Une analyse politique de Philippe Bergues

Son discours de politique générale au Parlement à peine terminé, la Première ministre Paetongtarn Shinawatra s’envolait vers Chiang Rai pour faire face aux inondations catastrophiques en cours dans la région. Accompagnée par les vice-Premiers ministres Phumtham Wechayachai et Suriya Juangroongruankit pour faciliter les efforts de secours et montrer de la compassion envers les populations. « Ung Ing », surnom de la fille cadette de Thaksin, est apparue émotionnellement touchée par le paysage gravement inondé de la région de Chiang Rai. Les attentes vis-à-vis de la jeune cheffe de gouvernement sont grandes, tant sur le plan national que sur le plan local, victime de ces inondations dévastatrices.

Un discours de politique générale dans la continuité de Srettha Thavisin

« Le gouvernement doit accélérer la création d’opportunités et assurer l’égalité économique en résolvant la crise de la dette, en réduisant le coût de la vie, en augmentant les revenus et en s’attaquant aux problèmes qui affectent la sécurité sociale » a déclaré Paetongtarn devant les parlementaires. Elle a priorisé 10 points, qui ont été ensuite critiqués par le Parti du Peuple, nous le verrons, en voici l’ordre :

1- restructurer l’ensemble du système de la dette
2- promouvoir les petites et moyennes entreprises
3- réduire les coûts de l’énergie et des services publics
4- générer de nouveaux revenus en intégrant l’économie informelle et souterraine dans le système fiscal
5- stimuler l’économie grâce à un programme de portefeuille numérique
6- adapter l’agriculture aux techniques modernes
7- Promouvoir le tourisme
8- résoudre les problèmes liés à la drogue de manière décisive et compréhensive
9- traiter d’urgence les problèmes de criminalité
10- promouvoir le développement social et le bien-être social

Paetongtarn a déclaré que « pour assurer le développement continu du pays à moyen et long terme, le gouvernement s’appuiera sur le développement des secteurs de la production et des services, en augmentant la compétitivité pour jeter les bases du développement national futur ». En utilisant la technologie, avec pour but « de sortir rapidement la Thaïlande du piège du revenu intermédiaire et de développer son rôle d’acteur écologique sur la scène mondiale » a-t-elle ajouté.

Les critiques du Parti du Peuple : du déjà-vu qui se révèle inefficace

La députée du Parti du Peuple, Sirikanya Tansakul, a déclaré lors du débat qui a suivi la déclaration politique du gouvernement de coalition, qu’une grande partie de ce qui a été annoncé différait de ce que le Parti Pheu Thai avait promis pendant la campagne électorale (de 2023) tout en étant similaire à la vision récemment exposée par le chef de facto du parti, Thaksin Shinawatra. (lors de l’événement « Vision for Thailand 2024 », l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra a présenté sa vision économique pour le pays, s’adressant à un large public composé de ministres, de chefs d’entreprise et de cadres).

Et Sirikanya a ajouté « que dans son ensemble, la déclaration de politique générale n’est pas différente de celle de l’ancien Premier ministre Srettha Thavisin, la portée étant large et les objectifs peu clairs », tout en soulignant une différence : il n’y a aucune mention du projet de portefeuille numérique de 10 000 bahts, le gouvernement étant interrogé pour savoir s’il le mettait toujours en œuvre. Le vice-Premier ministre et ministre des Finances, Pichai Chunhavajira, a déclaré plus tard que la première série de distribution de portefeuilles numériques de 10 000 bahts atteindrait 14,2 millions de « groupes fragiles » de personnes le 25 septembre, avec un total de 140 milliards de bahts distribués.

Le porte-parole du Parti du Peuple, Parit Wacharasindhu, a déclaré que « même si un nouveau gouvernement a été formé, il est toujours dirigé par les mêmes partis politiques et par les mêmes familles ». Une accusation de népotisme impossible à contredire avec la fille de Thaksin, le frère de Thammanat Phromphao et la fille de Chada Thaiseth présents dans ce gouvernement.

Pour autant, la coalition majoritaire, renforcée par l’apport des Démocrates, semble actuellement totalement à l’abri d’une censure.

Philippe Bergues

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