Le groupe ultraroyaliste Thai Pakdee a annoncé à la mi janvier son intention de devenir un parti politique. Warong Dechgitvigrom, son fondateur est connu pour être celui à qui le Rama X a chuchoté des remerciements devant le Palais royal le 2 novembre 2020. Une analyse de Philippe Bergues.
Ce mouvement des «thaïlandais loyaux» est né pour mener la contre offensive face au mouvement pro-démocratie. Le premier ministre Prayuth ne voulait pas amplifier de façon démesurée la violence répressive contre les manifestants de la part de la police royale pour ne pas être mis au ban des accusés de la communauté internationale (ONG humanitaires et chancelleries). La présence des « ligues » de Thai Pakdee – tout de jaune vêtus dans les rassemblements du mouvement #FreeYouthThailand, avait aussi pour objectif de montrer qu’un grand nombre de thaïlandais étaient restés fidèles à la couronne.
« Un parti de combat » selon Warong Dechgitvigrom
Alors pourquoi avoir transformé le groupe Thai Pakdee en parti ? Avec comme seul mot d’ordre de combattre pour la monarchie, Warong Dechgitvigrom se verrait-il comme le nouveau Suthep Thaugsuban en 2013-2014 ? Rappelons que le mouvement crée par le politicien sudiste, ex dirigeant du parti démocrate, le PDRC (« People’s Democratic Reform Comitee ») fut à l’origine du renversement de Yingluck Shianawatra et de son gouvernement par un coup d’État militaire. Warong a en tout cas enregistré son parti auprès de la commission électorale et ses cadres dirigeants ne sont pas encore connus. Il a déclaré « qu’il s’opposerait aux rivaux politiques de son parti constitués du Move Forward, du Progressive Movement et de la horde aux trois doigts » c’est-à-dire des entités fondées par Thanathorn et son successeur Pita Limjaroenrat en tant que leader politique du Parti de l’Avenir et en allusion au signe anti-dictature popularisé par la jeunesse.
Sans réel autre programme que celui de protéger et de combattre pour la monarchie, le parti Thai Pakdee va, de fait, « ramener la monarchie dans la sphère politique » estime le juriste Piyabutr Saengkanokkul, co-fondateur du Future Forward Party et banni, comme Thanathorn, d’activités politiques en février 2020. Un pari politique risqué en cette période d’utilisation massive de l’article 112 sur le crime de lèse majesté pour étouffer la contestation.