Imaginer que la liberté actuelle qui règne en Thaïlande sur les réseaux sociaux pouvait perdurer en période d’effervescence politique était une redoutable erreur. Sans surprise, les autorités thaïlandaises commencent à restreindre l’accès à certains forums utilisés par les protestataires anti-gouvernement. Exemple: les relations désormais tendues entre Facebook et l’administration, suite à la menace brandie de poursuites contre le géant de l’internet pour délit de lèse majesté.
L’information a été révélée par le quotidien britannique The Guardian.
Selon ce dernier, Facebook a suspendu un groupe de plus d’un million de membres après avoir été menacé par le gouvernement thaïlandais pour avoir violé les lois locales sur la diffamation du monarque au pouvoir.
Ce groupe, appelé “Royalist Marketplace”, avait été créé en avril 2020 par l’universitaire Pavin Chachavalpongpun, un critique du gouvernement thaïlandais et du roi Maha Vajiralongkorn. Lundi 24 août, l’accès à ce groupe depuis la Thaïlande a été restreint sur la base d’une demande légale du ministère thaïlandais de l’économie et du numérique.
Amende d’environ 6 300 dollars par jour
Le 10 août dernier, le gouvernement avait donné à Facebook deux semaines environ pour se conformer à son ordre de retrait sous peine d’une amende d’environ 6 300 dollars par jour en vertu de la loi sur la criminalité informatique du pays, une loi controversée adoptée en 2016.
“Notre groupe fait partie d’un processus de démocratisation, c’est un espace de liberté d’expression”, a déclaré M. Pavin dans un entretien avec Reuters. “En faisant cela, Facebook coopère avec le régime autoritaire pour entraver la démocratie et cultiver l’autoritarisme en Thaïlande”.
Réponse avant tout économique
Le géant américain a de son coté apporté une réponse avant tout économique, même si les formulations employées soulignent l’autoritarisme des mesures prises.
“Après un examen minutieux, Facebook a déterminé que nous sommes obligés de restreindre l’accès aux contenus que le gouvernement thaïlandais a jugé illégaux. Des demandes comme celle-ci sont sévères, contreviennent au droit international des droits de l’homme et ont un effet paralysant sur la capacité des gens à s’exprimer”, a déclaré un porte-parole de Facebook.
“Nous travaillons pour protéger et défendre les droits de tous les internautes et nous nous préparons à contester légalement cette demande. Des actions gouvernementales excessives comme celle-ci sapent également notre capacité à investir de manière fiable en Thaïlande, notamment en maintenant un bureau, en protégeant nos employés et en soutenant directement les entreprises qui dépendent de Facebook”.
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