Nous publions ici un extrait d’un article du New York Times disponible ici.

Maliki Dorok est entassé dans un camion étouffant au milieu d’une pile d’hommes, empilés sur cinq niveaux comme des bûches.

Trois rangées se trouvaient au-dessus de lui, pressées si étroitement les unes contre les autres qu’il inhalait l’air qu’ils expiraient. Au-dessous de lui, il y avait une autre couche d’hommes couchés, dont le halètement s’est transformé au fil des heures en une terrible quiétude.

Les bras de M. Maliki étaient attachés dans son dos. Une balle s’est logée dans sa jambe. Il y a 20 ans cette semaine, c’était le Ramadan, et M. Maliki n’avait rien mangé ni bu depuis le lever du jour. Il a léché la sueur qui suintait sur son visage, ce liquide saumâtre, dit-il aujourd’hui, étant la seule chose qui l’ait maintenu en vie alors que tant d’autres mouraient.

Le 25 octobre 2004, au moins 78 hommes originaires du sud profond de la Thaïlande sont morts d’asphyxie, de coup de chaleur et de défaillance d’organes après que les forces de sécurité qui dispersaient une manifestation les ont empilés dans des camions, dont M. Maliki. Sept autres ont été abattus par les forces de sécurité devant le poste de police du district de Tak Bai. Sept autres sont toujours portés disparus.

Maliki Dorok, 47 ans, est l’un des rares à avoir survécu à l’entassement dans des camions étouffants par les forces de sécurité à Tak Bai. « Je me demande si j’obtiendrai un jour justice, mais je n’ai aucun espoir », a-t-il déclaré.

Ces décès sont survenus dans le cadre d’une campagne de répression ordonnée par le Premier ministre de l’époque, Thaksin Shinawatra, dans le sud profond de la Thaïlande, où vit une minorité musulmane malaise au sein d’une nation majoritairement bouddhiste thaïlandaise…

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