La décision du parti thaïlandais Raksa Chart de désigner la soeur ainée du monarque Rama X comme candidate au poste de premier ministre en vue des élections du 24 mars prochain a des allures de séisme politique. Nous reproduisons ici l’article du magazine américain Time qui redit le contexte de cette nomination controversée.
Cet article a initialement été publié par Time Magazine.
La sélection de la princesse Ubolratana Mahidol par le parti thaïlandais Raksa Chart Party marque un réalignement choquant de la politique thaïlandaise en liant la sœur aînée du roi à la machine politique de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, longtemps considérée comme opposée à la monarchie.
L’affrontement est patent avec le candidat préféré de l’armée, considéré comme l’une des institutions les plus royalistes de la Thaïlande.
Le Premier ministre actuel, Prayuth Chan-ocha, qui a dirigé le coup d’Etat de 2014 qui a renversé le dernier gouvernement thaïlandais, a accepté ce même vendredi sa candidature au poste de président du prochain gouvernement par le parti Palang Pracharat, largement considéré comme un substitut de l’armée.
La princesse Ubolratana, 67 ans, est le premier-né de quatre enfants de feu le roi Bhumibol Adulyadej et de la reine Sirikit, dont le roi actuel est le deuxième.
En 1972, son père l’a pratiquement désavouée lorsqu’elle a épousé un Américain, étudiant au Massachusetts Institute of Technology.
Ils se sont installés aux États-Unis où elle et son mari, Peter Jensen, ont eu trois enfants.
Après un divorce, elle est revenue définitivement en Thaïlande en 2001.
Depuis lors, elle s’est lancée dans des œuvres caritatives, en particulier dans sa fondation «To Be No. 1» pour lutter contre la toxicomanie chez les jeunes.
Elle soutient aussi fréquemment le tourisme et le cinéma thaïlandais dans les forums internationaux.
En général, comme la plupart des membres de la famille royale, elle s’est publiquement éloignée de la tourmente politique récente de la Thaïlande.
Pendant la majeure partie du règne de Bhumibol de 1946 à sa mort en 2016, le monarque révéré et humble était une force stabilisatrice dans la politique thaïlandaise.
L’attitude de l’actuel souverain, dont le couronnement est prévu le 6 mai, sera désormais suivi de très prés après l’annonce de l’entrée de sa sœur dans l’arène politique siamoise, toujours encadrée par la loi très stricte et fort répressive sur le crime de lèse-majesté.
Chaque semaine, recevez Gavroche Hebdo. Inscrivez vous en cliquant ici.