Si le maintien à la tête du gouvernement du Général Prayuth Chan-Ocha n’est pas encore assuré, le maintien de l’emprise de l’armée sur le pouvoir politique en Thaïlande ne fait guère de doutes après la publication, mercredi soir 8 mai, des résultats des élections législatives du 24 mars. Le long délai requis par la commission électorale pour publier ces résultats a logiquement alimenté tous les soupçons du côté du parti d’opposition arrivé en tête lors du scrutin: le Pheu Thai proche de l’ancien premier ministre en exil Thaksin Shinawatra.

La junte thaïlandaise est bien partie pour s’accrocher au pouvoir après l’annonce des résultats officiels des élections générales, finalement rendus publics à l’issue d’un retard de 45 jours qui a soulevé de sérieuses questions sur la formule complexe utilisée pour calculer le vote.

La commission électorale avait refusé de publier les résultats officiels du scrutin du 24 mars arguant de difficultés logistiques.

Une excuse largement interprétée comme une précaution avant le couronnement royale du 5 mai.

Ces législatives étaient les premières organisées depuis huit ans et devaient marquer le retour de la démocratie dans le pays après cinq ans de règne d’une junte militaire.

Le scrutin était en deux parties: d’une part des députés élus au suffrage majoritaire dans les circonscriptions. De l’autre des députés élus à la proportionnelle.

Les résultats officiels, publiés tard mercredi soir, confirment les résultats préliminaires: le parti pour la démocratie, Pheu Thai, proche de l’ancien Premier ministre exilé, Thaksin Shinawatra, a remporté le plus de sièges, avec 136.

Le Pheu Thai ne peut pas cependant pas former de gouvernement car il ne dispose pas des 250 sièges nécessaires pour une majorité à la Chambre basse.

Dans la semaine qui a suivi les élections, les dirigeants du Pheu Thai, plus ceux de six autres partis ont affirmé avoir formé une coalition de 255 sièges prête à gouverner, mais les résultats définitifs ont montré que ce «front démocratique» ne compte que 245 sièges.

Une contestation juridique des résultats a aussi été engagée par le parti pro-Thaksin

Le parti politique par procuration de la junte, Phalang Pracharat, qui s’est présenté aux élections pour permettre à l’armée de conserver le pouvoir par le biais des urnes, serait arrivé en deuxième position avec 115 sièges.

Les militaires actuellement au pouvoir peuvent compter sur le soutien du Sénat nommé par la junte.

L’actuel Premier ministre Prayuth Chasn-Ocha, candidat à sa succession, peut espérer conserver son poste s’il réunit autour de sa candidature plus de 126 députés.

La liste des députés inscrits sur la liste des partis (élus à la proportionnelle, en plus de ceux élus dans chaque circonscription) indique que 26 partis obtiennent des sièges. En voici le décompte:

Future Forward: 50 sièges
Parti démocrate: 19 sièges
Palang Pracharat: 18 sièges
Bhumjaithai: 12 sièges
Seri Ruam Thai: 10 sièges
Nouvelle économie: 6 sièges

Au total, 26 partis obtiennent des élus grâce à ce scrutin de liste.