Vous ne suivez pas l’actualité thaïlandaise au jour le jour ? Vous savez juste que le royaume est toujours dans l’attente d’un premier ministre depuis les législatives du 14 mai remportées par le parti Move Forward ? Alors voici un bon récapitulatif des manœuvres en cours. A lire…
Arrivé largement en tête des élections et disposant du plus gros groupe à l’Assemblée (151 députés), le parti réformiste Move Forward (MFP) a été bloqué aux portes du pouvoir le mois dernier par les sénateurs, triés sur le volet par l’armée, en raison de son programme jugé trop hostile aux élites militaro-royalistes.
Alliés hier, opposés aujourd’hui…
L’ancien principal allié du MFP au sein d’une coalition pro-démocratie, le Pheu Thai (141 députés) a annoncé lundi avoir conclu un accord avec un important parti issu du gouvernement pro-militaire sortant, le Bumjaithai (71 députés).
Le Pheu Thai, derrière lequel le MFP s’était rangé après l’échec de Pita, a finalement exclu le parti de sa coalition la semaine dernière et a entamé des discussions avec l’ensemble du spectre politique, y compris certains partis ayant participé au coup d’État de 2014, s’attirant les foudres de la sphère pro-démocratie.
Le Pheu Thai a expliqué sa stratégie par le refus de l’ensemble de ses partenaires potentiels de participer à un gouvernement incluant le MFP.
L’exclusion du MFP, qui a refusé d’abandonner son projet de réformer la stricte loi de lèse-majesté, était une des conditions posées par le Bumjaithai, important allié des militaires dans le gouvernement sortant, pour rejoindre une coalition menée par le Pheu Thai.
Anutin, chef des intrigues
Le chef du Bumjaithai est le charismatique ministre sortant de la Santé, Anutin Charnvirakul, initiateur de la récente légalisation du cannabis dans le royaume.
“Nous voudrions remercier Bhumjaithai d’avoir accepté l’invitation afin que nous puissions sortir de cette impasse politique”, a déclaré Chonlanan Srikaew, le chef du Pheu Thai lors d’une conférence de presse commune avec Anutin.
Selon Chonlanan, les deux partis détiennent ensemble 212 sièges et vont chercher le soutien d’autres partis pour former un gouvernement.
Tout tourne autour des Shinawatra
Le Pheu Thai est un poids lourd de la politique thaïlandaise, dirigé en sous-main par la famille Shinawatra qui compte deux anciens Premiers ministres évincés par des coups d’État en 2006 et en 2010.
Pour pouvoir former un gouvernement, il faut non seulement obtenir le soutien de l’Assemblée (500 députés) mais aussi du Sénat, constitué de 250 personnalités triées sur le volet par l’armée.
Le candidat du Pheu Thai pour le poste de Premier ministre est l’homme d’affaires Srettha Thavisin. La date du vote des deux chambres n’est encore fixée.
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