Ce mardi 8 avril, le tribunal provincial de Phitsalukok a refusé la libération sous caution de l’universitaire américain Paul Chambers, accusé de crime de lèse-majesté et d’infraction à la loi sur la cybercriminalité. Il va être placé en détention provisoire.
Le tribunal accuse Paul Chambers « d’avoir publié sur le site web de l’Institut d’études de l’Asie du Sud-Est de l’Université de Singapour (ISEAS) un article en lien avec un webinaire en octobre 2024 sur les remaniements militaires annuels » a déclaré son avocat, Akarachai Chaimaneekarakate, responsable du plaidoyer pour TLHR (Thai Lawyers for Human Rights).
Article jugé diffamant pour le roi.
L’avocat a ajouté que Paul Chambers « niait toutes les accusations et n’avait ni rédigé, ni publié l’article sur le site internet de l’ISEAS ». Le tribunal a rejeté sa libération sous caution, car « en tant qu’étranger, il y avait un risque de fuite ». L’équipe juridique de Paul Chambers, avec l’assistance des services consulaires des États-Unis, ont immédiatement demandé une deuxième libération sous caution et vont interjeter appel auprès d’une juridiction supérieure. L’universitaire risque une peine de 3 à 15 ans de prison au titre de l’article 112 du code pénal ou crime de lèse-majesté.
Une décision qui va ternir l’image internationale de la Thaïlande
Ces accusations portées contre le chercheur Paul Chambers sont clairement une menace pour la liberté académique en Thaïlande. Depuis plus de trente ans sur le sol thaïlandais, son expertise sur les relations civilo-militaires est unanimement reconnue. En portant plainte contre Chambers, le commandement de la troisième région militaire du royaume va entraîner « un coût élevé pour l’armée car cela attirera le type d’attention et de surveillance internationale que l’armée veut éviter »a déclaré Thitinan Pongsudhirak, politologue à l’Université de Chulalongkorn.
Rappelons que la Thaïlande est régulièrement interpellée lors des Examens périodiques universels des Nations-Unies sur l’application de l’article 112. Qui jusqu’alors touchait rarement les étrangers mais était utilisé pour réprimer les militants prodémocratiques thaïlandais favorables à une réforme de la monarchie depuis l’été 2020. Les institutions internationales, l’Union Européenne et les pays occidentaux en général demandent de façon récurrente l’abolition de l’article 112 en Thaïlande.
Philippe Bergues
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