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THAILANDE La marche vers le bio

Journaliste : Gaetan Guilaine
La source : Gavroche
Date de publication : 17/06/2016
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Depuis quelques années, la mouvance bio prend de plus en plus d’importance dans le royaume, grâce notamment à un éveil des consciences et aux actions du gouvernement. Mais avec seulement 0,21% des terres agricoles labellisées bio, la marge de progression est immense dans un pays où l’importation de pesticides pèse 50 milliards de bahts (1,2 milliard d’euros) par an et où le label bio n’est pas toujours très fiable…

 

D’où viennent ces fruits et légumes ? Comment ont-ils été cultivés ? Des pesticides ont-ils été utilisés ? » Des questions que très peu de Thaïlandais se posent. Selon une étude publiée par le quotidien Bangkok Post sur le mode de consommation des ménages, 34% du revenu est consacré à la nourriture, dont 70% est consommée à l’extérieur du foyer, principalement dans les restaurants de rue. Un mode alimentaire mondialement réputé mais qui, côté traçabilité, pose de nombreuses questions.

 

Ces dernières années, les Thaïlandais semblent pourtant se préoccuper de plus en plus de leur santé et de l’écologie, comme le confirme Chutima Bunyapraphasara, secrétaire permanente du ministère du Commerce. « La population est de plus en plus concernée par les risques qu’implique la consommation de nourriture industrielle utilisant des produits chimiques, explique-t-elle. Nous avons remarqué une prise de conscience chez les consommateurs et une envie de prendre soin de leur santé ». La volonté des autorités, l’organisation de salons et de marchés et la possibilité de trouver des plantations bio dans des espaces citadins sont les principaux facteurs qui expliquent cette prise de conscience du « manger sain » de plus en plus présente.

 

A Bangkok, en pleine jungle urbaine, émerge un nouveau concept de fermes dans la ville. Il en existe une bonne dizaine et la plupart sont situées sur des immeubles. La plus grande d’entre elles, Siam Green Square, est juchée sur le toit du centre commercial Siam Square. Sur cet espace de 185 mètres carrés, des agriculteurs font pousser du riz, diverses variétés de légumes, d’herbes et de fleurs. Une exploitation 100% bio où les fertilisants utilisés sont entièrement naturels. Ouverte au public tous les mercredis et samedis, des visites groupées gratuites y sont organisées ainsi
que des ateliers de découverte un
 week-end par mois. Une manière de
 sensibiliser la population urbaine, comme 
l’explique Boonsong Srisawangnate, responsable du parc immobilier de l’université Chulalongkorn, à l’origine de ce projet : « En développant cette ferme, les objectifs étaient de créer un centre d’apprentissage pour que chacun puisse reproduire le même concept à domicile, d’éveiller les consciences sur l’importance d’une agriculture biologique et d’organiser des sessions d’échanges professionnels afin de partager les connaissances dans ce domaine. »

 

Promouvoir et sensibiliser

 

Du côté du gouvernement, « nous essayons de mobiliser les gens, c’est l’une de nos priorités, car nous pensons que cela peut nous permettre de soutenir notre économie, insiste Kulanee Issadisai, inspecteur général au ministère du Commerce. Notre ministère travaille sur l’agriculture biologique avec les secteurs privés depuis seulement huit ans. » Une volonté de développer ce secteur d’activité qui ne date pourtant pas d’hier. Lors de la période 1997-2001, celle du 8ème Plan de Développement économique et social, le gouvernement avait déjà fait de l’agriculture biologique l’un des thèmes majeurs de la politique nationale agricole.

