Le 19 mai 2010, l’armée thaïlandaise donnait l’assaut contre les «chemises rouges» rassemblées au centre de Bangkok. Une poignée de leurs anciens dirigeants ont organisé une cérémonie religieuse dans un temple mardi 19 mai, marquant le 10e anniversaire de la répression militaire contre leurs partisans, qui a fait environ 90 morts.
Les militants Jatuporn Prompan, Worawut Wichaidit, Ari Krainara et une poignée de leurs partisans ont fait l’aumône aux moines et prié pour les victimes à Wat Nuan Chan, dans le nord de Bangkok. M. Jatuporn a déclaré qu’il “cherche la vérité” depuis dix ans, même s’il est pleinement conscient que justice ne sera pas rendue.
“La vérité est qu’il s’agit du combat le plus meurtrier pour la démocratie en Thaïlande”, a déclaré M. Jatuporn. “Au cours des 10 dernières années, les Redshirts ont vécu humblement parce que nous savons qu’il n’y a pas moyen de se battre. Nous ne pouvons que chercher la justice, mais elle ne sera pas rendue”.
Il a poursuivi : “J’ai souligné aux familles des défunts que leurs enfants, parents et proches sont des martyrs. Ils ne sont pas des terroristes”.
Pas de poursuites
Jatuporn, qui a dirigé les manifestations anti-gouvernementales il y a 10 ans, condamne également les campagnes menées par la faction pro-gouvernementale pour dépeindre les manifestants comme des terroristes.
L’ancien leader des Redshirts a déclaré qu’une enquête sur l’ancien Premier ministre Abhisit Vejjajiva et son adjoint Suthep Thaugsuban concernant leurs ordres de répression meurtrière n’est pas encore terminée.
“Abhisit et Suthep n’ont jamais été traduits en justice”, a déclaré M. Jatuporn. “L’affaire doit être suivie par la Commission anti-corruption. Il est bien connu que si l’affaire doit passer par la commission anti-corruption, alors elle sera terminée car ils décideront unilatéralement que les dirigeants ne sont pas coupables”.
La cérémonie de cette année a été réduite par rapport à ce que les organisateurs avaient prévu à l’origine en raison de l’épidémie de coronavirus. Le rituel devait se dérouler dans un temple de Bangkok où sont enterrées les cendres des chefs de la révolte démocratique de 1932.
Des manifestants en chemise rouge, pour la plupart des partisans de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, ont organisé des rassemblements prolongés à Bangkok en mars 2010, demandant au gouvernement soutenu par l’armée de convoquer de nouvelles élections.
Une opération militaire visant à faire disparaître la manifestation en avril de cette année-là a fait des dizaines de morts. Le 19 mai, une attaque plus importante contre le campement des Chemises rouges a mis fin aux manifestations, mais a coûté la vie à environ 90 personnes, dont des civils et des agents de sécurité.