« Pourquoi est-ce que je ne me souviendrais pas de toi, Priya, alors que tu es le souvenir que j’essaie d’oublier le plus de tous les souvenirs que j’ai de la maison natale ? ». Ainsi commence cette très jolie nouvelle, située dans le Sud profond de la Thaïlande des années 70.
Le narrateur, Kanokphong Songsomphan (1966–2006), était l’un des meilleurs nouvellistes de sa génération. De santé fragile, il décède à 40 ans d’une infection pulmonaire.
La nouvelle est comme une longue lettre adressée à Priya, sa compagne de jeux, élevée dans sa famille, tentant de faire revivre les moments merveilleux d’une enfance rurale, avant que tout ne se dégrade, que les adultes aient des secrets et disparaissent dans la nuit – on est dans les années 70, les forces communistes thaïlandaises avaient pris les armes contre l’État central.
Son amour d’adolescent pour Priya entraine une catastrophe, la famille se désintègre, le narrateur est éloigné de sa maison natale et, trente ans plus tard, avec nostalgie et regret, il tente d’expliquer à Priya « qu’il nous est impossible d’effacer le passé de nos mémoires ».
Servi par une parfaite traduction de Marcel Barang, l’ouvrage a l’intérêt de se présenter dans les deux langues, thaï et français, page de gauche le récit en thaï et page de droite la traduction française, ce qui pour les apprenants en écriture thaïe est précieux, leur permettant de progresser dans la lecture paragraphe par paragraphe en se référant à la traduction.
« Priya », de Kanokphong Songsomphan
Nouvelle de 154 pages
Texte bilingue français-thaï traduit Marcel Barang