 

En Thaïlande, deux ministères ont cette mission dans leurs prérogatives : celui de l’Agriculture, chargé de développer la production, et le ministère du Commerce, qui s’occupe de la promotion aux niveaux national et international. Ce dernier s’est fixé cinq grands objectifs pour la période 2015-2016 : développer les connaissances et la compréhension du marché bio ; développer des bases de données modernes en termes de marketing pour une approche proactive ; l’expansion des marchés nationaux et internationaux ; pouvoir proposer une variété plus importante de produits et pouvoir apporter un soutien financier aux entreprises « méritantes ». Et depuis cinq ans, sous l’égide du ministère, une exposition annuelle, Organic & Natural, réunit la plus grande quantité de produits bio de Thaïlande (riz, fruits, légumes, produits cosmétiques, produits de beauté…). Cette année, elle avait pour thème « Vivre bien, c’est manger bio. » Le gouvernement thaïlandais cherche ainsi à devenir la plateforme du bio dans l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN).

 

Mais les autorités ne sont pas les seules à promouvoir le bio. Certaines sociétés privées travaillent aussi en ce sens. Lemon Farm et TOTA (Thai Organic Trade Association) sont les plus actives et les plus connues d’entre elles. La première est une entreprise sociale qui existe depuis maintenant dix-huit ans. Elle travaille en étroite collaboration avec le gouvernement pour aider les fermes biologiques à se faire connaître. La seconde, fondée en 2005, s’intéresse plus aux consommateurs et a pour objectif de développer le marché du bio.

 

Qui consomme bio en Thaïlande ?

 

Les effets de promotion du bio et l’implication du gouvernement commencent à se faire ressentir. Producteurs, marchands, supermarchés, tous sont unanimes : le marché se porte de mieux en mieux depuis trois ou quatre ans. Mais les consommateurs restent une minorité et sont rarement des Thaïlandais issus de la classe populaire. Selon une enquête menée en 2012 par l’International Food and Agribusiness Management Association (IFAMA), le profil type, en Thaïlande, est une femme de plus de 35 ans, mère de famille, cultivée et ayant un niveau de vie aisé.

 

Les personnes les plus concernées restent donc les expatriés, principalement américains, européens et japonais. Sensibilisés depuis plus longtemps, mieux informés sur la question, ils sont bien souvent les fers de lance de cette mouvance en Thaïlande. Alexandre Rossignol, Français expatrié à Bangkok, possède sa boutique de cosmétiques bio sur Sukhumvit, dans le centre de la capitale. Sa clientèle est principalement composée de Japonais, d’Occidentaux et d’Indiens, « mais les clients thaïlandais sont de plus en plus nombreux, précise-t-il. Ils n’achètent pas toujours mais sont curieux et posent des questions. C’est déjà un bon signe ! » Selon lui, trois raisons poussent à consommer bio : « Des problèmes de santé dus à une accumulation de produits chimiques comme c’est mon cas, une volonté initiale de vivre très sainement ou une prise de conscience soudaine souvent liée à la naissance d’enfants. » Cette dernière raison est effectivement la plus souvent citée, que ce soit par les Thaïlandais ou les expatriés.

 

La santé des enfants est souvent primordiale et sert de déclic. Catherine, Française installée à Bangkok, a commencé à consommer bio en France il y a une dizaine d’années : « Au début, j’achetais seulement du naturel pour tout ce qui est produits cosmétiques, principalement les déodorants sans sels d’aluminium. Au fur et à mesure de mes lectures et de mes échanges, ma démarche s’est naturellement orientée vers l’alimentation bio et elle s’est installée durablement avec la naissance de mes enfants. » Même son de cloche pour Ing, jeune maman thaïlandaise : « Je me sens responsable de la santé de mes enfants. Même si manger bio me coûte 
un peu plus cher, leur bonne santé 
passe avant tout. »

 

Quant aux produits consommés, les fruits et légumes sont très souvent évoqués. Contrairement à la viande qui est uniquement issue de l’importation et de surcroît très chère, ils sont 
facilement accessibles,
 comme le confirme Bew,
 une Thaïlandaise grande 
consommatrice de bio depuis 
près de cinq ans : « J’essaie de
manger bio autant que je le peux :
 œufs, fruits, légumes, riz…, mais je
 n’ai jamais essayé la viande. C’est vraiment 
très difficile de trouver de la viande labellisée bio en Thaïlande. »

 

Trouver des produits bio : une mission difficile ?

