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Thaïlande, manifestations : le point sur la situation à Bangkok

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 09/12/2013
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17h30 – Alors que la nuit va bientôt tomber sur Bangkok les manifestants commencent à partir dans le calme, sans effusion de joie ou de sifflets, comme si leur équipe avait fait un bon match qui s’était soldé par un nul. À la sortie, chacun achète un drapeau ou un ruban aux couleurs du pays en souvenir de cette journée mémorable.

 

17h – Un pays deux gouvernements ? Suthep, le leader du comité du peuple pour la réforme de la démocratie, a annoncé la victoire devant des milliers de manifestants réunis près du Palais du gouvernement. Il devrait annoncer dès ce soir comment le comité allait mettre en place son plan d’action alors que le gouvernement de Yingluck est toujours en place et assurera l’intérim suite à la dissolution du Parlement ce matin jusqu’à de nouvelles élections prévues le 2 février prochain.

 

16h – Le leader de la manifestation est finalement arrivé plus tôt que prévu après une longue marche qui aura duré sept heures. Suthep devrait s’adresser dans l’heure à venir à la foule massée autour du palais du gouvernement qui attend patiemment la suite sous un soleil de plomb. Difficile de dire ce qu’ont décidé les leaders, alors que les forces de l’ordre ne sont pas disposées à intervenir et que le gouvernement n’a fait aucune nouvelle déclaration.

 

15h – Malgré la chaleur et le manque de place pour circuler la foule est toujours aussi nombreuse autour du Palais du gouvernement et dans le quartier proche du monument de la démocratie et de Khaosan Road. Suthep, le leader des opposants au gouvernement, est parti ce matin du complexe gouvernemental à Changwattana pour rejoindre le centre de Bangkok ou l’attendent ses supporters. Ceux-ci risquent de patienter encore un peu a l’allure ou marche la procession… On l’espère avant la nuit. Depuis l’intervention de Yingluck ce matin pour annoncer la dissolution du Parlement, aucune nouvelle déclaration officielle n’a été faite. Le gouvernement par intérim garde le contrôle des opérations. Aucun incident n’est a déplorer jusqu’à maintenant alors qu’environ 200 000 personnes participent à la manifestation. Bangkok compte 10 millions d’habitants. Le pays fonctionne a l’heure actuelle normalement, en dehors des problèmes de circulation occasionnés par la manifestation. Les touristes sont invites par les ambassades étrangères et le gouvernement a éviter les lieux de rassemblement dans le quartier historique de Bangkok. Wat pho et Siam Museum, ainsi que le quartier touristique de Khaosan Road ne sont pas concernés par la manifestation. L’accès par la route est difficile. Il est conseillé d’emprunter les navettes fluviales a partir de la station de BTS Thaksin. Les visiteurs ne courent actuellement aucun danger, la manifestation étant pacifiste et les forces de l’ordre peu présentes a l’exception du palais du gouvernement.

 

12h – Difficile de donner une estimation du nombre de manifestants qui continuent d’affluer vers le siège du gouvernement : entre 150 000 et 200 000 peut-être, dont la moitié sont des femmes. Les camions à plate-forme transportant les leaders de la manifestation arrivent difficilement à se frayer un chemin parmi la foule. Derrière les grilles du Palais, la présence policière reste discrète. Aucun manifestant n’a pour le moment tenté d’y pénétrer.

 

11h – Il est maintenant impossible d’approcher du siège du gouvernement alors que des dizaines de milliers de personnes marchent de toutes parts. L’avenue Phetchaburi est noire de monde sur trois kilomètres.

 

10h – Déjà plusieurs milliers de personnes se trouvaient ce matin dès 8 heures devant le siège du Gouvernement, alors que des dizaines de milliers d’autres manifestants convergent en ce moment même vers le lieu de rassemblement. Yingluck Shinawatra vient d’annoncer la dissolution du Parlement. Mais ses opposants veulent plus.

 

Drapeaux thaïlandais levés, sifflets à la bouche, marchant par petits groupes, s’arrêtant pour une photo souvenir, ils arrivent de toutes les directions d’un pas rapide avant de se fondre dans la foule qui forme déjà une masse compacte autour du Palais du gouvernement, dans le quartier historique de Bangkok, dont l’accès est fermé par des grilles, des murets en béton et plusieurs rangées de barbelées. Mais la présence des forces de l’ordre se fait discrète, et seules quelques dizaines de policiers anti-émeutes sont visibles.

 

Les manifestants ne sont pas venus cette fois en découdre avec la police. Leur but : obtenir sous la pression populaire le départ du gouvernement, ce qu’ils n’ont pas encore réussi à faire depuis le début des troubles politiques qui déchirent le pays depuis un mois.

 

Mais les esprits peuvent vite s’échauffer, à voir les cris et le mouvement de foule qui ont accompagné le bruit d’un pétard lancé en direction des forces de l’ordre.

 

Des Thaïlandais démarqués ce matin par bus du sud du pays, mais aussi de Korat et d’autres grandes villes de province, rejoignent la manifestation en suivant sagement leurs leaders. Le trafic commence à être chaotique autour du quartier. Les véhicules transportant les manifestants cherchent à les déposer au plus près du lieu de rassemblement et se retrouvent invariablement bloqués.

 

Suthep, le leader su mouvement, est en marche lui aussi. Parti du complexe gouvernemental de Changwattana, il devrait arriver en milieu de matinée. Sous le coup d’un mandat d’arrêt pour insurrection avec neuf autres leaders du mouvement de rébellion, il sont entourés et protégés d’une improbable arrestation par des milliers de manifestants.

 

Supporté par le parti d’opposition Démocrate, dont les députés viennent de démissionner en masse hier du Parlement, l’opposition a appelé tous les Thaïlandais qui ne veulent pas « finir esclaves pour le restant de leur vie » à les rejoindre ce matin pour renverser le régime Thaksin, du nom de l’ex-Premier ministre en exil et frère de Yingluck Shinawatra, renversé par un coup d’Etat en 2006 et condamné à deux ans de prison pour corruption.

 

La cheffe du gouvernement a finalement annoncé tôt ce matin à la télévision la dissolution de l’assemblée et appelé à de nouvelles élections qui devront se tenir avant 60 jours. « Le gouvernement actuel assurera l’intérim », a cependant précisé Yingluck et à ce titre à l’autorité « d’appliquer les lois qui lui sont conférées ».

 

Un geste qui ne suffit pas à ses opposants qui veulent maintenant forcer les autorités à rendre les armes et les clés du pouvoir, sans gouvernement intérimaire, ni de nouvelles élections législatives, afin d’instaurer ce qui ressemble à une dictature civile provisoire dirigée par un Conseil du peuple chargé de réformer le système politique et d’écarter définitivement la famille Shinawatra et leurs « associés ».

 

Cette journée de manifestations, et les troubles politiques qui déchirent actuellement le pays semblent donc loin d’être terminés.

 

Philippe Plénacoste

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