L’hebdomadaire Le Point et le site financier Boursorama ont tous deux publié et complété une dépêche de l’Agence France presse sur la présence massive d’investissements chinois en Thaïlande. Pour ces trois médias, tous attentifs à la montée de l’influence de Pékin dans la région, le jugement est sans équivoque: une tentative de colonisation économique est bel et bien à l’œuvre. Nous reproduisons ici l’article cité avec leur aimable autorisation et nous incitons nos lecteurs à consulter les informations disponibles sur leurs sites respectifs.
Après le coup d’Etat de mai 2014 en Thaïlande, les généraux au pouvoir se sont éloignés de Washington et rapprochés de Pékin pour séduire touristes et investisseurs chinois, espérant que ces derniers participent au maximum à un projet d’infrastructures titanesque de près de 40 milliards d’euros.
Aujourd’hui, “la Thaïlande montre des signes d’hyper-dépendance au marché chinois”, dont le tourisme est la partie la plus visible, analyse Michael Montesano, spécialiste du pays à l’institut ISEAS-Yusof de Singapour.
En 2018, la barre des dix millions de touristes chinois a été franchie, sur un total de quelque 40 millions de visiteurs étrangers.
Ceux-ci affluent par bus et charters entiers, notamment pendant la période de Nouvel An lunaire qui vient de s’achever.
La TAT et le ministère chinois de la Culture ont multiplié les évènements culturels pour l’occasion: opéra chinois, acrobates, chanteurs, danseurs…
Les autorités ont vu grand cette année, au-delà des traditionnelles célébrations dans le quartier de Chinatown de Bangkok.
Élite sino-thaïe
La communauté chinoise, qui a immigré au cours des siècles en Thaïlande, est très influente dans le royaume: la minorité sino-thaïe est devenue l’élite économique du pays et des descendants d’immigrés chinois sont à la tête de plusieurs grands groupes.
Malgré cette proximité historique et géographique avec Pékin, Bangkok s’était affichée au cours du XXe siècle comme un allié de Washington, notamment pendant la guerre du Vietnam où la Thaïlande lui servait de base arrière.
Le royaume accueille ces jours-ci l’opération Cobra Gold, un des plus importants exercices militaires de l’armée américaine en Asie.
Mais avec la junte, le curseur s’est nettement déplacé vers Pékin.
Au cœur du mouvement, le titanesque projet d’infrastructures baptisé «Eastern economic corridor» (EEC).
Ce plan ambitieux des autorités thaïlandaises prévoit notamment le développement de hubs technologiques et d’une voie de chemin de fer à grande vitesse. Coût global: près de 40 milliards d’euros.
Plusieurs pays européens, les États-Unis, la Corée du Sud ou le Japon sont courtisés par Bangkok pour investir dans l’EEC.
La junte militaire thaïlandaise a réussi à convaincre de la pertinence du projet Jack Ma, le fondateur d’Alibaba (mastodonte de la vente en ligne), qui a investi l’an dernier plus de 300 millions d’euros dans l’EEC et s’est rendu à Bangkok pour l’annoncer.
L’été dernier, la capitale thaïlandaise a aussi accueilli plus de 500 responsables économiques chinois, leur faisant visiter les lieux pressentis pour développer l’EEC.
Plus d’infos sur Le Point et sur Boursorama.
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Collaboration: Georges Santin
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