 

En France, le nombre de magasins spécialisés dans le bio augmente de façon régulière. De nombreuses chaînes comme Bio Coop, Bio C Bon ou encore La Vie Claire sont bien implantées sur tout le territoire. En Thaïlande, ils sont bien moins nombreux. Le Sunshine Market, situé sur Sukhumvit Soi 31, est le premier supermarché entièrement consacré au bio à Bangkok. L’entreprise sociale Lemon Farm possède, elle, douze boutiques dans la capitale. Pour les médecines alternatives, l’enseigne Bai Miang (quatre boutiques à Bangkok) vend de nombreux produits cosmétiques ou pharmaceutiques 100% bio et dispose d’un site d’achat en ligne.

 

L’offre se développe également dans les grandes surfaces (Big C, Tops, Tesco Lotus…), sur internet (puraorganic.org, healthfoodthailand.com, radiancewholefoods.com, baimiang.com…) et à travers les marchés éphémères qui s’installent dans les centres commerciaux (K Village, Gateway Ekamai, Anantara Bangkok…). Dans ces marchés artisanaux, de petits producteurs et commerçants proposent une grande variété d’aliments : pains, viennoiseries, fruits et légumes, confitures, charcuterie, épices… Mais peu de stands sont estampillés bio. Lors d’une récente visite au K Village, nous en avons dénombré seulement trois sur une vingtaine : Adams Organic, Grand Organic et Baan San-Fan. Et la diversité des produits est moindre : uniquement des fruits, des légumes, des herbes aromatiques et des œufs.

 

Adams Organic est l’un des fournisseurs de la chaîne Tops et l’un des leaders sur le marché thaïlandais avec plus de cent produits différents et cinq fermes réparties dans cinq provinces (Nakhon Ratchasima, Yasothon, Chiang Mai, Petchabun et Khon Kaen). Le directeur, Tim Chung, un Chinois expatrié en Thaïlande depuis six ans, explique l’importance de faire les marchés : « Le K Village ne représente qu’une infime part de nos revenus, mais c’est important pour nous de nous rendre sur ce type de marché, car cela permet de nous faire connaître et d’échanger avec le client. » La marque Go Organic est issue d’une ferme familiale située dans la province de Nakhon Sawan. Nattaporn Rasrikriangrai, la propriétaire, a commencé à faire pousser des fruits et légumes bio à la naissance de sa fille parce qu’elle n’arrivait pas à en trouver : « Au début, ce n’était que pour une consommation personnelle, mais des amis venus goûter mes légumes m’ont conseillée de les vendre. J’ai alors décidé d’en faire une activité professionnelle. » Ferme familiale ou entreprise de plus grande envergure, tous sont d’accord sur le fait que leur activité a de beaux jours devant elle.

 

L’exemple de Tops

 

Big C, Tesco Lotus, Gourmet Market, Golden Place… : les grandes surfaces ont toutes désormais leurs rayons bio. Mais les supermarchés Tops ont été les premiers, au début des années 2000, à avoir réservé une place au bio. Ils n’ont cessé depuis d’augmenter la taille de leurs rayons. Dans les années 90, l’enseigne proposait déjà des produits plus écologiques, certifiés hygiéniques.

 

Pour obtenir le label Hygienic Food, créé en 1991 par le ministère de l’Agriculture, l’utilisation de produits chimiques doit être régulée et contrôlée (voir encadré « Les principaux labels en Thaïlande »). Il est considéré comme l’ancêtre du bio. « Au début, nous n’avions que des légumes bio venant d’Europe. Le premier fruit que nous avons importé, c’était des pommes, explique Somnuk Yoddumnern, directeur des achats de produits frais chez Tops. En 2005, les légumes bio ne représentaient même pas 5% de nos étalages, continue-t-il. Aujourd’hui, le ratio est bien plus important : 20% sont labellisés bio. Et ils se vendent de mieux en mieux. En 10 ans, les ventes ont augmenté de 60% par an en moyenne. »

 

Et pourtant, malgré de bons résultats, les volumes restent encore trop faibles pour permettre de baisser les prix. Un même produit labellisé bio reste en moyenne moitié plus cher (voir tableau comparatif ).

