont soutenu que la trace génétique dans l’un des os retrouvés correspondait à celle de la mère de Billy. Mais les enquêtes de la DSI auprès des proches de Billy ont confirmé que tous ses parents, du côté de sa mère, sont toujours en vie. Avec seulement Billy manquant, les enquêteurs ont conclu que l’os faisait partie de sa dépouille.

 

L’état de ce morceau de crâne humain, qui a été brûlé, fissuré et rétréci en raison d’une exposition à une chaleur de 200 à 300 degrés celsius suggère que les tueurs ont brûlé le corps de Billy pour dissimuler le crime. Le DSI a annoncé qu’il contesterait la décision du Département du contentieux spécial et soumettrait à nouveau le dossier au Bureau du Procureur général dans un délai de 30 jours.

 

Questions fondamentales

 

L’épouse de Billy, Pinnapa «Mueno» Prueksapan, a déclaré à Human Rights Watch qu’elle espérait que l’enquête de la DSI répondrait à des questions très fondamentales, telles que, qui avait enlevé et tué son mari et qui avait entravé la justice.

 

En vertu de la loi de 2004 sur les enquêtes spéciales, la DSI est habilitée à exercer sa compétence sur les affaires pénales graves, y compris les affaires complexes qui nécessitent une enquête spéciale, les crimes commis par des groupes criminels organisés et les affaires dans lesquelles les suspects sont des personnes influentes ou des fonctionnaires.

 

La Thaïlande est tenue, en vertu des traités internationaux auxquels elle fait partie, d’enquêter et de poursuivre de manière appropriée les disparitions forcées, la torture, les décès en détention et d’autres violations graves présumées des droits de l’homme, a déclaré Human Rights Watch. En outre, en septembre 2019, le Premier Ministre général Prayut Chan-ocha a ordonné aux enquêteurs de veiller à ce que leur enquête sur la mort de Billy aboutisse à la traduction des coupables en justice, quels qu’ils soient.

 

Enquête entravée

 

L’enquête a été entravée car la loi thaïlandaise ne reconnaît pas la disparition forcée comme une infraction pénale. Un gouvernement commet une disparition forcée lorsque des agents de l’État ou leurs agents arrêtent une personne et nient ensuite sa détention ou omettent de révéler sa situation ou son sort. Human Rights Watch a exhorté à plusieurs reprises le gouvernement thaïlandais à ratifier la Convention Internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, que la Thaïlande a signée en 2012, et à modifier le code pénal pour faire de la disparition forcée une infraction pénale.

 

Contexte

 

Le 17 avril 2014, Chaiwat Limlikitaksorn, alors chef du parc national de Kaeng Krachan, et son personnel ont arrêté Billy pour possession présumée illégale d’un nid d’abeilles sauvages et de six bouteilles de miel. Les responsables du parc ont affirmé qu’ils avaient relâché Billy après l’avoir brièvement interrogé et n’avaient aucune information concernant son sort.

 

Au moment de sa disparition forcée, Billy se rendait pour rencontrer des villageois et des militants de l’ethnie Karen en préparation d’une audience à venir dans le procès des villageois contre Chaiwat et le département du parc national, de la faune et de la conservation des plantes du ministère des richesses naturelles et environnement.

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