L’utilisation des canons à eau pour disperser les manifestants vendredi 16 octobre à Bangkok a entrainé de vives réactions parmi les organisations de défense des droits de l’homme. Selon Amnesty International, «la force excessive utilisée pour disperser les manifestations pacifiques de ce soir était injustifiée et ne respectait en aucune façon les principes de légalité, de nécessité et de proportionnalité, comme le prétendent les autorités thaïlandaises».
En réponse à la dispersion des manifestants par la police thaïlandaise qui utilise des canons à eau avec des irritants et des colorants, la directrice régionale adjointe des campagnes d’Amnesty International, a déclaré que «l’utilisation de canons à eau et d’irritants ne présente pas seulement un risque sérieux de blessure, l’utilisation de colorants est aveugle et pourrait conduire au ciblage et à l’arrestation arbitraire de manifestants pacifiques, de journalistes, ou simplement de résidents locaux qui ont été marqués avec le colorant».
Dans le cadre du contrôle des assemblées, les autorités thaïlandaises devraient respecter, protéger et garantir l’exercice des droits de l’homme des organisateurs et des participants. Elles doivent également assurer la sûreté et la sécurité des journalistes, des observateurs et des autres membres du public qui observent les manifestations.
Nous exhortons les autorités thaïlandaises à respecter leurs obligations internationales et à faciliter le droit de réunion pacifique explique Amnesty. Elles doivent laisser les manifestants pacifiques exprimer leurs opinions – et ne pas exacerber davantage les tensions.
Contexte
En prévision des manifestations prévues au carrefour de Ratchaprasong à 17 heures aujourd’hui, après le rassemblement d’environ 10 000 personnes au même endroit la veille, la police a fermé les routes et établi des barricades avec plusieurs rangées de barbelés afin d’empêcher les gens de se rassembler pacifiquement au carrefour central de Bangkok.
Les manifestants ont ensuite annoncé un autre point de rassemblement plus loin sur la même route, au carrefour de Pathumwan. Plus tard dans la soirée, la police a utilisé à plusieurs reprises des canons à eau pour tenter de disperser la foule, estimée à plusieurs milliers de personnes.
Selon un porte-parole de la police, sept manifestants ont été arrêtés et mis en détention. Le porte-parole a confirmé que l’eau contenait des irritants et de la teinture bleue” pour marquer les manifestants en vue d’une poursuite judiciaire”.
Kitti Pantapak, un journaliste de Prachathai a été arrêté, son matériel a été confisqué et il est actuellement détenu, selon une déclaration de Prachathai.
Interdiction des rassemblements pendant trente jours
Le jeudi 15 octobre 2020, les autorités thaïlandaises ont ordonné une interdiction de 30 jours des rassemblements de cinq personnes ou plus à Bangkok, la capitale, dans le cadre de mesures d’urgence pour mettre fin à l’escalade des protestations. L’ordonnance interdit également la publication de nouvelles ou de messages en ligne qui “pourraient créer la peur”, affecter la sécurité nationale ou nuire au moral du public.
Amnesty International a qualifié l’ordonnance de “drastique” et a réitéré son appel aux autorités pour qu’elles libèrent les manifestants pacifiques et lèvent les restrictions arbitraires à la liberté d’expression et de réunion pacifique.
Chaque semaine, recevez Gavroche Hebdo. Inscrivez vous en cliquant ici.