La capital thaïlandaise est le témoin d’un véritable engouement pour les arts du cirque, et particulièrement les arts aériens. Ecoles, salles de sport, spectacles… : le public est conquis et les adhérents de plus en plus nombreux.
18h30. A la sortie des bureaux, tandis qu’une foule dense se presse dans les transports en commun, d’autres vont planer au « I’m Fly Studio », à l’intérieur du complexe commercial Int-Intersect sur Rama 3. Tapis au sol, rubans suspendus, justaucorps et collants : un groupe d’élèves suit consciencieusement les consignes de leur instructeur.
Yves est la directrice du centre, ouvert il y a quatre ans. Petite, la trentaine tonique, après avoir été pendant huit ans professeur de yoga, elle a senti le besoin d’une activité plus physique, plus créatrice aussi. Deux fois par an, elle se rend à San Diego pour se former aux arts du cirque et particulièrement à l’acrobatie aérienne qu’elle enseigne à ses élèves et à qui elle propose des formations pour devenir eux-mêmes instructeurs.
(Dilokchai Ratanadilokchai / Kara’s Vic Studio)
L’école compte plus de 800 adhérents depuis son ouverture, dont 90% de femmes, encadrés par douze professeurs pour l’aérien, deux professeurs de yoga et un professeur de danse. « C’est une discipline très dure qui demande beaucoup de travail. Il faut être passionné et très déterminé », précise Yves.
Depuis quelques années, les arts du cirque se développent rapidement en Thaïlande et touchent toutes les catégories socioculturelles, de 6 à 50 ans. Anne-Catherine, la trentaine, se rend à « I’m Fly Studio » deux fois par semaine pour des classes de trois heures. « Cela fait presque 6 ans que je pratique l’acrobatie aérienne, avec une prédilection pour le ruban, explique cette Belge mère de trois petits enfants. J’aime le sport et je suis séduite par la finalité du spectacle et sa dimension artistique. » Si les mauvaises chutes et entorses ne sont pas à exclure, ce sport pratiqué en loisir et bien encadré n’est toutefois pas dangereux.
Tous ont déjà pris leur place pour le spectacle du Cirque du Soleil en tournée à Bangkok en juin. La référence mondiale en la matière, aussi bien pour l’excellence de la performance physique et artistique que pour la dimension poétique et créatrice que le nouveau cirque propose, contrairement aux images d’Epinal du cirque d’antan, à l’otarie au ballon ou au lion au cerceau.
Maquillages improbables, cils de libellule, transsexuel en talons aiguilles rouges qui monte à la corde, enfant-lapin en équilibre sur un fil, musique métal suivie de « New York, New York » : tous les univers se côtoient. H.M., un père français, attend son épouse thaïe et ses deux filles de 11 et 17 ans à la sortie des loges. « Elles adorent ça. Depuis deux ou trois ans, elles viennent régulièrement au centre », confie-t-il. A presque 50 ans, la mère a encore la souplesse de ses filles lorsque, dans les airs, elles volent en cadence.
Devant l’engouement du public pour cette discipline, de nombreuses salles de sport et studios de danse se sont équipés en crochets, cerceaux et autres rubans suspendus, tandis qu’écoles et centres fleurissent un peu partout à Bangkok et dans tout le royaume, comme le Bangkok Space For Circus Art (BSFCA), l’Aerial Factory Bangkok, le Circus Studio à G Village ou encore les trapèzes du Mid Air Circus Arts à Phuket. Une folie des hauteurs qui n’a plus rien d’anodin !
Christelle Célèrier (http://www.gavroche-thailande.com)
Photos : Dilokchai Ratanadilokchai / Kara’s Vic Studio
Cet article est paru dans le Gavroche du mois de mai (n°283), disponible ici
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