 

Mais il peut arriver de trouver des produits bio moins chers que ceux traités avec des pesticides, comme par exemple la banane Kai, vendue dans les Tops. Aniko, Française expatriée à Bangkok depuis 5 ans, achète tous ses produits bio dans ce supermarché : « Je consomme principalement de la salade, des tomates et des bananes bio. Dans la mesure du possible, je prends aussi des légumes. J’aime faire mes courses ici parce qu’ils ont un rayon bio bien distinct et ce n’est pas vraiment plus cher que le non bio. »

 

Concernant les pertes, là aussi elles sont à peine supérieures pour les produits bio : « En 2014, nous avons enregistré 8% de pertes sur nos fruits et légumes bio, contre 6% pour les non bio », précise Somnuk Yoddumnern.

 

L’enseigne Tops compte 163 magasins en Thaïlande, mais ne travaille qu’avec une trentaine de fermes labellisées bio, toutes de petite ou moyenne taille. Un nombre insuffisant pour lui permettre d’avoir des stocks identiques en continu, ce qui l’a contraint à adapter son système d’achat. « Normalement, nous testons d’abord le produit pour voir ce qui se vend bien. Mais pour les produits bio nous prenons ce que les fermiers nous proposent. Bien sûr, les quantités sont largement moindres et par conséquent le risque pris en cas d’échec aussi », explique le directeur des achats. Si Tops a continuellement augmenté la diversité de ses aliments bio, la chaîne ne propose toujours pas de viande. Pour cause, l’aquaculture exceptée, il n’existe aucune ferme animale bio en Thaïlande et l’importation coûte chère. Mais, dès 2016, la chaîne a pour projet de proposer des viandes et autres produits d’origine animale dans ses rayons.

 

Le bio en ligne

 

Comme en France, toutes les plus grandes chaînes thaïlandaises d’hypermarchés et de supermarchés disposent de leur site d’achat en ligne. Il est aussi possible de trouver des boutiques spécialisées ou des fermes bio qui vendent leurs produits en direct sur internet.

 

Martin Smetsers, un Hollandais de 60 ans, est le fondateur du site puraorganic.com. Ce consommateur de bio depuis 25 ans l’a créé en 2010 pour vendre les produits d’une ferme associative. Deux ans plus tard, il a ouvert sa boutique sur Phuket. La plupart de ses produits viennent de Thaïlande et du Laos. Il importe seulement les fruits et légumes qui ne poussent pas ici et les produits introuvables, comme par exemple la viande de porc qu’il fait venir d’Italie. Martin Smetsers estime que l’importation de produits est essentielle pour faire fonctionner son affaire, car la population expatriée représente la plus importante partie de sa clientèle. Mais depuis quelques mois, la vente sur son site de produits locaux augmente de façon spectaculaire et il avoue être fier « de voir de plus en plus de jeunes couples thaïlandais venir dans ma boutique. »

 

Selon lui, « la Thaïlande est dans la bonne direction, mais de gros efforts restent encore à faire, par exemple au niveau de la qualité des produits bio proposés. Pour sélectionner les agriculteurs avec qui je voulais travailler, j’ai visité pas mal de fermes à travers le pays. Nombre d’entre elles se disaient bio alors qu’elles utilisaient énormément les marchés éphémères d’engrais et de pesticides. »

 

Une agriculture bio naissante

 

Selon une enquête effectuée par l’IFOAM (Label of the International Federation of Organic Agriculture Movements), 7405 fermes biologiques ont été recensées en Thaïlande pour un total de 35 058 hectares, dont 1780 d’aquaculture et 701 de terres sauvages. Dix ans plus tôt, elle ne comptait que 2500 fermes pour 10 500 hectares exploités.

 

Actuellement, la Thaïlande se classe en huitième position des pays d’Asie ayant la plus grande surface utilisée pour le bio, et à la quatrième place des pays de l’ASEAN après l’Indonésie, les Philippines et le Vietnam. Et pourtant, l’exploitation de produits bio ne représente que 0,21% des surfaces cultivées. En comparaison, la France dispose d’un total de 1 032 941 hectares de terres agricoles, dont 3,8% sont consacrés à la culture bio.

