Cette thèse est celle de quelques analystes étrangers, dont Mathis Lohatepanont de l’Université du Michigan, qui vient d’écrire un article sur le site East Asian Forum dont nous vous recommandons la lecture. Difficile toutefois de tirer les mêmes conclusions que cet observateur, tant les réalités électorales sont différentes entre le pays et sa capitale. Nous reproduisons ici des extraits traduits de son essai.
Le 1er juin 2022, Chadchart Sittipunt a officiellement pris ses fonctions de gouverneur de Bangkok. Ce faisant, il est devenu la première personnalité identifiée au camp de l’opposition thaïlandaise à accéder à un poste exécutif de premier plan depuis le coup d’État militaire de mai 2014.
Chadchart a remporté une victoire écrasante le 22 mai 2022, terminant premier dans chaque district de la capitale et recueillant plus de 50 % des voix contre au moins six autres principaux prétendants. Le Parti démocrate, un partenaire de la coalition qui a remporté les quatre dernières courses au poste de gouverneur, a vu son candidat arriver loin derrière. Pendant ce temps, le gouverneur nommé par le régime, Aswin Kwanmuang, a terminé à la cinquième place.
La piètre performance des candidats pro-gouvernementaux lors de cette élection s’explique en partie par des carences individuelles de campagne. Les démocrates, par exemple, ont vu leur élan sapé par des gaffes et des allégations de harcèlement sexuel contre l’ancien chef adjoint du parti, Prinn Panitchpakdi.
Cette élection a confirmé Bangkok comme bastion du sentiment anti-gouvernemental. Chadchart a réussi en conservant la loyauté des électeurs du parti d’opposition Pheu Thai, tout en se présentant comme indépendant. Cela l’a aidé à attirer des électeurs modérés qui, autrement, n’auraient peut-être pas voté pour un candidat lié à l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, une figure profondément polarisante à laquelle le Pheu Thai est inextricablement lié aux yeux du public.
La question la plus immédiate est maintenant de savoir si Chadchart peut travailler avec le gouvernement actuel, qui est dirigé par le chef du coup d’État devenu Premier ministre civil Prayut Chan-o-cha.
Sa première rencontre avec le Premier ministre en juin s’est également déroulée à l’amiable. Mais il a également exprimé ouvertement son antipathie pour l’administration Prayut. Chadchart a récemment déclaré publiquement qu’il attendait patiemment sa revanche depuis le coup d’État qui l’avait démis de ses fonctions de ministre des Transports.
Même si Chadchart finit par travailler en harmonie avec le gouvernement, son élection présentera toujours des défis au Premier ministre Prayut. La personnalité accessible du nouveau Gouverneur contraste fortement avec le ton militaire et le tempérament capricieux du Premier Ministre. Chadchart s’est également révélé être un opérateur médiatique avisé avec une influence numérique et des médias sociaux, à la suite de quoi peu de politiciens se rapprochent.
La question de savoir si la popularité actuelle de Chadchart durera . Autre sujet: les pouvoirs et le budget dont dispose la mairie sont limités, ce qui peut entraver la capacité de Chadchart à concrétiser ses priorités politiques. (…)
Au niveau national, les partis d’opposition peuvent avoir du mal à utiliser le manuel Chadchart pour gagner des voix. Les candidats ne peuvent pas se présenter de manière indépendante aux élections générales, et le Pheu Thai et le parti progressiste Move Forward ne pourront pas se débarrasser de leur bagage partisan pour attirer les électeurs au centre de la même manière que le nouveau gouverneur.
Il est indéniable que la victoire de Chadchart donne un élan aux forces anti-gouvernementales alors qu’elles se préparent à affronter les prochaines élections.
[…] Chadchart est devenu la première personnalité de l’opposition thaïlandaise à accéder à un poste de premier plan depuis le coup d’État — À lire sur http://www.gavroche-thailande.com/thailande-politique-le-nouveau-gouverneur-de-bangkok-incarne-t-il-la-rele… […]