 

Jacques Cavin, Suisse d’origine, et sa femme ont créé il y a sept ans Natural Agriculture Co. Ltd, une entreprise de production d’engrais organiques à laquelle s’est ajoutée, il y a près de trois ans, une ferme bio. Les deux sont situées à une vingtaine de minutes de voiture de Chiang Mai. Le couple cultive une cinquantaine de légumes, dont douze sortes de salades, quatre de tomates et neuf légumes thaïlandais, dont du haricot et de l’aubergine Kermit.

 

Selon Jacques Calvin, plusieurs facteurs sont un frein à la culture du bio en Thaïlande : « Entre le problème de l’approvisionnement en eau, la qualité des sols et l’exode rural, c’est une mission difficile qui attend ce pays. Et il est clair que le problème des sols va être le plus dur à régler, car l’utilisation des engrais chimiques ne permet pas de remplacer les nutriments naturels : les chimiques ne possèdent que trois nutriments contre seize normalement. Cela crée un appauvrissement des terres et il est ensuite nécessaire d’utiliser encore plus d’engrais. C’est un vrai cercle vicieux ! »

 

Le chef d’entreprise, dont la ferme est assermentée de trois labels, l’ACT (thaïlandais), le CE (européen) et le NOP (nord-américain), confie ne travailler qu’avec des expatriés, principalement des clients privés et des restaurants français et italiens avec qui il dit « partager le goût des bonnes choses. Les Thaïlandais ne s’intéressent qu’au prix et à l’aspect, alors qu’un légume bio peut être difforme et pas forcément beau à voir. »

 

Pour obtenir toutes ces certifications, les agriculteurs doivent respecter un certain nombre de règles. A commencer par la qualité de la terre. Si des pesticides ont auparavant été utilisés sur ses terres, le délai pour une culture annuelle de fruits et légumes est de un an, dix-huit mois pour une culture pérenne. Une fois ce délai passé, le label thaïlandais ACT est accessible.

 

Pour une exportation vers l’Union européenne, les délais sont de vingt-quatre mois pour une culture annuelle et de trente-six mois pour une culture pérenne. L’agriculteur doit aussi maintenir ses sols à un pH adapté au type de culture et les fertiliser par un moyen naturel. Au moment de la récolte, tout doit être mis sous vide en une journée pour éviter que les produits, soumis au climat tropical, ne perdent de leur qualité.

 

Kiang Malika est à la tête d’une ferme familiale thaïlandaise qui cultive des fruits et légumes bios depuis trois ans. Détentrice du label bio IFOAM, elle vend principalement ses produits à des écoles ou à d’autres fermes. En tant que petite société, elle avoue qu’il est parfois difficile de s’en sortir financièrement. Selon elle, « ce qui bloque le plus le succès du bio, ce sont les marges effectuées par les commerçants. On devrait faciliter les transactions directes entre fermiers et consommateurs. »

 

La ferme de Weerayudh Santigrisnalerds a, elle aussi, obtenu le label international ainsi que le label nord- américain. Il est à la tête de Green Living Camp depuis près de dix ans. Cette société, productrice de riz et de bananes bio, travaille avec une trentaine de magasins en Thaïlande, treize distributeurs sur Bangkok et exporte dans trois pays : la Suède, le Canada et les Etats-Unis. Après cinq années difficiles, la promotion de ses produits a payé et aujourd’hui son entreprise rencontre un réel succès. Le plus dur, avoue-t-il, a été « de former ses employés pour leur faire perdre les mauvaises habitudes prises dans des fermes non labellisées bio. »

 

De mauvaises habitudes à perdre à tous les échelons. Si la Thaïlande veut avancer vers une alimentation plus saine, elle devra passer par une information et une prévention bien plus importantes. Le royaume semble toutefois être dans la bonne direction, avec un gouvernement qui accompagne cette volonté de changement.

 

Gaëtan Guilaine

 

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